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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tim OBrien
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valeur de mon cul posé devant une machine à écrire ou un photocopieur. On avait bien rigolé pendant deux mois en parlant de ce coup de poker.
    Je serre la pince d’Erik dans les chiottes et l’accompagne jusqu’à son bus, où je lui serre encore une fois la pince.

VI

LA FUITE
    Pendant la Session d’entraînement avancé de l’infanterie, le soldat apprend de nouvelles façons de tuer.
    Mines Claymore, pièges, fusil-mitrailleur M-60, lanceur de grenade M-70. Le bon vieux pistolet de calibre .45. Les sergents instructeurs donnent des cours sur le fusil automatique M-16, l’arme de base, au Viêtnam.
    Vue de l’extérieur, la Session d’entrainement avancé ressemble aux classes. Des tonnes de pompes, de cirage de godasses, de stands de tir, de marches en pleine nuit. Mais la SEA, c’est pas les classes. La différence, elle est dans le crâne du nouveau soldat, bien verrouillée au fond de son cerveau, parce qu’il a parfaitement compris cette fois qu’il était à la guerre, que la condamnation ne saurait tarder, qu’elle pourrait pointer son nez à chaque lever de soleil, et parce que cette idée ne le quitte pas de toute la journée.
    Le soldat en Session d’entraînement avancé est condamné, il le sait, et c’est à ça qu’il pense. La guerre, une vraie guerre. Le sergent instructeur nous dit ça pendant qu’on se met en rang, lors de la première revue des troupes : toutes les bites qui pendouillent dans la compagnie sont maintenant transformées en fantassins, des troufions dans l’armée des États-Unis, l’infanterie, reine de la bataille. Pas un cuistot dans toute la bande, pas un employé de bureau ni un mécanicien parmi nous. Et dans huit semaines, continue-t-il, on va tous se retrouver dans un avion qui volera vers une guerre.
    Le gars qui se retrouve en SEA est condamné, il le sait, et c’est à ça qu’il pense. Plus le moindre espoir de devenir un homme de troupe qui va rester bien peinard à l’arrière. Le sergent instructeur nous redit ça pendant qu’on forme les rangs, pendant notre première revue des troupes : toutes les bites qui pendouillent dans la compagnie se sont maintenant transformées en fantassins, des troufions dans l’Armée des États-Unis. Pas de cuistot ni de petit employé de bureau dans toute la bande. Et dans huit semaines, on va tous se retrouver dans un avion, direction le Viêtnam.
    — Je veux pas que vous passiez votre temps à vous morfondre et à fantasmer sur l’Allemagne ou sur Londres, nous dit-il. Même pas la peine d’y songer, parce qu’y a pas moyen. Vous êtes des gars sur pattes, à partir de maintenant, et on n’a carrément pas besoin d’infanterie à Piccadilly ou à Southampton. En plus, le Viêtnam, c’est pas si mal que ça. J’y suis allé deux fois, maintenant, et j’suis toujours en vie, toujours prêt à baiser tout ce qui bouge. Vous, les gars, vous faites gaffe à ce qu’on vous dit pendant l’entraînement, et toutes les bites qui pendouillent dans le coin vont revenir en un seul morceau, vous pouvez me faire confiance. Faites juste gaffe à ce qu’on vous dit essayez d’apprendre quéqu’chose. Le ’Nam, c’est pas si mal que ça, pas si vous avez un peu la tête sur les épaules.
    L’un des bleus lui parle des rumeurs selon lesquelles on va peut-être se faire envoyer à Francfort.
    — Bon Dieu, vous allez entendre ces conneries jusqu’à ce que ça vous foute la gerbe. Toutes les bites qui pendouillent dans le coin foutent le camp au ’Nam, toutes les bonnes grosses bites qui pendouillent dans le coin.
    Il y en a un qui lève la main et qui demande quand on va avoir notre première perme.
    — Bon, fait le sergent instructeur, à la manière d’un prof devant une classe de sixième. Vous avez vraiment de la chance, les gars. Vous avez un chef de compagnie bien carré. Il sait ce que c’est que de finir ses classes, ce qui fait qu’il m’a demandé de vous filer une permission rapido. Alors : bon Dieu de bon Dieu, si vous, les gars, vous faites pas les cons, y aura pas de problème. Allez foutre votre barda dans les dortoirs, astiquez-moi tout ça bien comme il faut, et dans une heure, vous serez à Seattle.
     
    *
     
    À Tacoma, je suis allé à la bibliothèque. J’ai trouvé le Reader’s Guide et j’ai consulté les pages consacrées à l’armée américaine. Dans la partie intitulée « Absence non autorisée et désertion », j’ai trouvé ce que je cherchais. Des

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