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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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concernant le moment où ils avaient forcé la porte. Corbett savait instinctivement que ces hommes n’étaient pas des menteurs et qu’ils n’avaient aucun lien avec Duket ou Crepyn bien qu’ils les connussent. C’était là trois artisans complètement déroutés qui avaient tenté de faire leur devoir, mais qui avaient échoué dans des circonstances hautement mystérieuses, car tous les trois juraient que personne n’avait pénétré dans l’église et qu’ils n’avaient entendu aucun bruit provenant de l’intérieur pendant toute leur veille.
    Satisfait, Corbett retourna chez le coroner pour présenter une certaine requête à cet officiel, à présent agacé et perplexe, qui bien sûr s’offusqua de ladite requête. Mais après que Corbett eut exposé ses raisons et brandi l’ordre de mission de Burnell, il l’accepta à contrecoeur et envoya un serviteur porter un message au Guildhall {16} . Il dit à Corbett que cela prendrait quelque temps, aussi Corbett décida-t-il d’aller jeter un coup d’oeil aux boutiques et aux étalages de Cheapside.
    Ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’il revint chez le coroner où il trouva devant la porte deux solides gaillards portant bêches et pioches et arborant des mines longues d’une aune. À l’intérieur, le coroner fabriquait une pâte à l’odeur pestilentielle, tandis qu’à ses côtés un grand jeune homme au visage grêlé et blafard encadré par des cheveux graisseux lui tombant sur les épaules semblait sur le point de défaillir. Le coroner le présenta comme étant Stephen Novile, bailli de justice de la cité, et, sans plus de façons, les poussa dehors. Le bailli parut soulagé de s’en aller, malgré son apparente méfiance à l’égard de Corbett.
    — Vous savez ce que vous faites, Messire ?
    La voix était haut perchée, presque une voix de crécelle.
    — Oui, répliqua Corbett. Je veux que vous et vos hommes, dit-il en désignant les ouvriers au visage fermé, vous m’emmeniez à l’endroit de la fosse commune où a été enterré Duket. Je suis en mission officielle, poursuivit-il d’un ton sec. C’est le corps d’un suicidé et donc nous ne profanerons pas une terre consacrée. Le coroner vous a envoyé chercher tous les trois, car, si j’ai bien compris, c’est vous qui avez été chargés de l’enterrement, n’est-ce pas ?
    Le bailli fit signe que oui, les lèvres pincées, son regard fuyant et larmoyant incapable de soutenir celui de Corbett. Il appela ses hommes d’un claquement de doigts et tous quatre remontèrent Cheapside, passèrent les abattoirs et Newgate, puis franchirent les vieux remparts de la cité.
    Le bailli tourna alors à droite et descendit Cock Lane, un sentier étroit et défoncé avec une rigole au milieu. C’était un endroit bien connu pour ses prostituées, dont beaucoup se tenaient à présent dans l’ombre des portes, outrageusement maquillées et les cheveux teints. Vêtues de couleurs voyantes, rouge et orange, elles racolaient les passants avec des propositions plus obscènes les unes que les autres. L’une d’elles apparemment reconnut le bailli et leur emboîta le pas pendant un bref instant en décrivant de façon détaillée les prouesses au lit dudit bailli qui, écarlate de colère et de gêne, glapissait d’indignation. Corbett s’efforça de dissimuler un sourire et d’ignorer l’amusement évident des deux hommes de peine qui auraient encouragé la fille à continuer si le bailli ne leur avait pas jeté un regard noir.
    Ils arrivèrent enfin devant le grand fossé qui longeait le rempart. De vingt pieds de large, et d’une profondeur inconnue, ce fossé servait d’égout et de fosse à purin depuis l’époque du roi Jean l’Angevin {17} . La puanteur était indescriptible, et Corbett se couvrit immédiatement le nez et la bouche du revers de sa cape. Le fossé était rempli de détritus gelés par l’hiver et Corbett ne pouvait qu’imaginer ce que cela devait être en plein été. Le bailli, lui, s’était muni d’un tissu trempé dans du vin qu’il tenait sous son nez, tandis que ses deux hommes, apparemment indifférents à tout cela, longeaient plusieurs fois le fossé et essayaient de situer, en se parlant et en maugréant, l’endroit exact où avait été enterré Duket.
    Corbett n’enviait pas leur tâche, le fossé était plein d’immondices — déjà il voyait un rat tirer et ronger quelque chose couvert de boue. C’est ici qu’on jetait

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