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Septentrion

Septentrion

Titel: Septentrion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Calaferte
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de ce membre qui vous manque. Ne changez surtout rien à vos habitudes. Je veux vous contempler et m’emparer de vous telles que vous êtes depuis toujours dans l’embrun de ma mémoire, avec vos lignes lascives, sveltes, cette fourche magique ondulant sous le cerceau du ventre. Assises des hanches où le monde a dormi. Je me suspendrai des lèvres une dernière fois à la chair blanche de vos mamelles et peut-être leur soutirerai-je à la fin une goutte d’un lait d’éternité. Flexibles, chaudes et légères, éperonnées de pleine jeunesse, pourprées, sexuelles, vierges des noces crépusculaires. Ou vous autres aussi, femmes du dernier déclin, écartées du désir, venez sans honte, je prendrai sous mes doigts le semblant de vos corps délabrés. Le sexe est un royaume aveugle. Et que s’approchent aussi parmi vous les mortes de tous les âges, venant m’offrir, muettes, au sortir de la terre, ce qu’il restera d’elles. Quand ce ne serait qu’une poignée de cendres.
    Lie et semence, vous m’appartenez toutes ! De droit divin. Je roulerai sur vous mon plaisir ignoble, mes envies cachées, couvert de notre écume. Je m’enduirai de vous, noyé, morve, sang et salive, enfoui et m’asphyxiant volontairement sous la rosace molle de vos cons déployés. Venez, que nous transgressions ensemble la Loi sacrée des Tables, précipités dans l’orgie et dans le sacrilège, le Mal et le blasphème ancrés au cœur, installés pour notre délire au-dessus des abîmes sur un lit de serpents emmêlés.
    Que m’était-il donc arrivé depuis la dernière fois ? Celle-ci ou celle d’avant.
    Une seule certitude : je n’avais pas avancé d’un pas. Il se pouvait que j’eusse changé d’emploi deux ou trois fois. Remercié çà et là. Congédié. Disons saqué comme un malpropre avec perte et fracas au moment où je m’y attendais le moins, en raison de mes absences de plus en plus fréquentes. Vacant.
    Tout indiqué pour me risquer une fois encore à l’harmonium. C’est entendu, mais toutefois conviendrai t -il de choisir dans le répertoire du grand clavier. Quelle berceuse entonner qui ne brise point la pâle mélancolie de ce beau soir d’automne encapuchonné d’or ? Quelque chose comme : Surtout ne couds rien pour moi, maman, ou alors : Il y a si longtemps que je n’ai vu Jésus sur son trône.
    Pourquoi ne pas carrément donner dans le plain-chant et m’en tenir à l’époque déjà lointaine où Nora entre en scène par l’escalier de secours ? De toute façon, elle bondit toujours aux premiers sons de la gamme chromatique. Quelques mesures pour rien, et nous voilà dans le ton.
    Mlle Van Hoeck, la Hollandaise mystique dotée d’un superbe vagin taillé dans la masse, chaudron de forge au gabarit inégalable. Capable, pour des raisons inconnues, de vous ordonner sèchement d’avoir à vous retirer sans barguigner davantage au moment où l’on venait de trouver la position idéale, rabattant ses cuisses et vous laissant dans la chambre, pieds nus sur le tapis, la queue au vent, encore humide de tout ce bon jus épais dont elle regorgeait. Prenant un plaisir pervers à vous contempler dans cette posture délicate et humiliante qui évoquait pour elle toutes sortes d’animaux prétendus lubriques.
    Sur quoi, le sarcasme à la bouche, elle fonçait dans la pièce à côté ou dans les toilettes et allait se finir elle-même avec le doigt. En râlant. Une louve.
    Séances impayables dans la mesure où l’on connaissait les revirements subits de Mlle Nora, la Hollandaise inconstante. La tactique se résumait à ne pas se frapper pour si peu, à prendre une cigarette orientale dans le coffret de nacre, à aller la fumer sur le divan, la trique toujours en l’air, et à attendre son retour sans impatience, en songeant aux conquêtes de Gengis Khan ou à la jeunesse d’Augustin suivant ses penchants personnels.
    Elle ne tardait pas à revenir. À surgir. Les yeux glauques. Les yeux fauves. Le visage décomposé. Elle montrait les dents. Serrées. La bouche tendue. Le bas-ventre secoué de tremblements cocasses à observer de sang-froid. Se tenant les flancs à deux mains comme si elle redoutait un mauvais tour de la part de ses ovaires, par exemple de les voir brusquement jaillir sur le plancher ciré et exécuter le saut de la puce. Elle avançait sur vous, un pas après l’autre. Glissait, pour mieux dire. Marche solennelle. Ses cuisses pesantes. Rondes. Circulaires. Pavane

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