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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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fer
scintillant derrière les créneaux. Une rangée de masures partait du
portail pour atteindre la rue haute, et la deuxième porte après
l’église de la Trinité était celle de l’orfèvre, Thorold, riche
bourgeois et maire de la ville.
    Thorold contempla longtemps et avec amour les
précieux rubis et le fin travail du hanap. Puis il se mit à
caresser sa barbe florissante en se demandant s’il devait en donner
cinquante ou soixante nobles, car il savait très bien pouvoir les
revendre pour deux cents. Mais s’il en offrait trop, son gain en
serait réduit d’autant. Par contre, s’il en offrait trop peu, ce
jeune homme pourrait fort bien aller jusqu’à Londres avec ces
bijoux : en effet ils étaient très rares et de grande valeur.
Le garçon était mal vêtu et l’anxiété se lisait dans ses yeux.
Peut-être était-il pressé par le besoin et ignorait-il la valeur
réelle de ce qu’il apportait. Le marchand allait le sonder.
    – Ces objets sont vieux et hors de mode,
noble seigneur. Des pierres, je puis à peine dire si elles sont de
bonne qualité ou non, car elles sont ternes et brutes. Si vous ne
me faites point un prix trop élevé, je pourrai les ajouter à mon
stock, bien que cette boutique ait été installée pour vendre et non
pour acheter. Combien en demandez-vous ?
    Nigel, perplexe, arqua les sourcils. C’était
là un jeu dans lequel ni son cœur ardent ni ses membres souples ne
pouvaient lui venir en aide. C’était la force nouvelle dominant
l’ancienne : le commerçant contre le guerrier, l’abaissant,
l’affaiblissant à travers les siècles, jusqu’à en faire son
esclave, son serf.
    – Je ne sais que demander, brave homme,
répondit Nigel. Il ne me sied pas plus qu’à quiconque portant un
nom de marchander ou de lésiner. Vous connaissez la valeur de cet
objet car c’est votre profession de la connaître. Lady Ermyntrude a
besoin d’argent. Il nous le faut pour la venue du roi. Ainsi donc
donnez-moi ce que vous estimez juste et n’en parlons plus.
    L’orfèvre sourit. L’affaire se présentait plus
simple et plus intéressante qu’il ne l’avait cru. Il avait eu
l’intention d’offrir cinquante nobles : ce serait certes un
péché que d’en donner plus de vingt-cinq.
    – Mais je ne saurai qu’en faire quand je
les aurai. Cependant je ne veux point discuter pour vingt nobles
dans une affaire qui concerne le roi.
    Le cœur de Nigel devint de plomb car cette
somme ne lui permettait même pas d’acheter la moitié de ce qu’il
lui fallait. Il était évident que Lady Ermyntrude avait surestimé
ses trésors. Il ne pouvait cependant retourner les mains vides.
Ainsi donc, si les vingt nobles représentaient la valeur réelle,
comme ce brave homme le lui assurait, il fallait s’en contenter et
les accepter.
    – Je suis quelque peu troublé par ce que
vous venez de me dire, mais vous en savez plus long que moi sur ces
choses. Alors j’en accepterai…
    – Cent cinquante, lui souffla la voix
d’Aylward à l’oreille.
    – Cent cinquante, fit Nigel, trop heureux
de trouver ce guide sur des sentiers qui ne lui étaient guère
familiers.
    L’orfèvre sursauta. Ce jeune homme n’était
point un simple soldat comme il y paraissait. Ce franc visage, ces
yeux bleus, n’étaient qu’un piège pour qui ne s’en méfiait pas.
Jamais encore il n’était resté à quia dans un marché.
    – Que voilà un langage naïf et qui ne
nous mènera à rien, messire ! fit-il en se détournant et en
jouant avec les clés de ses coffres. Je ne désire cependant point
être dur avec vous, et vous fais mon dernier prix qui est de
cinquante nobles.
    – Plus cent, souffla Aylward.
    – Plus cent, répéta Nigel, rougissant de
sa cupidité.
    – Bon, mettons cent, répondit le
marchand. Tondez-moi, écorchez-moi, et prenez cent nobles pour vos
bijoux.
    – J’aurais honte de vous traiter aussi
mal, répondit Nigel, mais vous avez été honnête et je ne veux donc
point vous léser. J’en accepterai donc avec reconnaissance
cent…
    – Cinquante, murmura Aylward.
    – Cinquante, acheva Nigel.
    – Par saint John de Beverley ! Je me
suis installé ici en arrivant des pays du Nord où l’on prétend que
les gens sont adroits dans les marchés, mais je préférerais encore
avoir affaire à toute une synagogue de juifs qu’à vous avec toutes
vos belles manières. Vous n’accepteriez donc pas moins de cent
cinquante nobles ? Misère ! Vous m’enlevez tout

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