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Souvenir d'un officier de la grande armée

Souvenir d'un officier de la grande armée

Titel: Souvenir d'un officier de la grande armée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Baptiste Auguste Barrès
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faisais partie de la garde d’honneur qui lui fut envoyée. Mais cette puissance déchue refusa cet honneur et renvoya sur le champ cette garde. Il fit remettre à chacun de nous trois francs et une bague en brillant à l’officier qui nous commandait.
    Les quatre-vingt douze jours que je restai à Milan, je les employai à visiter la ville et ses monuments. J’allais souvent à la bibliothèque de Brera passer quelques heures. Je fus une fois au grand théâtre de la Scala, qu’on dit un des plus beaux de l’Italie. J’allais lire, tous les jours, dans un café, le Journal de l’Empire et, dans un cabinet de lecture, les romans en vogue. Je fus voir plusieurs fois, au couvent de Sainte-Marie, M. l’abbé Depradt, mon compatriote et ami de mon père, aumônier de l’Empereur. (Il a été ingrat par la suite envers son bienfaiteur.) J’allais souvent, avec d’autres vélites, parcourir les environs de Milan, admirables par leur belle culture et leur vigoureuse végétation. J’ai vu, dans ces courses, de belles campagnes, et particulièrement celle où est le célèbre écho qui répète jusqu’à quarante fois. C’est dans la cour du château de la Simonette que se fait entendre ce remarquable phénomène naturel. Dans ces promenades, quelque fois assez longues, nous nous arrêtions pour goûter dans une des nombreuses guinguettes que nous rencontrions ; mais on n’y trouvait jamais d’autres choses que des œufs durs, de la salade et du gros vin.
    Le service et les exercices y furent très peu fatigants. Une augmentation de solde et quelques autres avantages contribuèrent à nous faire trouver charmant le séjour de Milan. Pour mon compte, je regrettai beaucoup d’en partir. La vie animale y était chère et peu variée : si je n’oublie jamais les heureux moments que j’y ai passés, je n’oublierai pas non plus que, pendant trois mois, notre repas du soir a toujours consisté en riz, ce qui avait fini par me rendre ce farineux insupportable.
    Enfin, après plusieurs parades et revues, passées soit par l’Empereur, soit par des maréchaux, nous quittâmes Milan le 22 prairial (11 juin) pour retourner à Paris.

RETOUR EN FRANCE
     
    13 juin. – Nous avons passé le Lésin, en bateau, à sa sortie du lac Majeur. Je regrettai bien de ne pouvoir aller visiter les célèbres îles Borromées, surtout l’Isola Bella ; la distance n’était pas très grande, mais la nécessité de faire sécher mes effets, qui avaient été à la pluie pendant presque tout le temps de la route, m’en empêcha. Les rives du lac sont admirables de fraîcheur, de beauté et de sites pittoresques. C’est un pays enchanteur.
    15 juin. – À Domo d’Ossola, petite ville au pied des Alpes, on nous logea dans une église où nous entrâmes tout mouillés : pas de feu pour nous sécher, pas d’emplacement pour suspendre nos effets. La position du soldat, dans de pareilles circonstances, est bien triste.
    17 juin. – Au Simplon, village à moitié chemin du faîte de la montagne, on parle allemand. Dans cette journée, nous parcourûmes trois régions différentes. Dans la plaine, c’était l’été, on y faisait la moisson ; voilà pour le matin. Avant d’arriver au gîte, c’était vers midi, le gazon vert et frais, couvert de primevères, de violettes et de narcisses, nous offrait l’image du printemps, avec d’autant plus de vérité que l’air était doux et parfumé. Au village, nous étions dans les frimas et environnés d’images froides et sévères qui nous rappelaient presque – moins la neige – la traversée du mont Cenis. Il semblait que nous touchions aux glaciers. Je cherchai, avec un camarade, à les atteindre, mais après avoir marché plus d’une heure dans la direction du plus proche, nous renonçâmes à notre tentative, car il semblait s’éloigner au fur et à mesure que nous avancions.
    27 juin. – À Coulanges, petite ville du département du Léman : – Jour anniversaire des adieux à ma famille. Nous célébrâmes cette journée avec tout le respect d’une époque, si remarquable dans la vie d’un jeune homme, inspire à celui qui est élevé dans des sentiments de vénération pour les auteurs de ses jours. Nous étions quatre réunis, pour remplir ce respectable devoir.

SÉJOUR À PARIS {1}
     
    Nous sommes arrivés à Paris le 18 juillet, heureux de nous reposer d’une longue route, faite très précipitamment dans les plus grosses chaleurs. Un séjour dans la

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