Spartacus
av. J.-C. Comme une marchandise, le voilà proposé à l’encan sur le plus grand marché aux esclaves du monde antique. Dans les années 70 avant notre ère, le sort de Spartacus n’a rien d’exceptionnel. La société et l’économie romaines, comme toutes les autres à cette époque, sont fondées sur l’esclavagisme. Comme Rome constitue alors le plus vaste et le plus puissant des empires, il n’y a rien d’étonnant à voir des esclaves de toute origine sur le sol de l’Italie. Pour autant, le marché de l’esclavage est très lié aux campagnes militaires. De ce fait, le profil type de l’esclave romain dépend beaucoup des conquêtes récentes et des guerres du moment. Ainsi, les Syriens qui se soulèvent par deux fois en Sicile sont issus de régions conquises au siècle précédent. Spartacus en comptera probablement dans les rangs de son armée mais ils ne sont pas cités en tant que groupe constitué car certainement beaucoup moins nombreux en 73 qu’en 104 ou 139 av. J.-C. Contrairement aux Syriens, les Germains sont bien évoqués dans nos sources. Ils pourraient être les fils des guerriers cimbres et teutons vaincus en 102 et 101 par le consul Marius. Mis à part cet épisode déjà relativement ancien, les Romains n’ont plus guère de contacts avec les Germains. Lorsqu’ils sont cités, ces derniers sont d’ailleurs toujours intégrés au groupe des Gaulois. Il peut donc s’agir plutôt d’une assimilation que les auteurs postérieurs à la révolte font entre Gaulois et Germains. En effet, en 73 av. J.-C. les Gaulois demeurent les grands adversaires, quasi obsessionnels, de Rome. Vingt ans après Spartacus, la Gaule sera définitivement vaincue par César et les légions se tourneront pour longtemps face aux Germains d’outre-Rhin et d’outre-Danube. C’est sans doute pour cela que les auteurs du II e siècle ap. J.-C. assimilent volontiers ces barbares occidentaux aux Gaulois du temps de Spartacus.
Les Gaulois sont quant à eux très souvent cités par les auteurs antiques qui traitent de la révolte de Spartacus. La raison en est à la fois idéologique et historique. Idéologiquement, le Gaulois demeure l’ennemi juré de Rome. Il a déjà cet emploi avant les guerres puniques et demeure dans le rôle de l’adversaire héréditaire des Romains après la destruction de Carthage. La cause de cette haine remonte à quatre siècles, lorsque les Gaulois de Brennus ont eu l’audace de prendre Rome. Cet exploit, que personne ne retentera pendant huit siècles, est profondément inscrit dans les mythes et les peurs ancestrales des Romains. Pendant longtemps, les Gaulois demeurent des voisins dangereux, sur le sol même de l’Italie. Ce n’est qu’à la fin du III e siècle av. J.-C., avec la prise de Mediolanum (Milan) et la conquête de la plaine du Pô, que les Romains parachèvent la conquête de la Péninsule. Près de cent cinquante ans plus tard, la Gaule cisalpine, c’est-à-dire le nord de l’Italie, est assagie. Peuplée de nombreux colons romains et de Gaulois assimilés, ce n’est pas elle qui fournit les contingents d’esclaves gaulois des armées de Spartacus. En revanche, la Gaule transalpine (de l’autre côté des Alpes par rapport à Rome) est loin d’être totalement soumise. Même si ces Gaulois du Sud sont très influencés par les Grecs de Marseille, ils connaissent bien les Romains. Les marchands et les soldats de Rome sillonnent le sud de la Gaule depuis plus d’un siècle. Si les échanges sont profitables pour tous, les heurts sont encore fréquents entre les indigènes et les Marseillais. A l’appel des Grecs de Marseille, leurs vieux alliés, les Romains ont pris l’habitude de passer les Alpes pour rétablir l’ordre au sein de ces tribus turbulentes. C’est lors de ces campagnes qu’Entremont, capitale des Salyens, est prise à deux reprises. Cet oppidum situé à proximité d’Aix-en-Provence est définitivement détruit par les Romains vers 90 av. J.-C. En 77 et 76, Pompée mène à nouveau campagne en Gaule du Sud et en Espagne. Entre les Alpes et les Pyrénées, il détruit de nombreux oppida et ramène dans l’obéissance plusieurs peuples tentés par la dissidence. Nous ne savons pas grand-chose de cette campagne de Pompée en Gaule du Sud mais, comme toujours, des milliers d’esclaves prennent alors le chemin de l’Italie. En 73, nombre de ces Gaulois du Sud se retrouvent en Campanie et ailleurs sous l’autorité de
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