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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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était désolée de l’avoir raté. Elle la glissa dans la boîte aux lettres du presbytère et rejoignit rapidement Pascal.
    Pascal poussa encore plus durement les chevaux sur le chemin du retour, mais chaque minute semblait s’allonger à l’infini et Léonie faillit crier de soulagement quand les lumières du Domaine de la Cade apparurent. Le cabriolet ralentit dans l’allée rendue glissante par le givre ; Léonie aurait voulu sauter pour courir devant.
    Quand ils s’arrêtèrent enfin, elle descendit d’un bond pour s’élancer jusqu’à la porte d’entrée, prise d’une peur sans nom et sans visage de ce qui avait pu se produire en son absence. Elle se précipita à l’intérieur.
    Louis-Anatole accourut vers elle.
    — Il est ici ! s’écria-t-il.
    Le sang de Léonie se glaça dans ses veines.
    S’il vous plaît, mon Dieu, non. Pas Victor Constant. La porte claqua derrière elle.

93.
    — Bonsoir, madomaisèla, fit une voix dans l’ombre.
    Léonie crut que ses oreilles la trompaient. Il s’avança pour l’accueillir.
    — J’ai été absent trop longtemps.
    Elle courut vers lui en tendant les bras.
    — Monsieur Baillard, s’écria-t-elle. Vous êtes le bienvenu, vraiment le bienvenu !
    Il sourit à Louis-Anatole qui sautillait à côté de lui.
    — Ce jeune homme s’est très bien occupé de moi. Il m’a fait passer le temps en jouant du piano.
    — Écoute-moi, tante Léonie ! lança Louis-Anatole. J’ai trouvé ça dans le tabouret de piano. Je l’ai appris tout seul.
    Une mélodie obsédante en la mineur, harmonieuse et douce, dont ses petites mains avaient du mal à jouer les accords. Une musique enfin entendue. Jouée, si joliment, par le fils d’Anatole.
    Sépulcre 1891.
    Léonie sentit les larmes lui monter aux yeux. La main sèche d’Audric Baillard saisit la sienne. Ils écoutèrent jusqu’à ce que le dernier accord s’évanouisse.
     
    Louis-Anatole posa ses mains sur ses cuisses, inspira profondément comme s’il écoutait encore l’écho des dernières notes, puis se tourna vers eux, tout fier.
    — Je l’ai répété pour toi, tante Léonie.
    — Vous avez beaucoup de talent, Sénher, dit M. Baillard en applaudissant.
    Louis-Anatole eut un grand sourire.
    — Si je ne peux pas être un soldat quand je serai grand, alors j’irai en Amérique et je deviendrai un pianiste célèbre.
    — De nobles occupations ! s’esclaffa Baillard.
    Puis son sourire s’effaça.
    — Mais maintenant, mon jeune et talentueux ami, je dois discuter avec ta tante de certaines affaires. Tu veux bien nous excuser ?
    — Mais je…
    — Nous n’en aurons pas pour longtemps, mon petit, trancha Léonie. Nous t’appellerons quand nous aurons fini.
    Louis-Anatole soupira, haussa les épaules et, avec un sourire, courut vers la cuisine en appelant Marieta.
    Dès qu’il eut disparu, M. Baillard et Léonie passèrent au salon. Interrogée rapidement et minutieusement, Léonie apprit à son ami tout ce qui s’était produit depuis son départ de Rennes-les-Bains en janvier – le tragique, l’irréel, l’étrange –, y compris ses soupçons quant au retour de Victor Constant.
    — Je vous ai bien écrit pour vous raconter nos problèmes, dit-elle, sans pouvoir masquer son ton de reproche, mais je n’avais aucun moyen de savoir si vous aviez reçu mes lettres.
    — J’en ai reçu certaines, mais d’autres ne me sont pas parvenues, répondit-il, l’air sombre. Je n’ai appris la mort tragique de madama Isolde qu’en rentrant cet après-midi. J’en suis navré.
    Léonie le dévisagea. Il avait l’air frêle et fatigué.
    — Ce fut une délivrance. Elle était malheureuse depuis si longtemps, dit-elle d’une voix douce. Mais dites-moi, où étiez-vous ? Vous m’avez tellement manqué.
    Il joignit les bouts de ses longs doigts fins, comme s’il priait.
    — S’il ne s’était agi d’une affaire de la plus haute importance pour moi, je ne vous aurais pas quittée. On m’avait fait savoir qu’une personne… une personne que j’attendais depuis de longues, de très longues années était revenue. Mais… (il se tut et, dans le silence, Léonie perçut la douleur aiguë affleurant sous ces simples paroles.) Mais ce n’était pas elle.
    Léonie oublia un instant ses préoccupations. Elle ne l’avait entendu mentionner qu’une seule fois cette personne, mais elle avait eu l’impression que la jeune femme dont il parlait si tendrement était morte

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