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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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dossier au Comité exécutif du Comintern
pour « en informer les comités centraux des partis communistes les plus
importants [508]  ».
Les autres ne comptent pas. Trotsky se retrouve en position de vaincu pour la
troisième fois en deux ans ; pis encore, s’il avait esquivé la fin du
combat en 1923 et 1924 par un silence à demi forcé, il semble, cette fois, se
condamner lui-même. L’un de ses partisans s’écrie alors : « Pourquoi
a-t-il fait cela, c’est incompréhensible ! Avec cette lettre il s’est mis
lui-même la tête sur le billot. Il s’est couvert de boue [509] . » Staline,
plus réservé, écrit, le 18 août, à Molotov : « Par sa réponse au
livre d’Eastman, Trotsky a prédéterminé son destin. Il s’est sauvé [510] . » S’il s’était
agi entre les deux hommes d’un simple combat pour le pouvoir, Staline l’aurait
alors marginalisé à jamais, comme il écartera plus tard Zinoviev, Kamenev,
Boukharine ou Rykov, en les contraignant à une autocritique publique. Mais le
conflit entre eux porte sur des questions de fond que le désaveu par Trotsky du
livre d’Eastman ne règle pas ; ce faux pas n’implique pas qu’il renonce à
ses idées, et, s’il ternit son image et affaiblit sa position dans le Parti, s’il
décourage certains de ses partisans et montre que Trotsky hésite à reprendre
son combat, il n’est pas décisif pour autant.
    Le 1 er  juillet, Staline, satisfait de ce
succès, prend le train vers le sud avec Nadejda Alliluieva, enceinte pour la
seconde fois. Le 12, il quitte Rostov pour Sotchi, et se soigne aux eaux
voisines de Matsesta. Le 1 er  août, il termine une lettre à
Molotov en évoquant sa santé : « Je guéris. Les eaux de Matsesta sont
bonnes contre la sclérose, la surcharge nerveuse, l’hypertrophie du cœur, la
sciatique, la goutte [511] . »
Il ne souffre d’aucun de ces maux, mais de rhumatismes articulaires.
    Le bloc Staline, Zinoviev et Kamenev se fissure encore. Le « socialisme
dans un seul pays » a des conséquences inéluctables : si l’URSS peut
à elle seule construire « la société socialiste intégrale », si donc
la révolution mondiale n’est plus un objectif vital mais un simple bonus
protégeant l’édification du socialisme russe, le Comintern n’est plus qu’un
appendice du PC russe et la fonction de son président, Zinoviev, devient
accessoire. Est-ce cette inéluctable conclusion ou un désaccord politique de
fond qui bouleverse l’équilibre des forces dans le triumvirat ?
    Zinoviev, dès février 1925, prépare la contre-attaque :
il envisage de publier à Leningrad sa propre revue théorique. Staline en fait
interdire la publication par le Comité central. Au Bureau politique, en avril,
Kamenev, soutenu par Zinoviev, déclare : l’arriération économique et
technique de l’URSS fait obstacle à l’édification du socialisme. Fin avril, au
Comité central, Zinoviev, dans des thèses sur le Comintern, affirme que la
victoire du socialisme ne peut être obtenue qu’à l’échelon international. Le
Comité central rejette son projet. La commission chargée de l’amender remplace,
sur mandat de Staline, l’affirmation selon laquelle l’édification du socialisme
intégral dans un pays arriéré comme la Russie est impossible « sans l’aide
étatique » des pays plus développés par : « L’édification de la
société socialiste ne peut être et ne sera victorieuse que si le parti du
prolétariat réussit à défendre le pays contre toute tentative de restauration [512]  » ;
affirmation purement tautologique puisqu’elle revient à dire : le
socialisme triomphera s’il n’est pas vaincu.
    La menace de rupture avec ses alliés amène Staline à
abandonner son masque de conciliateur soucieux de préserver l’unité à tout
prix. Lors d’une réunion de la commission tchécoslovaque du Comintern, le 30 mars 1925,
il avertit ouvertement ses auditeurs : « Il y a des moments où il est
nécessaire de trancher les membres nuisibles du Parti pour préserver l’organisme
du Parti contre la maladie chronique, l’infection et la décomposition [513] . » Il lui
arrive, bon gré mal gré, « de prendre en main le couteau du chirurgien,
pour retrancher quelques camarades ». Publié, le texte de son intervention
voit le couteau du chirurgien remplacé par le terme vague de « répression [514]  ». Mais la
chirurgie le hante. Au VI e  plénum du Comité exécutif

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