Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
Vom Netzwerk:
tombeau où le diable se tenait.
    Sous la gravure, un chiffre romain : XV.
    Léonie regarda plus bas, mais elle ne trouva aucune signature d’artiste, aucune information sur la provenance ni l’origine de la gravure. Un seul mot, un nom, inscrit en majuscules en dessous : ASMODEUS.
    Impatiente de découvrir la suite, Léonie tourna la page. Elle tomba sur une introduction détaillée, expliquant le sujet du livre en lignes serrées. Elle parcourut rapidement le texte en retenant certains mots au passage. Il y était question de démons, de cartes de tarot, de musique… Son pouls s’accéléra, et un délicieux frisson d’horreur la saisit. Alléchée, elle décida de s’installer plus à son aise, descendit de sa tour de bois en sautant d’un bond les dernières marches puis, munie de son précieux volume, alla s’asseoir à la table centrale et s’y plongea.
    Sur les dalles, dans le sépulcre, se trouvait le carré, peint en noir par mes soins plus tôt ce jour-là et qui semblait à présent émettre une lueur diffuse.
    Aux quatre coins du losange, comme les points cardinaux d’une boussole, figurait la note musicale correspondante. C au nord, A à l’ouest, D au sud et E à l’est {2} . À l’intérieur étaient placées les cartes où la vie devait s’insuffler, et dont le pouvoir me permettrait alors de pénétrer dans une autre dimension.
    J’allumai l’unique lampe accrochée au mur , d’où émanait une pâle lumière blanche .
    Aussitôt, le sépulcre parut s’emplir d’un brouillard étouffant qui chassa tout l’air respirable. Le vent aussi affirma sa présence, car à qui d’autre attribuer les notes qui s’égrenaient à présent dans la chambre de pierre, comme le son d’un lointain pianoforte.
    Dans cette atmosphère crépusculaire, les cartes prirent vie, du moins à ce qu’il me sembla. Libérées de leur carcan de pigments et de peinture, elles s’animèrent et foulèrent la terre une fois de plus.
    Il y eut un violent courant d’air et j’eus soudain la sensation que je n’étais plus seul. J’étais certain à présent que le sépulcre était rempli d’êtres, ou plutôt d’esprits, dont je ne saurais dire s’ils étaient humains. Toutes les lois naturelles se trouvaient vaincues. Les entités m’entouraient. Mon être et mes autres êtres, passés et à venir, étaient également présents. Ils frôlaient mes épaules et mon cou, effleuraient mon front, sans jamais me toucher, mais en me serrant de plus en plus près. Ils semblaient voler autour de moi, de sorte que j’avais toujours conscience de leur présence fugace. Pourtant on aurait dit qu’ils avaient du poids et de la matière. En particulier dans l’air au-dessus de ma tête, il y avait un mouvement incessant accompagné de murmures, de soupirs et de pleurs qui me faisait courber l’échine, comme sous le poids d’un fardeau.
    Je compris alors qu’ils ne voulaient pas me laisser entrer, sans que je sache pourquoi. Je savais seulement que je devais regagner le carré, sinon je courrais un danger mortel. Comme j’avançais d’un pas dans sa direction, ils fondirent soudain sur moi en une bourrasque qui me repoussa, hurlante, mugissante, une effrayante mélodie, si je puis l’appeler ainsi, qui semblait résonner à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de mon crâne. Les vibrations me firent craindre que les murs et la voûte du sépulcre finissent par s’écrouler sur moi.
    Je rassemblai mes forces et m’élançai vers le centre du carré, comme un homme qui se noie cherche désespérément à rejoindre le rivage. Immédiatement, une créature dont je sus que c’était un démon, et qui pourtant demeura aussi invisible que ses infernaux compagnons, se jeta sur moi. Je le sentis qui plantait ses griffes dans mon cou, ses talons dans mon dos, je sentis sur ma peau son haleine fétide, et pourtant mon corps demeura intact, sans aucune marque apparente.
    Je levai les bras au-dessus de ma tête pour me protéger, le front ruisselant de sueur. Mes battements de cœur devinrent désordonnés. En proie à un malaise grandissant, tremblant, suffoquant, les muscles tétanisés, je rassemblai ce qui me restait de courage et me forçai encore à avancer. La musique s’amplifiait. J’enfonçai mes ongles dans les fentes des dalles qui tapissaient le sol et, par miracle, réussis à me traîner dans le carré dessiné.
    Aussitôt, un terrible silence s’abattit sur la pièce avec la force

Weitere Kostenlose Bücher