Sépulcre
Elle respirait toujours, mais elle avait l’air mal en point.
Hal tira son téléphone de sa poche et composa le numéro d’urgence, les doigts tremblants.
— Tout de suite ! hurla-t-il après avoir donné trois fois l’adresse. Oui, elle respire. Mais faites vite !
Il raccrocha, se précipita dans la maison, trouva une couverture sur le dossier d’un canapé et ressortit en courant. Il l’étala précautionneusement sur Shelagh pour la réchauffer. Il savait qu’il ne devait pas essayer de la déplacer. Puis il passa par l’intérieur de la maison pour ressortir. Il se sentait coupable de ce qu’il s’apprêtait à faire, mais il n’avait pas le temps de rester à Rennes-les-Bains jusqu’à l’arrivée des secours. Il devait rentrer à l’hôtel.
Il frappa à la porte d’un voisin. Il expliqua ce qui s’était passé à la femme effarée qui lui ouvrit, lui demanda de demeurer auprès de Shelagh jusqu’à l’arrivée de l’ambulance, puis détala vers sa voiture avant qu’elle puisse protester.
Il fit vrombir le moteur et pressa le pied sur l’accélérateur. Une seule personne pouvait être responsable de cet acte. Il fallait qu’il rentre au Domaine de la Cade. Et qu’il retrouve Meredith.
Julian Lawrence referma brutalement la portière de sa voiture et grimpa quatre à quatre les marches d’entrée de l’hôtel.
Il n’aurait pas dû céder à la panique.
Des gouttes de sueur dégoulinaient sur son visage, imbibant son col de chemise. Il pénétra dans le vestibule d’un pas chancelant. Il devait regagner son bureau et se calmer. Puis décider de ce qu’il allait faire.
— Monsieur ? Monsieur Lawrence ?
Il fit volte-face, le regard un peu embrouillé : la réceptionniste agitait la main.
— Monsieur Lawrence, dit Éloïse avant de s’interrompre. Vous allez bien ?
— Très bien, rétorqua-t-il. Qu’est-ce que c’est ?
Elle cilla.
— Votre neveu m’a demandé de vous remettre ceci.
Julian parcourut en trois enjambées l’espace qui le séparait d’Éloïse et lui arracha le papier des mains. C’était un mot de Hal, bref et expéditif, lui demandant de le voir à 14 heures.
Julian chiffonna le papier.
— À quelle heure vous a-t-il donné ça ?
— Vers 10 h 30, monsieur, juste après votre départ.
— Mon neveu est-il à l’hôtel en ce moment ?
— Je crois qu’il est allé à Rennes-les-Bains un peu avant midi, pour passer prendre la dame qui est venue le voir ce matin. À ma connaissance, il n’est pas encore rentré.
— Et l’Américaine, elle était avec lui ?
— Non. Elle est dans le jardin, répondit Éloïse en jetant un coup d’œil vers les portes de la terrasse.
— Depuis longtemps ?
— Au moins une heure, monsieur.
— Elle a dit ce qu’elle allait y faire ? Où elle allait ? Vous l’avez entendue parler à mon neveu, Éloïse ? Ils se sont dit quelque chose ?
Le regard de la réceptionniste trahissait son inquiétude croissante, mais elle répondit posément :
— Non, monsieur, mais…
— Quoi ?
— Avant d’aller dans le jardin, elle a demandé si elle pouvait emprunter une pelle.
Julian tressaillit.
— Une pelle ?
Eloïse fit un bond en arrière lorsque Julian tapa sur le comptoir, laissant des empreintes de paumes humides sur le bois. Meredith Martin n’aurait pas demandé une pelle si elle n’avait pas eu l’intention de creuser. Et elle avait attendu qu’il ait quitté l’hôtel.
— Les cartes, marmonna-t-il. Elle sait où elles se trouvent.
— Qu’est-ce qu’il y a, monsieur ? fit Éloïse, alarmée. Vous semblez…
Julian ne répliqua rien. Il fit volte-face, traversa le vestibule et ouvrit la porte de la terrasse si violemment qu’elle claqua contre le mur.
— Que dois-je dire à votre neveu lorsqu’il rentrera ? lança Éloïse.
De la petite fenêtre située derrière le comptoir de réception, elle le vit s’éloigner à grandes enjambées. Pas vers le lac, comme l’avait fait M lle Martin plus tôt, mais en direction de la forêt.
99.
Il y avait une allée de cyprès, droit devant, et les traces d’un sentier abandonné. Il ne semblait mener nulle part, mais lorsque Meredith examina plus attentivement le terrain, elle décela les contours d’une fondation, ainsi que quelques pierres cassées. C’étaient les traces d’un bâtiment.
C’est ici.
Serrant contre elle la boîte contenant les cartes, elle s’avança lentement vers
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