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Septentrion

Septentrion

Titel: Septentrion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Calaferte
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faune marine. Cartilages ensanglantés, dressés en rangs compacts au bord de l’escarpement de gouffres caoutchoutés, spongieux, qui absorbent, pompent, refluent, épanouis et profonds comme un regard de bête morte. Cette mâchoire, cette mâchoire utérine, avide et insatiable, sécrétant l’iode et le sang. Cette fente, cette cicatrice effilée qui ne s’écarte jamais que sur un monstrueux sourire sans fin. Noir. Béant. Un sourire édenté. Étrangement lascif. Peut-être n’y a-t-il rien d’autre au bout de notre inquiétude, et pour toute réponse, que l’incoercible hilarité muette de cet orifice gluant. Rien de plus que ce que l’on trouve sous la jupe d’une fille après tant et tant de questions chimériques. Car, finalement, ce ne sont que ces deux lèvres hypocritement pincées que l’on y découvre, stupéfait, déçu, que l’on apprend alors à séparer l’une de l’autre pour y enfouir son plaisir, son vice ou sa lassitude, besognant dans ce fouillis mouillé aux proportions assouplies, élastiques comme celles d’un royaume de rêve, baigné, du rose incarnat au pourpre noir, dans l’extraordinaire alchimie des couleurs charnelles. Lotissement baroque où tout pénètre. Du sexe mâle en érection jusqu’à l’aiguille à tricoter. Le tuyau caoutchouc. Les dix doigts. Le coton. La poussière et le vent. La petite vague d’eau tiédie. L’éponge. Les linges et la sonde. Et la langue. Caressante et dure. Et enfin tout ce qui est cylindrique. Et mat. Et doux. Terre ésotérique où tout se confond, se perd, se dilue, détruit, consumé par un brasier intense qui, dans l’amour, s’allume et incendie, saccage de fond en comble cette citadelle délicate, la tient tordue, arquée sous une longue morsure et, brusquement, l’abandonne, d’un coup, pantelante.
    Et c’est finalement une belle duperie métaphysique. Un tour de passe-passe. De main de maître. C’est la mort. La vie. C’est quoi ? Un monde de démence. Fou. Fou à lier. Apocalyptique. À l’image du cerveau. Prestidigitation. Mystification. Il n’en reste rien que la solitude et la mélancolie acide. Tout est toujours à recommencer.
    Combien de vies possibles avec toutes ces femmes ? Ce qu’il y a d’avenir irréalisable dans les regards croisés. Venez, venez à moi, toutes, du fond des fonds de la conscience lubrique, que je touche enfin, que je broie le cristal de vos corps. Et que vos corps m’assoiffent. Et que vos corps m’abreuvent. Venez, que nous roulions ensemble dans cet enfer de l’envie. Accouplés dans l’ordure. Vos visages étincelants de vice. Nous sèmerons partout cette lèpre de rut et partout, pas à pas derrière nous, le monde infesté croulera, prostré dans la désolation. Venez, venez à moi, accouchant s’il le faut de vous-mêmes, vos vagins éclatés. Je trancherai de mes dents le cordon, vous apportant la vie nouvelle consacrée aux offices de tous les désirs. J’irai boire en rampant. Me laver à vos sexes. Laper entre vos cuisses. M’y saouler ivre mort. Je suis le Dieu démiurge. L’Ange Souteneur. Ma Sainte Face s’imprègne sur le linge des règles. Une musique de sperme, obsédante, caramélisée, crève comme une bulle à ras de terre. M’accorderez-vous cette danse ? Nous tournons envoûtés sur nous-mêmes, dans la chaudière des matrices depuis le tout début des temps sous le regard complaisant du divin Créateur, nos sexes engrenés, purulents, écrasés de douleur et de bien-être. De chaque ovaire en combustion s’échappent les bouffées courroucées de cette musique spasmodique, les notes frappées, une à une, violentes, sur des chapelets de glandes pinéales écorchées jusqu’au sang. Rêve de nitroglycérine. Chaque ovaire est une petite piste lustrale bondée de danseurs nains anthropophages qui se dévorent entre eux dans le silence d’un coït étouffant. Nous sommes tassés, hilares, sur l’escalier roulant de la nymphomanie héréditaire. C’est l’ascension du ciel. Le déclin ici-bas. Ma verge droite, enflée, est un charbon ardent. Pierre angulaire de la continuité. Flambeau écarlate. Venez, rien qu’une toute petite fois encore ! Nous reposerons ensuite, bienheureux, sur l’épaule des archanges, nos vies blanchies, lavées, car au-delà c’est la Clémence. Juste une dernière fois ! Serviles, esclaves, venez toutes, à genoux, humblement, vous soumettre à l’homme, dans la beauté simple de vos instincts, à la recherche

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