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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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prépare ses repas et elle fait sa lessive.
    — Cet homme était-il un domestique ?
    Alfred haussa les épaules.
    Convaincue qu’elle ne tirerait rien de plus du garçon, Léonie le renvoya.
    — Irez-vous, madama ? demanda Marieta.
    Léonie réfléchit. Elle avait encore énormément à faire avant leur départ. Mais elle ne pouvait croire que le curé Gélis lui aurait envoyé une telle missive sans une bonne raison. C’était un dilemme.
    — J’irai, trancha-t-elle après un moment d’hésitation. Demande à Pascal de me rejoindre devant la maison avec le cabriolet, immédiatement.
     
    Ils quittèrent le Domaine de la Cade à 15 h 30.
    L’air était chargé de l’odeur des feux d’automne. Des brins de buis et de romarin étaient fixés aux cadres des portes des maisons et des fermes devant lesquelles ils passèrent. Aux intersections, des autels improvisés avaient été édifiés pour la Toussaint. D’anciennes prières et invocations griffonnées sur des lambeaux de papier ou d’étoffe y étaient déposées en offrande.
    Léonie savait que déjà, dans les cimetières de Rennes-les-Bains et de Rennes-le-Château, comme dans toutes les paroisses de la montagne, des veuves voilées vêtues de crêpe noir s’agenouillaient sur la terre humide, priant pour la délivrance de ceux qu’elles avaient aimés. Plus encore cette année, à cause du fléau qui s’abattait sur la région.
    Pascal poussait les chevaux ; la vapeur montait de leurs dos par bouffées et leurs naseaux se dilataient dans l’air froid. Malgré cela, il faisait presque nuit quand ils eurent parcouru la distance qui séparait Rennes-les-Bains de Coustaussa et négocié le chemin très escarpé qui menait de la route principale au village.
    Léonie entendit sonner quatre heures dans la vallée. Laissant Pascal garder le cabriolet et les chevaux, elle traversa à pied les rues désertes. Coustaussa était minuscule, à peine une poignée de maisons, sans café ni boulangerie.
    Léonie trouva sans mal le presbytère, adjacent à l’église. Il n’y avait aucun signe de vie à l’intérieur. Elle ne distinguait pas de lumière dans la maison.
    Avec un sentiment d’inquiétude croissant, elle frappa à la lourde porte. Personne ne répondit. Elle frappa un peu plus fort.
    — Monsieur le curé ?
    Au bout d’un moment, Léonie décida d’aller voir dans l’église. Elle contourna l’édifice. Toutes les portes étaient verrouillées. Une lampe à huile crachotante, suspendue à un crochet en fer, jetait une lueur faible.
    De plus en plus impatiente, Léonie se dirigea vers la demeure de l’autre côté de la rue. Elle frappa, entendit des pas traînants, puis une vieille femme fit glisser la grille en fer d’un vasistas.
    — Qui est là ?
    — Bonsoir, dit Léonie. J’ai rendez-vous avec le curé Gélis mais on ne répond pas au presbytère.
    La vieille dame dévisagea Léonie d’un air maussade et méfiant, sans rien dire. Léonie fouilla dans sa poche et en tira un sou, dont la femme se saisit.
    — Ritou n’est pas là, lâcha-t-elle à contrecœur.
    — Ritou ?
    — Le prêtre. Il est allé à Couiza.
    Léonie la fixa.
    — C’est impossible. Je viens de recevoir une lettre de lui, il y a deux heures à peine, m’invitant à passer le voir.
    — Je l’ai vu partir, fit la femme avec un plaisir évident. Vous êtes la deuxième à lui rendre visite.
    Léonie passa les doigts à travers la grille pour empêcher la vieille femme de la refermer, ne laissant qu’un mince filet de lumière s’écouler de l’intérieur de la maison.
    — Quelle sorte de personne était-ce ? Un homme ?
    Silence. Léonie lui offrit une seconde piécette.
    — Un Français, cracha la vieille comme s’il s’agissait d’une insulte.
    — Quand était-ce ?
    — Avant la tombée de la nuit. Il faisait encore jour.
    Perplexe, Léonie retira ses doigts. La grille se referma aussitôt.
    Elle s’éloigna, en serrant sa cape pour se protéger du froid de la nuit tombante. Le temps que le petit garçon se rende de Coustaussa au Domaine de la Cade, le curé Gélis avait peut-être renoncé à l’attendre ; il n’avait pu retarder plus longtemps son départ. Peut-être avait-il été obligé de s’occuper d’une autre affaire urgente ?
    Pressée de rentrer après son déplacement inutile, Léonie sortit du papier et un crayon de la poche de sa cape et écrivit à la hâte un mot au curé, pour lui dire qu’elle

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