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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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celles des financiers qui le soutiennent. Ces hommes rapaces, qu’on appelle les publicains ( publicani ), sont de redoutables manieurs d’argent. Certains ont financé les campagnes électorales des magistrats quelques années plus tôt. Couverts de dettes à leur entrée en poste, les gouverneurs (propréteurs ou proconsuls) se retrouvent souvent entre les mains de ces hommes qui veillent scrupuleusement à récupérer leur mise avec un fort intérêt. La nécessité pour les anciens préteurs et les anciens consuls de restaurer leurs finances et les avantages qu’ils accordent aux publicains accroissent la rapacité de Rome et le poids qui pèse sur les provinces. Dans ce système politico-financier bien rodé, la guerre constitue une autre forme de retour sur investissement.

    La République impérialiste
    Dès 168 av. J.-C., l’Illyrie (l’actuelle Croatie) est soumise à Rome, transformant ainsi l’Adriatique en lac romain. Dans le même temps, les rois hellénistiques deviennent les principales victimes de l’expansionnisme romain. Leurs royaumes, issus de l’éclatement de l’empire d’Alexandre, constituent des proies faciles. La Macédoine devient une province romaine dès 148 av. J.-C., puis vient le tour de l’Asie (l’ouest de la Turquie actuelle) en 129. A cette date, tout l’Orient méditerranéen est directement ou indirectement soumis à Rome. Entre-temps l’Afrique (l’actuelle Tunisie) est aussi devenue une province, après la destruction définitive de Carthage en 146. Au cours du II e  siècle av. J.-C., le sud, le centre et l’est de l’Espagne entrent progressivement dans l’orbite de Rome. A partir de 122, la Gaule du Sud, passage obligé entre l’Italie et l’Espagne, attire les légions. A l’appel de leur vieille alliée Marseille, les Romains mènent plusieurs campagnes qui les conduisent de la Provence à la haute vallée du Rhône et jusqu’aux Pyrénées. En 118, pour assurer une présence encore légère dans la région, Rome fonde à Narbonne sa première colonie hors d’Italie. En 105, c’est la Numidie (l’actuel littoral de l’Algérie) qui vient renforcer ses territoires africains. Ainsi, presque chaque année des armées romaines sont appelées à combattre sur les marges des territoires dépendants de Rome en poussant toujours plus loin son imperium .

    Une armée invincible
    Ce siècle de conquêtes a profondément modifié le visage de l’armée romaine. Pendant les six premiers siècles de son histoire, Rome, comme les autres cités du monde méditerranéen, possède une armée de citoyens-soldats. Dans les contingents de ces armées, plus on est riche et mieux l’on est équipé. Logiquement, les soldats les mieux dotés prennent place au premier rang de la phalange et courent le plus de risques d’être tués. En contrepartie de ce qu’elles offrent à la cité, les catégories les plus aisées voient leur rôle politique renforcé. Hannibal et la seconde guerre punique vont bouleverser ce système : avec les hécatombes que subissent les Romains, ces derniers doivent faire appel à des catégories de plus en plus modestes pour organiser une armée toujours plus nombreuse. L’expansionnisme du II e  siècle accélère cette tendance : en améliorant sans cesse son outil militaire, Rome s’appuie de plus en plus sur des soldats prolétaires. A la fin du siècle, le consul Marius parachève cette évolution vers l’armée de métier. Salluste en témoigne lorsqu’il écrit : « [Marius] lui-même leva des troupes, non par classes, comme autrefois, mais au hasard des inscriptions, qui amenaient surtout des prolétaires : résultat dû, selon les uns, au nombre insuffisant d’inscrits appartenant aux hautes classes, selon les autres, à l’ambition du consul, dont la gloire et les succès étaient l’œuvre de ces gens-là. Pour un homme qui veut conquérir le pouvoir, les classes pauvres sont un appui tout indiqué ; rien n’a de prix pour elles, puisqu’elles ne possèdent rien, et tout leur semble honorable, qui leur rapporte quelque chose 16 … » Socialement, cette évolution était inéluctable : la guerre étant devenue quasi permanente et de plus en plus lointaine, les paysans-citoyens-soldats ne peuvent plus s’occuper de leurs champs. Alors que les légionnaires servent Rome, leurs familles doivent souvent vendre leurs terres pour subvenir à leurs besoins. De gros propriétaires profitent alors de ces ventes pour

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