Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
Vom Netzwerk:
depuis des années.
    — Je ne suis pas certaine de vous comprendre, monsieur Baillard, dit-elle prudemment.
    — Non, répondit-il doucement, avant de prendre un air plus résolu. Si j’avais su, je n’aurais jamais quitté Rennes-les-Bains. (Il soupira.) Mais j’ai profité de mon voyage pour vous préparer un refuge, à Louis-Anatole et à vous.
    Léonie écarquilla les yeux.
    — Mais j’ai décidé de partir il y a moins d’une semaine, objecta-t-elle. Vous êtes absent depuis dix mois. Comment avez-vous pu…
    Il sourit lentement.
    — Je redoute depuis longtemps que cela ne devienne nécessaire.
    — Mais comment…
    Il leva la main.
    — Vos soupçons sont fondés, madomaisèla Léonie. Victor Constant est bien, en effet, aux environs du Domaine de la Cade.
    Léonie se figea.
    — Si vous avez des preuves, il faut en informer les autorités. Jusqu’ici, elles ont refusé de prendre mes inquiétudes au sérieux.
    — Je n’ai aucune preuve, seulement des soupçons. Mais je suis certain que Constant est ici dans un but précis. Vous devez partir cette nuit. Ma maison dans la montagne est prête à vous accueillir. Je vais indiquer le chemin à Pascal. (Il se tut un instant.) Lui et Marieta – qui est maintenant son épouse, je crois – partiront-ils avec vous ?
    Léonie hocha la tête.
    — Je leur ai confié mes intentions.
    — Vous pouvez demeurer à Los Seres aussi longtemps que vous le désirez. En tout cas jusqu’à ce que vous puissiez rentrer sans danger.
    — Merci.
    Les larmes aux yeux, Léonie regarda tout autour d’elle.
    — Je serai désolée de quitter cette maison, fit-elle doucement. Ma mère et Isolde y ont été malheureuses. Mais malgré les chagrins que j’y ai vécus, je m’y sens chez moi.
    Elle s’interrompit.
    — J’ai une confession à vous faire, monsieur Baillard.
    Le regard du vieillard devint plus perçant.
    — Il y a six ans, je vous ai donné ma parole de ne plus retourner au sépulcre, dit-elle posément, et j’ai tenu ma promesse. Mais quant aux cartes, je dois vous avouer qu’après vous avoir quitté ce jour-là à Rennes-les-Bains… avant le duel d’Anatole…
    — Je m’en souviens.
    — J’avais décidé de rentrer à pied à travers bois pour tenter de retrouver la cachette. Je voulais simplement savoir si je réussirais à dénicher le jeu de tarot.
    Elle dévisagea M. Baillard en s’attendant à ce que la déception, voire le reproche, se peignent sur ses traits. Elle fut étonnée de constater qu’il souriait.
    — Et vous l’avez trouvé.
    — En effet. Mais je vous donne ma parole, s’empressa d’ajouter Léonie, qu’après avoir regardé les cartes, je les ai remises dans leur cachette. (Elle se tut un instant.) Mais maintenant, je ne veux pas les laisser ici. Il pourrait les découvrir et alors…
    Tandis qu’elle parlait, Audric Baillard fouillait dans la poche de son costume blanc. Il en tira un grand carré de soie noire et l’ouvrit. La figure de La Force apparut.
    — Vous les avez ! s’exclama Léonie en s’approchant d’un pas avant de se figer. Vous saviez que je les avais trouvées ?
    — Vous avez eu l’amabilité de laisser vos gants en guise de souvenir. Vous l’aviez oublié ?
    Léonie rougit jusqu’à la racine de ses cheveux cuivrés.
    Il replia le carré de soie noire.
    — Je suis allé les prendre parce que, comme vous, je ne crois pas qu’un homme comme Victor Constant doive posséder les cartes. Et… (il se tut un instant.) Nous pourrions en avoir besoin.
    — Vous m’avez mise en garde contre l’utilisation des cartes, protesta-t-elle.
    — À moins qu’il n’y ait pas d’autre choix possible, dit-il posément. Je crains que cette heure soit arrivée.
    Le cœur de Léonie s’affola.
    — Partons maintenant, tout de suite.
    Elle fut soudain terriblement consciente de la lourdeur de ses jupons d’hiver, de ses bas qui lui grattaient la peau. Dans ses cheveux, les peignes en nacre offerts par Isolde lui mordaient le cuir chevelu comme des dents.
    — Partons. Maintenant.
    Inopinément, elle se rappela le bonheur de ses premières semaines au Domaine de la Cade avec Anatole et Isolde, avant que la tragédie ne s’abatte sur eux. Lors de cet automne 1891, si lointain, c’était la noirceur des nuits qu’elle redoutait le plus, impénétrable et absolue après les lumières éblouissantes de Paris.
    Elle était alors une tout autre femme, une innocente que les ténèbres

Weitere Kostenlose Bücher