Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
Vom Netzwerk:
refusé jusque-là de révéler à la police quels étaient ses détracteurs, peut-être que cette tragédie lui déliera la langue, remarqua-t-il, et il remua en faisant craquer la chaise sous son poids. N’avons-nous donc aucune idée de l’endroit où il peut se trouver ?
    — Non, monsieur. Nous savons qu’il a quitté Paris il y a quatre jours en compagnie de sa sœur. Un cocher, l’un de ceux qui travaillent régulièrement dans la rue d’Amsterdam, rapporte avoir pris rue de Berlin un homme et une jeune fille correspondant à la description des Vernier, et les avoir conduits à la gare Saint-Lazare vendredi dernier, peu après 9 heures du matin.
    — Quelqu’un les a-t-il vus dans l’enceinte de la gare Saint-Lazare ?
    — Non, monsieur. Les trains partant de Saint-Lazare desservent les banlieues ouest, Versailles, Saint-Germain-en Laye, ainsi que les trains-bateaux pour Caen. Mais ils ont pu descendre n’importe où pour prendre une correspondance. Mes hommes sont dessus. Pour l’instant, ils n’ont rien récolté.
    Laboughe contemplait rêveusement la fumée qui s’échappait de sa pipe. Il semblait se désintéresser de l’affaire.
    — Et vous avez passé le mot à la direction des chemins de fer, je présume ?
    — Oui, aux deux réseaux, grandes lignes et lignes secondaires. Des affiches ont été placardées dans toute L’Île-de-France, et nous vérifions actuellement les listes des passagers pour les traversées de la Manche, juste au cas où ils auraient l’intention de pousser plus loin leur voyage.
    Le préfet se mit péniblement debout. Il fourra sa pipe dans la poche de son manteau, prit son haut-de-forme et ses gants et se dirigea vers la porte en tanguant lourdement.
    Thouron se leva également.
    — Retournez donc voir Du Pont, lui dit Laboughe. C’est notre meilleur candidat, dans cette triste affaire. Même si j’ai tendance à penser que votre appréciation de la situation est la bonne.
    Traversant lentement la pièce en s’aidant de sa canne, il arriva à la porte.
    — Inspecteur ?
    — Monsieur le Préfet ?
    — Veuillez m’informer des derniers développements de l’enquête. Je préfère que ce soit vous qui me teniez au courant plutôt que les feuilles du Petit Journal. Tous ces ragots à sensation ne m’intéressent pas, Thouron. Laissons cela aux journalistes et romanciers à succès. Me suis-je bien fait comprendre ?
    — Parfaitement, monsieur.

36.
    Domaine de la Cade
     
    Il y avait une toute petite clef fichée dans la serrure de la vitrine. Elle était coincée, mais Léonie la fit jouer et elle finit par tourner. Après avoir ouvert la porte vitrée, elle sortit le volume qui l’intriguait.
    Perchée en haut de l’escabeau, elle ouvrit donc Les Tarots. De la couverture reliée s’échappa une odeur poussiéreuse de vieux grimoire. À l’intérieur elle trouva quelques feuillets formant un opuscule plutôt qu’un livre. Huit pages aux contours irréguliers, comme coupées au couteau. Le grain épais et la couleur crème du papier évoquaient une époque sinon antique, du moins ancienne. Le texte était manuscrit, d’une écriture nette et penchée.
    Sur la première page on retrouvait le nom de son oncle, Jules Lascombe, et le titre, Les Tarots , portant cette fois en sous-titre : Au-delà du voile, de l’art musical de tirer les cartes. Dessous figurait un dessin rappelant un huit couché, ou un écheveau de fil. En bas de la page une date était inscrite, sans doute celle de l’année où son oncle avait écrit la monographie : 1870.
    Après que ma mère se fut enfuie du Domaine de la Cade et avant l’arrivée d’Isolde, songea Léonie.
    Le frontispice était protégé par une feuille de papier paraffiné. Léonie la souleva, puis retint une exclamation. C’était une gravure en noir et blanc, celle d’un diable qui narguait le lecteur du haut de la page, d’un regard lubrique et malveillant. Le dos voûté, il avait de vilaines épaules tordues, de longs bras, des griffes en guise de mains et un corps velu qui renforçait son aspect bestial. Sa grosse tête déformée ressemblait plus à une caricature qu’à un visage humain.
    En regardant de plus près, Léonie vit que de petites cornes lui sortaient du crâne, qu’on distinguait à peine. C’était une image hideuse qui n’inspirait que dégoût, mais il y avait pire. Deux personnages, un homme et une femme, bien humains ceux-là, étaient enchaînés au pied du

Weitere Kostenlose Bücher