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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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corps viennent de toutes les provinces de la République, des peuples que Rome a combattus et soumis. Le prix de la défaite se compte pour eux en hommes, en femmes, en enfants que l’on vend à Délos pour ceux de Grèce et d’Asie, ou ici, à Rome, parce que les prix y sont les plus élevés et qu’on y aime les corps étrangers comme autant de piments pour raviver des sens lassés, blasés.
    — Je vends avec le gladiateur une paire ! lance Paquius.
    Il montre Jaïr le Juif et Apollonia, accroupis, attachés au pieu.
    Apollonia serre ses genoux entre ses bras. Jaïr regarde droit devant lui, le visage impassible.
    Paquius les tire l’un et l’autre par les cheveux, les oblige à se redresser. Il soulève la tunique d’Apollonia, dévoile son sexe, ses seins, dit qu’elle est prêtresse de Dionysos, devineresse, que son corps est une bouche qui embrasse, suce, lèche.
    — Et celui-là, le circoncis, connaît tous les secrets des guérisons. Il sèche les plaies, ferme les blessures.
    Paquius s’avance jusqu’au bord de l’estrade et ouvre les bras.
    — Si quelqu’un a vu meilleur lot sur ce marché de Rome, qu’il ose s’avancer ! Je vends les trois pour trente talents. Un gladiateur thrace, Spartacus, qui a le corps plus beau, plus musclé et plus doux que s’il avait été sculpté par Praxitèle. Une femme pour lui, celle-ci, Apollonia, mais qui ouvrira sa bouche à tous ceux qui le lui demanderont. Et Jaïr le Juif pour vous guérir de vos indigestions et faire disparaître vos pustules ! Les trois, trente talents !
    Il fixe la foule, les bras toujours largement ouverts.
    — Ils viennent du marché de Délos. Je les ai achetés à ceux qui les ont capturés. Celui qui en deviendra le maître les dressera à sa guise. Personne ne les a encore pervertis. Mais on connaît leurs dons. Celui-là a vaincu le plus fort guerrier du peuple dace, celle-ci a annoncé une tempête deux jours avant qu’elle ne souffle, et elle a ainsi sauvé mon navire. Celui-là, enfin, a remis sur pied un marin dont un mât, en tombant, avait brisé le dos. Le lot des trois : trente talents !
     
    Un homme s’approche de l’estrade. Deux jeunes gens épilés, la tunique entrouverte, lui fraient un passage dans cette foule mêlée où se frôlent des femmes fardées, le visage couvert de poudre blanche, les yeux entourés de cercles noirs, les lèvres vertes, les cheveux rouges, et des adolescents aux corps lisses qui pressent leurs fesses musclées contre les ventres des Romains aux sourcils et aux crânes rasés. Ceux-ci hésitent à se laisser séduire, veulent voir ces corps qu’on dénude sur les estrades et qu’on peut toucher, dont on exige qu’ils ouvrent la bouche ou bien qu’ils tirent sur la peau de leur membre.
    D’autres, dans la foule, viennent pour ces jeunes filles qu’on expose nues, dont on s’attache à montrer qu’elles ne sont pas encore nubiles, qu’on pourra donc les pervertir comme on l’entend, leur apprendre tous les vices, puis les rejeter, les revendre ou les louer à l’un de ces lupanars du quartier de Vélabre où elles se tiendront debout, maquillées, tunique ouverte, sur le pas de la porte de leurs chambres sordides, s’offrant pour une pièce de bronze – et certains, même parmi les plus riches, se délecteront de l’odeur fétide qui sort de leur bouche, qu’ils goûteront comme ils apprécient le garum, ce condiment puant, mélange de sang, d’abats, d’œuf et de poisson pourris.
     
    L’homme, encadré par les deux jeunes gens qui l’accompagnent, est parvenu au bord de l’estrade. Apollonia le reconnaît. C’est Posidionos, ce rhéteur grec dont Spartacus avait attaqué la voiture, là-bas, en Thrace, en un temps qui semble aussi lointain que celui où, libre, elle avait rencontré le Thrace dans le temple de Dionysos, et où l’oracle Cox avait célébré leur union.
    Elle observe Posidionos. Les deux jeunes gens se serrent contre lui et l’enlacent cependant qu’il parle à Paquius, les yeux rivés sur Spartacus, le visage tendu vers lui, les lèvres entrouvertes, les traits affinés et comme rajeunis par le désir.
    Apollonia s’appuie aux cuisses de Spartacus. Si elle n’avait pas les bras liés, elle les étreindrait pour montrer à Posidionos, le Grec, qu’il ne disposera jamais du corps de Spartacus, même s’il en devenait le maître.
    Elle voit les jeunes gens rire et se frotter contre Posidionos, lui caresser le ventre et le cou,

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