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Septentrion

Septentrion

Titel: Septentrion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Calaferte
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rompant d’avec un charme, elle redevenait sans transition la femme acariâtre et autoritaire qu’elle était en réalité. Une emmerdeuse grand format. Métamorphose à vue. Son personnage de jouisseuse exceptionnelle se dissolvait dans l’atmosphère avec le dernier hurlement de joie sexuelle.
    La première fois que j’en fis l’expérience, un dimanche après-midi, jour entre tous inoubliable, j’en fus tellement sidéré que je me laissai traiter par elle comme si je venais de perdre mon pucelage, encore tout ébloui de cette révélation. La garce en profita outre mesure. À peine avais-je achevé de me rajuster qu’elle me poussait presque par les épaules vers l’escalier, m’invitant à repasser la voir dès que j’aurais du temps libre.
    Je me rappelle, comme si c’était hier, la quinte de rire qui me secoua de la tête aux pieds en rentrant chez moi par les rues presque désertes, assez tard dans la soirée, mon petit instrument tout endolori par l’usage immodéré qu’elle en avait fait. Je me remémorai la scène plusieurs fois, du commencement à la fin. Je trouvais merveilleux que cette aventure me fût arrivée, à moi, précisément. Mlle Nora Van Hoeck, avec sa démence ovarienne et cette inépuisable citerne de foutre qu’elle semblait avoir en réserve quelque part dans le ventre, était à mon sens le spécimen qui me convenait on ne peut mieux. En attendant de passer à autre chose. Ce trou, ce trou démesuré qu’elle avait entre les jambes. Comme un bec de pélican. Ou une poche vide de kangourou. Un médaillon en sautoir. Exotique en tout cas. Je n’étais pas loin de croire que cette femme m’avait été tout spécialement destinée. Faveur d’exception au catalogue génital.
    Il me fallut ce soir-là un certain laps de temps avant de me souvenir qu’au moment où je l’avais rencontrée, le matin même vers midi, je m’étais formellement promis de trouver dans la journée le montant de ma note d’hôtel que je devais régler le lendemain dernier carat. C’est ce motif et rien de plus qui m’avait entraîné chez elle, le reste ne s’imposant que par contrecoup. J’avais cru flairer la catégorie de femmes sur la quarantaine qui ne rechignent pas trop à ouvrir leur sac si on le leur demande amicalement au saut du lit, à l’issue du premier service. M’étant laissé aller à la surprise, les choses avaient pris une tournure imprévue. Et à présent, gros Jean, battant la semelle, n’ayant pas le premier sou de la somme, il devenait délicat de rentrer à l’hôtel, de passer devant le patron, molosse grincheux qui voyait déjà d’un sale œil les affaires me concernant. Linge lavé dans le lavabo, cuisine sur le réchaud à alcool et ribambelles de filles que je parvenais à faire monter chez moi et qui, malgré mes recommandations instantes, se foutaient à couiner comme des petits lapins quand elles étaient suffisamment échauffées, tapant du pied contre la cloison qui bordait le lit à une place. On n’avait jamais tout à fait fini lorsque le patron alerté accourait au pas de gymnastique dans le couloir, hors de lui, frappant à coups redoublés. Les voisins de l’étage ouvraient discrètement leurs portes sur notre passage, moi accompagnant bravement la fille qui n’avait généralement pas eu le temps de se recoiffer, et le patron nous escortant, deux pas derrière, menant un foin de tous les diables. Baiser devenait un casse-tête chinois.
    Déductions faites, il m’apparut que, d’une façon comme de l’autre, la situation se trouvait dans une impasse.
    Mlle Van Hoeck s’en était somme toute tirée à bon compte. Je ne risquais pas grand-chose à retourner sur mes pas, pressentant sans déplaisir qu’il me faudrait l’entreprendre à nouveau, et vivement, si je voulais repartir de chez elle le lendemain matin argent en poche. Savoir comment elle envisagerait les choses me réjouissait par avance. Quelle tête va-t-elle faire en me revoyant si vite ? Et si elle n’était pas seule ? Si elle refusait de m’ouvrir ? Chemin faisant je préparais mes batteries. Si besoin était, je passerais la nuit à l’attendre sur son palier, mais elle ne se débarrasserait pas de moi avant que je lui aie arraché ce qu’il me fallait, plus peut-être un supplément pour le dérangement. Si c’est du pénis frais et vigoureux que vous voulez pour votre usage intime, qu’à cela ne tienne, mais n’oubliez pas que chaque chose a son prix en

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