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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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autour de lui
mais la femme avait disparu. Elle s’était glissée dans la forêt au
premier coup. L’archer se mit alors à craindre pour son maître qui,
lui aussi, avait peut-être été attiré dans quelque guet-apens. Mais
ses craintes furent de courte durée, car Nigel reparut bientôt,
courant sur la route qu’il avait retrouvée à quelque distance de
l’endroit où il l’avait quittée.
    – Par saint Paul ! s’écria-t-il.
Quel est donc cet homme sur lequel tu es perché ? Et où donc
est la dame qui nous fit l’honneur de nous demander de l’aide. Je
n’ai, hélas, pu retrouver son père.
    – Ne vous en plaignez point, noble
seigneur, répondit Aylward, car j’ai avis que son père doit être le
diable. Cette femme est, je crois, l’épouse de l’Homme sauvage de
Puttenham. Et voici l’homme ! Il a essayé de me fracasser la
cervelle de son gourdin.
    Le hors-la-loi, qui avait ouvert un œil,
regarda d’un air menaçant celui qui l’avait capturé, puis le
nouveau venu.
    – Vous avez de la chance, archer, dit-il,
car j’en suis venu aux mains avec beaucoup d’hommes mais je ne puis
me souvenir d’un seul qui ait eu le dessus sur moi.
    – En effet, vous avez une poigne d’ours,
mais c’était le fait d’un lâche que de détourner mon attention sur
votre femme pour me briser la tête avec votre masse. C’est aussi
une vilenie que de tendre un piège aux passants en leur demandant
secours et en les prenant par la pitié, si bien que c’était notre
bon cœur même qui nous mettait en danger. Le prochain malheureux
qui, lui, aura peut-être réellement besoin d’aide, souffrira à
cause de vos péchés.
    – Lorsque la main du monde entier est
contre vous, répondit le hors-la-loi, il vous faut vous défendre du
mieux que vous le pouvez.
    – Vous méritez certes d’être pendu, ne
serait-ce que parce que vous avez entraîné cette femme, qui est
gentille et douce, dans une vie pareille, fit Nigel. Lions ses
poignets à mes étriers de cuir et nous le conduirons à
Guildford.
    L’archer tira de sa besace une corde d’arc de
rechange. Il avait attaché le prisonnier de la façon que Nigel lui
avait dite, lorsque ce dernier poussa soudain un cri d’alarme.
    – Vierge Marie, où est ma fonte de
selle ?
    Elle avait été coupée par un couteau
tranchant. Seuls restaient les deux bouts d’une courroie. Aylward
et Nigel se regardèrent consternés. Le jeune écuyer brandit les
poings de désespoir et s’arracha les boucles blondes.
    – Le bracelet de Lady Ermyntrude ?
Le hanap de mon grand-père ! J’aurais mieux aimé mourir que de
les perdre ! Que vais-je lui dire ? Je n’oserai retourner
avant de les avoir retrouvés. Ah, Aylward, comment les as-tu laissé
enlever ?
    L’honnête archer repoussa sur la nuque son
casque de fer et se gratta le crâne.
    – Mais je ne savais rien. Vous ne m’aviez
point dit qu’il y avait des objets de prix dans le sac, sans quoi
j’y eusse gardé un meilleur œil. Sans aucun doute, ce n’est point
ce gaillard qui l’a pris puisque je le tenais entre mes mains. Ce
ne peut être que cette femme qui en a profité pour fuir en
l’emportant.
    Nigel arpenta la route en proie à la plus
grande perplexité.
    – Je la suivrais jusqu’au bout du monde,
si seulement je savais où la retrouver. Mais quant à fouiller ces
bois pour l’y découvrir, autant poursuivre une souris dans un champ
de blé. Bon saint Georges, toi qui as combattu et vaincu le dragon,
je te prie, au nom de ce chevaleresque exploit, de me soutenir dans
mes difficultés ! Deux cierges brûleront devant ton autel à
Godalming, si tu me fais retrouver ma fonte de selle. Que ne
donnerais-je pour la ravoir ?
    – Me donneriez-vous la vie ? demanda
le hors-la-loi. Promettez-moi de me laisser vivre et vous aurez
votre fonte, s’il est vrai que c’est bien ma femme qui vous en a
dépouillé.
    – Oh que non ! je ne puis faire
cela, répondit Nigel. Mon honneur serait en jeu, puisque cette
perte m’est personnelle et que ce serait une honte publique que de
vous relâcher. Par saint Paul ! ce serait un acte peu
recommandable que de vous laisser libre de voler des centaines
d’autres personnes.
    – Bon, dans ces conditions, je ne vous
demanderai point de me laisser en liberté. Si vous me promettez
simplement que ma femme sera épargnée, je vous rendrai votre
sac.
    – Je ne puis vous faire pareille
promesse : elle me forcerait à mentir devant le

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