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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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n’a point encore quitté sa cage jusqu’à présent.
Voici un essai de joute. Le voilà, à la tête du pont, comme il
était de coutume du temps de nos pères, prêt à se mesurer à tout
venant.
    Pour les Anglais, il n’existait pas de plus
grand paladin que le roi lui-même et personne n’était mieux versé
dans les étranges arcanes de la chevalerie. Ainsi donc, la
situation ne pouvait mieux se présenter pour lui plaire.
    – Il n’est point encore
chevalier ?
    – Non, sire, écuyer seulement.
    – Dans ce cas, il lui faudra se conduire
vaillamment ce jour, s’il veut mener à bien ce qu’il a entrepris.
Sied-il qu’un jeune écuyer qui n’a pas encore subi la probation se
risque à coucher la lance devant les meilleurs chevaliers
d’Angleterre ?
    – Il m’a remis son cartel et son défi,
répondit Chandos en tirant un papier de son pourpoint. Ai-je votre
permission de les transmettre, sire ?
    – Très certainement, John, car nous
n’avons point de chevalier plus docte que vous-même ès lois de
chevalerie. Vous connaissez ce jeune homme et vous devez savoir à
quel point il est digne de l’honneur qu’il requiert. Oyons donc son
défi.
    Les chevaliers et écuyers de l’escorte, dont
la plupart étaient des vétérans des guerres de France, avaient
considéré avec étonnement et surprise la silhouette armée devant
eux. Sur un signe de Walter Manny, ils se rapprochèrent de
l’endroit où le roi et Chandos s’étaient arrêtés. Chandos se racla
la gorge et lut :
    « À tous, seigneurs, chevaliers et
escuyers ! »
    – 
C’est là l’adresse, messires.
C’est un message du squire Nigel Loring de Tilford, fils de Sir
Eustace Loring de noble mémoire. Squire Loring vous attend en armes
devant le pont. Il vous fait donc assavoir ceci :
    « Dans la grande haste que j’ai, moi,
humble et indigne escuyer, de connaître les nobles gentilshommes
qui escortent mon royal maistre, j’attends devant le pont du
Chemin, avec l’espoir que certains d’iceux condescendent à quelques
passes d’armes avec moi ou que je puisse les délivrer de quelque
vœu. Je ne dis point cela par estime pour moi-même, mais afin que
de pouvoir testemoigner du noble comportement de ces célèbres
chevaliers et admirer leur adresse dans le maniage des armes. Ainsi
donc, avec l’ayde de saint Georges, tiendrai ce pont à la lance
émoulue contre icelui ou iceux qui daigneraient s’y présenter tant
que durera le jour. »
    – 
Que répondrez-vous à cela,
messires ? demanda le roi en promenant autour de lui un regard
amusé.
    – En vérité, voilà qui est adressé dans
sa forme la plus parfaite, observa le prince. Ni Claricieux, ni
Dragon Rouge, ni aucun héraut ayant jamais porté tabard n’eussent
pu faire mieux. L’a-t-il rédigé de sa main ?
    – Il a une impressionnante grand-mère qui
appartient encore à la vieille race, expliqua Chandos. Et je ne
doute point que Lady Ermyntrude n’ait déjà rédigé d’autres défis de
ce genre avant celui-ci. Mais oyez, sire. J’aimerais vous glisser
un mot à l’oreille, et à vous aussi, très noble prince.
    Les conduisant à l’écart, Chandos murmura
quelques explications, à la suite de quoi tous trois éclatèrent
d’un rire bruyant.
    – Par la sainte Croix ! un honorable
gentilhomme n’en devrait point être réduit à cela ! s’exclama
le roi. Il m’appartient d’y assister. Alors donc, messires ?
Ce noble cavalier attend toujours votre réponse.
    Les vaillants guerriers s’étaient entretenus
et Walter Manny se tourna vers son souverain pour lui transmettre
le résultat de leur délibération.
    – S’il plaît à Votre Majesté, nous
estimons que cet écuyer a transgressé les limites en exprimant le
désir de rompre la lance avec un chevalier, avant d’avoir subi la
probation. Nous lui ferons suffisant honneur en envoyant un écuyer
se mesurer avec lui et, avec votre permission, j’ai choisi mon
propre écuyer, John Widdicombe, pour nous ouvrir le chemin par-delà
le pont.
    – Ce que vous dites, Walter, est très
juste, répondit le roi. Maître Chandos, voulez-vous donc dire à
votre champion que toutes dispositions sont prises. Vous lui direz
aussi que notre royal désir est que la joute ne se déroule point
sur le pont, ce qui entraînerait immanquablement la chute de l’un
ou l’autre des cavaliers dans la rivière, mais qu’il ait à
s’avancer et combattre dans la plaine. Vous lui direz encore

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