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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pas. Il ne tourne pas la tête quand l’un des légionnaires s’approche de l’esclave qui ne s’est pas relevé, que la file est contrainte de tirer – et la corde étrangle, et d’autres corps tombent.
    Le Romain sectionne la corde, puis la renoue, fait rouler les corps des esclaves évanouis ou morts, et les égorge sur le bas-côté du chemin.
    Et, cependant que les fouets claquent, la marche du troupeau reprend.
     
    Au loin en contrebas apparaissent les maisons et la jetée du port de Velles. Des navires y sont amarrés. On y chargera les esclaves et, au moment où ils monteront à bord, on les frappera durement sur la nuque pour s’assurer qu’ils vont s’allonger sans protester les uns contre les autres au fond du navire. Ceux qui résisteront seront jetés à la mer, poignets et jambes entravés.
     
    — Ils nous vendront sur le marché de Délos, murmure Jaïr le Juif. Celui qui ne sera pas acheté pour travailler dans les mines de Grèce ou d’Espagne pourra remercier Dieu.
    — Les dieux ne se soucient pas des esclaves, observe Spartacus.
    C’est la première fois qu’il parle depuis qu’ils ont quitté, il y a déjà plusieurs jours, le camp de la VII e Légion.
    — Dieu voit l’esclave comme il voit les hommes libres, dit Jaïr le Juif d’une voix trop forte.
    Le fouet claque, mais Spartacus s’est placé devant Jaïr et c’est lui que la lanière atteint, les clous lui labourent la chair.
    — En Sicile, disais-tu, les esclaves ont voulu redevenir libres et les dieux les ont abandonnés. Tu parlais de morts plus nombreux qu’il n’y a d’habitants dans Rome.
    — Les morts sont vivants, repartit Jaïr le Juif.
    Spartacus se tourne si vivement que la corde se tend, reste serrée. Il tente de la saisir pour la tirer, mais celle qui lui lie les poignets est à dessein trop courte.
    Jaïr fait un signe, Spartacus s’incline et le guérisseur, saisissant la corde entre ses dents, la desserre.
    Un légionnaire hurle, menace, frappe de la hampe de son javelot les épaules et la nuque de Jaïr.
    La marche devient plus facile, la voie descendant en pente douce vers la mer.
    — Le Dace a choisi de mourir au lieu de me tuer, murmure Spartacus.
    Le troupeau s’est immobilisé sur les quais, et les premiers esclaves sont dirigés vers la jetée. Les coups commencent à pleuvoir sur leur nuque. Ils chancellent, on les fait basculer dans la cale.
    — Pourquoi ce Dace m’a-t-il épargné ? insiste Spartacus.
    Il ne regarde pas Jaïr le Juif. Il n’attend pas de réponse.
    — J’ai vu ses yeux gris, poursuit-il. Je ne pouvais plus me défendre. Alors il a hurlé, et m’a laissé la vie. Pourquoi ?
    — Dieu l’Unique connaît le chemin, marmonne Jaïr.
     
    C’est au rang de Spartacus d’avancer à présent vers l’un des navires.
    Les fouets, les hampes des javelots frappent les esclaves. Un légionnaire retient Apollonia et la pousse sur le pont tandis que Jaïr et Spartacus, précipités dans la cale, tombent sur d’autres corps entassés.
    L’air qu’ils respirent est moite, épais. Il sent la vomissure et l’urine.
    Spartacus et Jaïr sont collés l’un contre l’autre.
    — Dieu l’Unique…, reprend Jaïr le Juif.
    — Le Dace a choisi de mourir en homme libre, réplique Spartacus.
    — Dieu l’Unique l’a voulu ainsi, répète Jaïr.
    — Je veux mourir comme le Dace ! s’exclame Spartacus.

 
     
15
    Spartacus se tient nu, debout, les poings serrés devant son sexe.
    Une corde tendue est nouée autour de ses poignets et de ses chevilles.
    Une autre lie son cou à un pieu planté au centre de l’estrade sur laquelle va et vient Paquius, le marchand d’esclaves.
    L’homme est petit, gros et vif. À chacun de ses pas il lève le bras, montre Spartacus.
    — Citoyens de Rome, crie-t-il de sa voix éraillée de batelier, regardez ce que je suis allé pêcher à Délos, chez les Grecs !
    Il s’esclaffe.
    — Avez-vous jamais vu corps plus lisse, plus vigoureux que celui-là ?
    Il s’approche de Spartacus, tend la main, effleure le torse, les hanches du Thrace dont tous les muscles se contractent.
    — Voilà de la chair de gladiateur pour les grands jeux de Rome ! reprend Paquius.
    Il s’avance jusqu’au bord de l’estrade, regarde la foule qui se presse entre les pentes de la colline du Palatin et la rive du Tibre. D’autres estrades sont dressées ici et là sur ce forum Boarium où se tient chaque jour le marché aux esclaves.
    Les

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