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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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par deux fois déjà pour s’en saisir. Mais le renard a
plusieurs terriers, et il est bien malaisé de l’en faire
sortir.
    – Par saint Paul, si je n’étais point
aussi pressé, je ferais bien un détour pour le rechercher. De quel
côté vit-il ?
    – Un immense marais s’étend au-delà de
Puttenham ; au milieu se trouvent des grottes où lui et les
siens se cachent.
    – Les siens ? Ils sont donc une
bande ?
    – Plusieurs se sont joints à lui.
    – Mais voilà qui paraît une entreprise
pleine d’honneur ! Lorsque le roi sera venu et parti, nous
consacrerons une journée aux hors-la-loi de Puttenham. Je crains
bien que nous n’ayons que peu de chances de les rencontrer au cours
de ce présent voyage.
    – Ils attaquent les pèlerins qui passent
sur la route de Winchester. De plus, ils sont bien vus par les gens
du pays, car ils ne les volent point et ont toujours la main
secourable pour ceux qui acceptent de les aider.
    – Il est toujours aisé d’avoir la main
secourable avec de l’argent volé. Mais je crains qu’ils ne se
risquent point à voler deux hommes comme nous dont la ceinture est
garnie d’une épée.
    Ils avaient franchi les marais sauvages et
étaient parvenus sur la grand-route qu’empruntaient les pèlerins
venus de l’Ouest pour se rendre au sanctuaire national de
Canterbury. Après avoir traversé Winchester, la route suivait la
merveilleuse vallée de l’Itchen, pour atteindre Farnham, où elle
formait deux embranchements, l’un qui suivait le Hog’s Back, ou Dos
d’Âne, l’autre qui tournait vers le sud en direction de la colline
de Sainte-Catherine, où se dressait le sanctuaire des pèlerins,
actuellement en ruine, mais qui était alors un lieu auguste et très
fréquenté. C’était sur cette route que se trouvaient Nigel et
Aylward en se rendant à Guildford.
    Comme par hasard, personne ne prenait la même
direction qu’eux, mais ils rencontrèrent des groupes de pèlerins
qui s’en revenaient avec des images de saint Thomas, des coquilles
d’escargot ou de petites ampoules de plomb sur leurs chapeaux et
des ballots d’emplettes sur les épaules. Ils étaient sales et en
haillons. Les hommes allaient à pied, les femmes étaient portées
par des ânes. Gens et bêtes cheminaient gaiement, comme si c’eût
été un jour faste ou comme s’ils avaient retrouvé déjà leur foyer.
Avec quelques mendiants ou ménestrels couchés dans la bruyère de
part et d’autre du chemin dans l’espoir de recevoir des passants un
occasionnel farthing, ce furent les seules personnes qu’ils
rencontrèrent jusqu’au village de Puttenham. Le soleil était déjà
chaud et il y avait tout juste assez de vent pour soulever la
poussière du chemin, à telle enseigne qu’ils furent heureux de se
nettoyer le gosier en allant boire un verre de bière au cabaret du
village où la tenancière jeta un au revoir narquois à Nigel, qui
n’avait pas eu assez d’attentions pour elle, et une gifle à
Aylward, qui en avait eu trop.
    De l’autre côté de Puttenham, la route
traversait un bois de chênes et de hêtres, s’élevant au-dessus
d’une végétation touffue de fougères et de ronces. Ils y
rencontrèrent une patrouille de sergents d’armes. C’étaient de
grands gaillards bien montés, revêtus de hoquetons et de bonnets de
buffle, armés de lances et de sabres. Leurs chevaux avançaient
lentement sur le côté ombragé de la route. Ils s’arrêtèrent lorsque
les voyageurs parvinrent à leur hauteur pour leur demander s’ils
avaient été molestés en chemin.
    – Prenez garde, leur dirent-ils, car
l’Homme sauvage et son épouse courent les routes. Hier encore, ils
ont abattu un marchand de l’Ouest et lui ont pris cent
couronnes.
    – Son épouse ?
    – Oui, elle est toujours à ses côtés et,
si lui a la force, elle a l’intelligence. J’espère bien un matin
voir leurs deux têtes sur l’herbe verte.
    La patrouille continua son chemin vers
Farnham, s’éloignant, comme il fut prouvé par la suite, des voleurs
qui l’avaient très certainement épiée des buissons bordant la
route. Derrière une courbe de cette route, Nigel et Aylward
aperçurent une grande et gracieuse femme qui se tordait les mains
en pleurant, assise sur le bord du chemin. À la vue d’une telle
beauté en détresse, Nigel éperonna Pommers, qui en trois bonds le
déposa aux pieds de la malheureuse.
    – Que vous arrive-t-il, gente Dame ?
demanda-t-il. Quelque chose en

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