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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ses pieds comme un idiot de village. La jeune femme se tourna vers le géant qui se tenait encore dangereusement près de Corbett.
    — Peter, lança-t-elle, tu peux t’en aller. Je ne pense pas que Messire Corbett soit venu m’arrêter. Je suis sûre de n’avoir rien à craindre, mais j’ai l’impression que Messire Corbett, lui, ne se sent pas autant en sécurité.
    Sa douce ironie fit reprendre ses esprits et son assurance à Corbett.
    — Madame, dit-il, je suis venu vous poser quelques questions. Je suis chargé d’une enquête...
    Lisant la moquerie dans ses yeux, il ne poursuivit pas. Alice lui fit signe de s’asseoir sur l’un des bancs qui faisaient toute la longueur de l’immense table. Il s’exécuta, conscient que Peter, le géant, était silencieusement renvoyé dans la grand-salle de la taverne. Corbett fixa le grain délicat de la table. Il se sentait intimidé et incapable d’ouvrir la bouche, et brûlait de désir d’admirer encore ces grands yeux noirs. Il était attiré par cette femme comme un cerf assoiffé et poursuivi est attiré par la source d’eau claire et murmurante. Il entendit s’éloigner les pas du géant et la regarda à nouveau. Ses yeux n’étaient pas noirs, mais bleu sombre et entourés de petites rides nées du sourire.
    — Madame, réussit-il à dire, que savez-vous de la mort de Lawrence Duket ?
    Les lèvres pincées sous l’effort de la réflexion, Alice le regarda avec étonnement.
    — Que devrais-je en savoir, Messire ? rétorquat-elle. Je suppose que vous avez appris que je connaissais Duket et Crepyn. Mais je n’ai rien à voir avec la mort de l’un ou de l’autre. Devant le calme et l’assurance de la jeune femme, Corbett entreprit de réaffirmer son autorité en adoptant un ton de brusquerie officielle. Après tout, cette femme n’était qu’une aubergiste !
    — Madame, s’écria-t-il sèchement, on dit que vous étiez la maîtresse de Crepyn et que c’est vous qui avez provoqué la querelle fatale qui l’a opposé à Duket. Alice-atte-Bowe regarda Corbett d’un air éberlué avant d’éclater d’un rire en cascade évoquant des perles tombant d’un coffre.
    — Messire Corbett, j’étais l’amie et non la maîtresse de Crepyn ; quant à Duket, il ne m’aimait pas ni n’aimait aucune femme.
    Ses paroles ramenèrent Corbett à la réalité. Il se rappela les propos similaires tenus par Jean Duket. Alice, qui l’observait attentivement, sembla deviner son changement d’humeur, et redouta alors le danger que représentait cet esprit curieux échappant aux sortilèges qu’elle avait si adroitement jetés. Elle posa une main ornée de dentelle sur le poignet de Corbett et c’est alors qu’il s’aperçut qu’elle portait des gants de belle soie noire et fine. Elle vit son étonnement et en rit.
    — Messire Corbett, ne soyez pas surpris. Je suis une dame et porte ces gants pour me protéger les mains. Les mains d’une dame ne doivent-elles pas être douces et lisses comme soie ?
    Corbett acquiesça, mais répliqua sans réfléchir :
    — Cependant, Madame, il serait mieux qu’elles fussent nues, comme la vérité.
    Il sentit la main de la jeune femme sur son poignet comme un charbon ardent brûlant sa chair. Il eut peur tout d’un coup, comme le nageur qui, perdant pied, va s’abandonner au courant trop fort et se laisser emporter au gré des eaux. Il retira brusquement sa main — Madame, savez-vous quelque chose sur la mort de l’un ou de l’autre ?
    Elle courba la tête et, de ses mains gantées, caressa la surface polie de la table.
    — Bien sûr, répondit-elle le plus naturellement du monde. Ces deux hommes ont mangé et bu ici plus d’une fois. J’étais l’amie des deux et la maîtresse d'aucuns.
    — Pourquoi avez-vous dit que Duket n’était pas attiré par les femmes ? poursuivit Corbett.
    Elle haussa les épaules.
    — C’était ainsi, répliqua-t-elle. Duket ne me faisait jamais de compliments comme les autres hommes et je ne l’ai jamais vu en compagnie d’une femme.
    — Était-ce un sodomite ? demanda Corbett.
    — Non, Messire Corbett. Je ne le crois pas. Pourquoi ? En êtes-vous un ?
    L’impertinence de la question l’ulcéra et il sentit le sang lui monter aux joues et lui brouiller la vue.
    — Madame, dit-il d’un ton cassant, vous vous oubliez !
    — Messire, rétorqua-t-elle, les yeux à présent brillants et pleins de courroux, vous venez chez moi et suggérez que je

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