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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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ils reprirent le combat, car c’était pour tous
une grande joie que de voir des gentilshommes se conduire de telle
façon. Ils s’assirent donc de commun sur la rambarde de la
poupe ; mais, au moment même où ils levaient les mains pour
recommencer leur lutte, votre père fut frappé par une pierre lancée
par un mangonneau et il mourut.
    – Et Sir Lorredan ? s’écria Nigel.
Il mourut aussi, à ce que j’ai compris.
    – Il fut abattu par les archers, je le
crains, car ces gens adoraient votre père et ne voyaient point ces
choses avec les mêmes yeux que nous.
    – Quel dommage ! Car il est évident
que c’était un vrai chevalier qui s’était battu avec honneur.
    – Il était un temps, lorsque j’étais
jeune, où les gens du commun n’eussent point osé porter la main sur
un tel homme. Les hommes de sang noble et portant armure se
faisaient la guerre entre eux, et les autres, archers et lanciers,
se jetaient dans la mêlée. Mais actuellement, tous sont de
plain-pied et il n’y en a plus qu’un qui parfois, comme vous, mon
cher enfant, me rappelle ceux qui ne sont plus.
    Nigel se pencha un peu plus et lui saisit la
main, qu’il serra dans les siennes.
    – Mais je suis ce que vous m’avez fait,
lui dit-il.
    – C’est vrai ! En effet, j’ai veillé
sur vous, tout comme le jardinier sur les plus belles floraisons,
car c’est en vous seul que résident les espoirs de notre ancienne
maison et, bientôt… très bientôt, vous allez vous trouver seul.
    – Non, bonne Dame, ne dites point
cela !
    – Je suis bien vieille et je sens la
grande ombre de la mort qui se referme doucement sur moi. Mon cœur
ne demande qu’à partir, parce que tous ceux que j’ai connus et
aimés s’en sont allés avant moi. Et pour vous ce sera un jour béni,
car je ne vous ai que trop retenu loin du monde dans lequel votre
esprit courageux ne demande qu’à vous jeter.
    – Non, non, je suis très heureux avec
vous, ici à Tilford.
    – Nous sommes très pauvres, Nigel, et je
ne sais où nous pourrions trouver l’argent nécessaire à vous
équiper pour la guerre. Nous avons cependant de bons amis… Il y a
Sir John Chandos, qui a conquis tant de crédit dans les guerres
contre la France et qui chevauche toujours à côté du roi. Il était
l’ami de votre père car ils furent faits chevaliers ensemble. Si je
vous envoyais à la cour avec un message pour lui, il ferait tout ce
qui est en son pouvoir.
    Une rougeur couvrit le visage de Nigel.
    – Non, dame Ermyntrude. Je veux trouver
mon propre équipement, tout comme j’ai trouvé mon propre cheval,
car je préférerais encore me jeter dans la bataille, revêtu
seulement d’une tunique, plutôt que de devoir quelque chose à qui
que ce fût.
    – Je redoutais de vous entendre parler de
la sorte, Nigel, mais je ne vois point par quel autre moyen nous
pourrions obtenir l’argent. Ah, il n’en était point ainsi du temps
de mon père ! Je me souviens qu’alors une cotte de mailles
n’était que bien peu de chose, et on pouvait l’acquérir à peu de
frais parce qu’on en fabriquait dans toutes les villes anglaises.
Mais, avec les années, depuis que les hommes prennent plus de soin
de leur corps, ils ont ajouté une plate de cuirasse par-ci, une
articulation par-là, et tout doit venir de Tolède ou de Milan, si
bien qu’un chevalier doit avoir du métal plein la bourse avant de
s’en pouvoir appliquer sur les membres.
    Nigel regarda d’un air songeur la vieille
armure suspendue aux solives au-dessus de lui.
    – La lance de frêne est encore bonne,
dit-il, de même que l’écu de chêne bardé d’acier. Sir Roger
Fitz-Alan les a maniés et m’a dit qu’il n’avait jamais rien vu de
meilleur. Mais l’armure…
    Lady Ermyntrude secoua la tête et se mit à
rire.
    – Vous avez la grande âme de votre père,
Nigel, mais vous n’en avez point la puissante carrure ni la
longueur des membres. Il n’y avait point dans l’immense armée du
roi un homme plus grand et plus fort. Aussi son armure vous
serait-elle de peu d’usage. Non, mon fils, je vous conseille,
lorsque le moment sera venu, de vendre votre vieille rosse et les
quelques acres de terre qui vous restent, puis de partir en guerre
dans l’espoir de poser votre main droite sur les fondements de la
bonne fortune de la nouvelle maison des Loring.
    Une ombre de colère passa sur le frais et
jeune visage de Nigel.
    – Je ne sais si nous pourrons retenir
longtemps ces moines

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