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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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grande
bruyère de Puttenham, suivant un sentier sablonneux qui sinuait
entre les fougères arborescentes et la bruyère, car il désirait
rejoindre la route des pèlerins à l’endroit où elle s’incurvait
vers l’est en arrivant de Farnham et de Seale. Tout en avançant, il
tâtait régulièrement les fontes de sa selle où il avait enfermé,
soigneusement enveloppés, les trésors de Lady Ermyntrude. À
regarder la puissante encolure qui se balançait sur un rythme
allègre devant lui, à sentir l’allure aisée du grand cheval et en
entendant le battement assourdi de ses sabots, il aurait voulu
chanter et crier sa joie de vivre.
    Derrière lui, sur le poney brun qui avait
servi autrefois de monture à Nigel, suivait l’archer Samkin Aylward
qui de lui-même avait pris la charge de serviteur personnel et de
garde du corps. Ses larges épaules et sa gigantesque poitrine
semblaient dangereusement perchées sur le petit animal, mais il
allait l’amble en sifflotant un refrain allègre, le cœur aussi
léger que celui de son maître. Pas un homme qui n’eût un hochement
de tête, pas une femme qui ne sourît au passage du jovial archer
dont la plupart du temps, la tête tournée sur les épaules, le
regard suivait le dernier jupon croisé. Une fois seulement, il
reçut un accueil assez rude, venant d’un homme grand, aux cheveux
de neige et au visage rougeaud qu’ils rencontrèrent dans la
lande.
    – Le bonjour, mon père, cria Aylward.
Comment cela va-t-il à Crooksbury ? Comment se porte la vache
noire ? Et les brebis d’Alton ? Et Mary, la fille de
laiterie, et tous les autres ?
    – C’est bien à toi de poser pareille
question, bon à rien, répondit le vieux. Tu as irrité les moines de
Waverley dont je suis tenancier, et ils veulent me prendre ma
ferme. J’en ai cependant encore pour trois ans et, qu’ils fassent
ce qu’ils veulent, je ne déguerpirai point d’ici là. Mais je
n’aurais jamais cru que je perdrais un jour mon foyer à cause de
toi, Samkin. Et, si grand que tu sois, je saurais bien chasser la
poussière de ce pourpoint vert à coups de branches de noisetier, si
je te tenais à Crooksbury.
    – Dans ce cas, vous le pourrez faire
demain matin, mon père, car je viendrai vous voir. Mais en vérité,
je n’ai rien fait d’autre à Waverley que vous n’eussiez fait
vous-même. Regardez-moi dans les yeux, vieille tête chaude, et
dites-moi si vous seriez resté là à ne rien faire alors que le
dernier Loring – voyez-le s’avancer là-bas, la tête haute et
l’esprit dans les nuages – allait être abattu d’une flèche sur
l’ordre de ce moine plein de graisse. Si vous me dites que vous
l’auriez fait, je vous renie comme père.
    – Non, Samkin, et, s’il en est ainsi,
alors ce que tu as fait n’était peut-être point si mal. Mais il
m’est bien dur de perdre ma vieille ferme, alors que mon cœur est
enterré dans son sol.
    – Allons donc, bonhomme. Vous avez encore
trois ans devant vous et Dieu sait ce qui peut se passer en trois
ans. Avant ce temps, j’aurai été à la guerre et, lorsque j’aurai
forcé un ou deux coffres français, vous pourrez vous acheter votre
bonne terre brune et vous gaudir de l’abbé John ainsi que de ses
baillis. Ne suis-je point un homme tout comme Tom Withstaff de
Churt ? Après six mois, il est revenu avec les goussets pleins
de nobles à la rose et une Française sur chaque bras.
    – Dieu nous garde des femmes,
Samkin ! Mais, s’il y a de l’argent à récolter, il est bien
vrai que tu es capable d’en avoir ta part, tout comme n’importe
quel homme. Mais hâte-toi, mon garçon, ton maître a déjà passé la
croupe de la colline.
    Saluant son père de sa main gantée, l’archer
planta les talons dans les flancs de sa monture et eut tôt fait de
rejoindre Nigel. Après avoir jeté un coup d’œil par-dessus
l’épaule, celui-ci ralentit son allure et attendit que la tête du
poney fût à sa hauteur.
    – N’ai-je point ouï, archer, qu’un
hors-la-loi était en liberté dans cette contrée ?
    – Si, noble seigneur. C’était un serf de
Peter Mandeville. Mais il a brisé ses liens et s’est sauvé dans ces
forêts. Les gens l’appellent l’Homme sauvage de Puttenham.
    – Mais comment se fait-il qu’on ne lui
ait point donné la chasse ? Si cet homme est un tire-laine et
un brigand, ce serait une belle occasion d’en débarrasser le
pays.
    – Les gens d’armes de Guildford ont été
envoyés

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