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Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Titel: Services Spéciaux - Algérie 1955-1957 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Aussaresses
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popularité d’Ali la Pointe l’agaçait, comme elle agaçait naguère Ali Boumendjel.
    De ce fait, le 8 octobre 1957, le bunker d’Ali fut repéré et cerné discrètement. On envoya des sapeurs du génie pour faire une brèche. Le lieutenant plaça une charge trop forte qui pulvérisa le bunker et six maisons voisines. Le corps d’Ali fut identifié grâce au tatouage qu’il avait sur le pied. La jeune étudiante qui vivait avec lui ainsi qu’un garçonnet qui servait d’estafette trouvèrent également la mort dans cette explosion. Cet épisode marqua la fin de la bataille d’Alger.
    C’est à ce moment que Paul Teitgen 85 fit ses comptes et offrit sa démission, qui, cette fois, fut acceptée. Le nombre des arrestations s’était élevé, selon lui, à plus de vingt-quatre mille. En totalisant le nombre des personnes arrêtées au cours de la bataille d’Alger et en retranchant celles qui restaient dmiu lin camps ou qu’on avait vues en sortir, Paul Teitgen conclut qu’il manquait 3 024 personnes.
    À l’automne de 1957, j’ai reçu une affectation à Baden-Baden en qualité d’instructeur d’appui aérien.
    Je suis cependant revenu plusieurs fois en Algérie, sous le prétexte d’organiser des stages. L’ALN avait concentré des forces importantes dans des camps tunisiens implantés près de la frontière algérienne. C’était astucieux, puisque l’autonomie de la Tunisie avait été reconnue par la France dès le printemps 1956. À partir de ces camps, des coups de main étaient lances contre nos positions frontalières. Au début de l’année 1958, deux avions français avaient été abattus par des tirs de DCA et des appelés avaient été massacrés. En représailles, un raid aérien fut organisé de l’autre côté de la frontière le 8 février 1958. C’est à cette occasion que le village tunisien de Sakhiet Sidi Youssef fut bombardé. Cet incident eut des répercussions internationales si désastreuses que la France dut accepter les bons offices américains.
    De ce fait, la frontière était devenue infranchissable et l’ALN avait pu reprendre ses coups de main en toute impunité. Par ailleurs, les forces de l’ALN s’étaient retirées suffisamment loin de la frontière pour se croire à l’abri de toute menace.
    Grâce à la complicité d’un aviateur qui me conduisit discrètement à bord d’un T6 jusqu’à la frontière, avant de pénétrer l’espace aérien tunisien, nous avons pu mener, malgré la DCA, plusieurs nouvelles attaques à la roquette et à la mitrailleuse contre les positions de l’ALN. Officiellement, ces raids n’ont bien entendu jamais existé.
    Babaye s’est marié avec la fille d’un garde champêtre. En 1962, an moment où l’armée française allait partir, ses anciens amis du FLN lui firent savoir qu’ils ne lui en voulaient pas et qu’il devait rester. Mais un colonel de l’armée française l’a forcé à embarquer, lui et sa famille, sur le dernier bateau.
    Kemal Issolah fut reconnu et arrêté par le FLN. Je le fis libérer et exfiltrer grâce à l’aide d’un attaché militaire américain en poste à Alger.
    À l’automne de 1966, après avoir servi d’instructeur à Fort Bening et à Fort Bragg 86 pour les forces spéciales américaines engagées au Vietnam et avoir travaillé à l’état-major, j’ai retrouvé avec émotion mon 1 er régiment de chasseurs parachutistes qui était revenu à Pau, Cette fois j’en prenais le commandement, succédant ainsi à Cockborne et à Prosper.
    Le soir, une fête a été organisée. Alors, j’ai demandé â la musique militaire de jouer pour moi Le Déserteur, la chanson de Boris Vian que je fredonnais onze ans plus tôt en arrivant à Philippeville. J’étais lieutenant-colonel, maintenant, et ma réputation d’original n’était plus à faire. À ma grande surprise, cette initiative n’a choqué personne. Elle a même beaucoup plu aux jeunes officiers, ceux qui n’avaient pas connu l’Algérie
    En les regardant danser, j’ai repensé à El-Halita, à la villa des Tourelles, aux attentats du stade, à Ben M’Hidi, aux réverbères piégés, à Boumendjel, au Casino de la Corniche et à toutes ces nuits.
    Je n’ai pas eu de regrets mais j’ai formé des vœux pour qu’aucun de ces jeunes gens n’ait jamais à faire un jour ce que, pour mon pays, j’avais dû faire, là-bas , en Algérie.

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