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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tim OBrien
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avec Elvira, la belle blonde aux yeux bleus, il a décidé que ses grandes idées ne se réaliseraient jamais. Mais bon Dieu, tuer à cause de la faim, de peur de devoir accepter un boulot de subalterne… Complètement dégoûté, je suis reparti direction le dortoir vide, j’ai foutu par terre les balles de M-16 et les grenades qui se trouvaient sur mon lit de camp et je me suis couché.
    Deux jours plus tard, la compagnie Alpha était de retour à LZ Gator. Les gars étaient tout sales, parlaient fort, proféraient toutes sortes d’injures et avaient bien l’intention de se bourrer la gueule. Ils étaient heureux, froids, et ils n’avaient pas la moindre envie de tchatcher avec moi. Ils ont picolé tout l’après-midi et jusqu’à tard le soir. Il y a eu une bagarre qui s’est conclue par de nouvelles tournées de bière, ils ont fumé de l’herbe et puis ils ont commencé à dormir ou à tomber vers minuit.
    Vers une ou deux heures du mat’ – au début, je croyais que j’étais en train de rêver, et puis je me suis dit que c’était rien de grave –, il y a eu des explosions pas très loin des baraquements. Le sergent-chef déboule dans les dortoirs avec sa lampe de poche :
    — Bon Dieu, sortez de là ! On se fait canarder ! Allez, debout là-dedans !
    Je me dépêche de trouver mon casque. Et puis mon gilet pare-balles. Mes bottes, mon fusil, mes munitions.
    Il fait nuit noire. Ça continue à péter ; ça n’a pas l’air d’être à côté.
    Quand je sors, je vois des fusées qui illuminent la base et les mortiers qui bazardent leurs obus dans les rizières. Je me planque vite fait derrière le hangar en ferraille où ils stockent la bière.
    Personne d’autre ne sort des dortoirs. J’attends, et au bout d’un moment il y a un gars qui sort de là, tout tranquillement, bière à la main. Et puis un autre, lui aussi bière à la main.
    Ils s’assoient sur des sacs de sable, en slip, boivent leur bière et se marrent comme des fous, tout en pointant le doigt vers les rizières et en regardant les explosions de nos obus de mortier.
    En cinq minutes, il y a encore deux ou trois gars qui sortent ; et puis le sergent-chef se met à gueuler. Cinq minutes plus tard, certains gars finissent par sortir et s’assoient à leur tour sur les sacs de sable.
    Les tirs ennemis continuent à pleuvoir. Il y a des explosions de partout. Et la grande majorité des gars de la compagnie Alpha roupille.
    Un lieutenant débarque et dit aux gars de préparer leurs affaires, mais comme personne ne bouge, il laisse tomber et repart dans son coin. Après ça, il y en a qui réussissent à repérer les lumières d’un mortier ennemi.
    Ils installent une mitrailleuse et se mettent à le canarder un peu au-dessus des têtes de tous les mecs de la base d’artillerie.
    Quelques secondes plus tard, le mortier de l’ennemi se remet à tirer. On entend un truc déchirer l’air et l’obus fait un gros trou sur la route, à six ou sept mètres de mon hangar à bières. Des éclats d’obus viennent cogner contre le hangar. Je m’accroche à la Bud et au Black Label, le souffle coupé, et ne pense plus à rien.
    Les gars se mettent à gueuler que les Charlies tirent droit sur notre mitrailleuse, alors tout le monde s’éparpille à toute vitesse, et le tir d’après vient taper encore plus près.
    Le lieutenant se grouille de revenir. Il s’engueule avec un sergent de section, mais cette fois le lieutenant ne lâche pas le morceau. Il nous donne l’ordre de déguerpir de là et d’aller nous planquer sur les bords de la base. Les gars mettent leur casque et prennent leur fusil en grommelant que la compagnie a besoin de repos, que pour du repos, c’est un sacré repos, qu’ils préfèrent encore être dans la jungle, et là, ils suivent le lieutenant, passent devant la cantine et se dirigent vers les bords de la base.
    Trois gars refusent de les suivre et retournent dormir dans les dortoirs.
    Sur les bords de la base, il y a deux soldats morts. Les mitraillettes envoient du douze millimètres dans la jungle et les fusées éclairantes se mettent à illuminer le ciel. Deux ou trois de nos gars, oubliant sans doute qu’on est en pleine guerre, se mettent à courir après les parachutes qui atterrissent autour des bunkers. Les toiles proviennent des fusées éclairantes et ça fera de bons souvenirs.
    Le matin, le sergent-chef nous vire du lit et on fait toute la base à la recherche de cadavres. On trouve

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