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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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elle avait pu être assez faible pour se laisser ainsi
détourner de ce noble oiseau par des freux ridicules et bruyants.
Mais il n’était point trop tard encore pour se faire pardonner sa
faute. En une immense spirale, elle se mit à monter jusqu’à arriver
au-dessus du héron. Mais qu’était cela ? Toutes ses plumes, de
la crête jusqu’aux rectrices, se mirent à vibrer de rage et de
jalousie à la vue de cette créature, un pauvre pérégrin qui avait
osé venir s’interposer entre un gerfaut royal et sa proie. D’un
mouvement d’ailes, la femelle se détourna pour survoler son rival.
L’instant d’après…
    – Ils se griffent ! Ils se
griffent ! cria le roi en riant à gorge déployée tout en les
suivant des yeux alors qu’ils s’écroulaient d’une seule masse. Vous
réparerez vous-même votre nappe d’autel, l’Évêque. Vous n’aurez pas
un
groat
de moi aujourd’hui ! Séparez-les,
fauconnier, avant qu’ils se fassent du mal. Et maintenant,
messires, continuons notre route, car le soleil descend déjà vers
le couchant.
    Les deux faucons qui s’étaient écroulés au
sol, les serres ouvertes et les plumes hérissées, furent séparés et
ramenés saignants et soufflants sur leurs perchoirs, cependant que
le héron, après cette dangereuse aventure, s’éloignait pour aller
se mettre à l’abri dans la héronnière de Waverley. Le cortège, qui
s’était quelque peu dispersé dans l’excitation de la chasse, se
regroupa et se remit en marche.
    Un cavalier qui s’était avancé à leur
rencontre à travers les marais allongea le pas pour les retrouver.
Lorsqu’il se rapprocha, le roi et le prince s’écrièrent joyeusement
en faisant signe de la main :
    – C’est ce bon John Chandos ! Par la
sainte Croix ! John, vos joyeuses ballades m’ont bien manqué
ces derniers jours. Et je suis fort aise de voir que vous avez
votre luth sur le dos. D’où venez-vous donc ?
    – De Tilford, sire, dans l’espoir de
rencontrer Votre Majesté.
    – Et ne vous voilà point déçu. Venez çà
et chevauchez entre le prince et moi-même. Nous aurons l’impression
de nous retrouver en France, revêtus de nos harnais de guerre. Et
que m’apportez-vous comme nouvelles, sir John ?
    L’énigmatique visage de Chandos frémit d’un
amusement réprimé et son œil scintilla comme une étoile.
    – Vous êtes-vous livré à la chasse,
monseigneur ?
    – Piètre chasse, John. Nous avons jeté
deux faucons sur le même héron. Ils se sont griffés et l’oiseau a
fui. Mais pourquoi souriez-vous ainsi ?
    – Parce que j’espère vous faire assister
à meilleur divertissement avant que nous atteignions Tilford.
    – Pour les faucons ? Pour les
chiens ?
    – Un divertissement plus noble que tout
cela.
    – Est-ce une charade, John ? Que
voulez-vous dire ?
    – Non, tout vous dire serait tout gâcher.
Mais il y aura bel exercice à Tilford, aussi je vous prie,
seigneur, d’allonger le pas afin de profiter plus longtemps du
jour.
    Le roi piqua aussitôt son cheval de ses
éperons et toute la cavalcade se lança au petit galop dans la
direction indiquée par Chandos. Du sommet d’une petite colline, ils
aperçurent une rivière qui serpentait, traversée par un vieux pont.
De l’autre côté était tapi un petit village avec une bordure de
cottages et, sur le flanc de la colline, un vieux manoir très
sombre.
    – Voici Tilford, annonça Chandos. Là-bas
se trouve la maison des Loring.
    L’intérêt du roi avait été éveillé et son
visage ne dissimula pas son désappointement.
    – Est-ce là le divertissement promis,
John ? Comment allez-vous tenir parole ?
    – Je le vais faire, monseigneur.
    – Et où donc ?
    Au milieu du pont, un chevalier en armure
était monté sur un grand cheval jaune. Chandos le désigna du doigt,
en touchant le bras du roi.
    – Voyez, dit-il.

Chapitre 9 COMMENT NIGEL TINT LE PONT DE TILFORD
    Le roi regarda la silhouette immobile, le
petit groupe de manants qui attendaient derrière le pont et enfin
le visage de Chandos qui s’illumina de plaisir.
    – Qu’est cela, John ?
    – Vous souvient-il de Sir Eustace Loring,
sire ?
    – Bien certainement. Nul ne le pourrait
oublier, pas plus que la façon dont il mourut.
    – Il fut un paladin, à son époque.
    – En effet, et je n’en connus point de
meilleur.
    – Ainsi est son fils Nigel, aussi ardent
que l’est un jeune faucon à faire usage de son bec et de ses
griffes. Mais il

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