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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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100-150 roubles, 200 roubles, 300 roubles
par mois ? On peut vivre dans le luxe avec des sommes pareilles. Est-ce que
c’est admissible le luxe pour les uns et, pour les autres, la faim, les
maladies, la misère et le chômage ? Pourquoi est-ce que le parti des
communistes défend dans les mots l’égalité et la fraternité, et admet une
différence aussi impossible [505]  ? »
Staline ne répondra pas à la lettre. Et l’on ne sait ce qu’est devenu son
auteur. Mais lors de sa campagne contre les « spécialistes bourgeois »,
Staline saura qu’il peut s’appuyer sur l’aversion des ouvriers pour les
privilégiés.
    En attendant, il laisse ses alliés s’occuper des problèmes
économiques et sociaux. Sa seule initiative dans ce domaine consiste à imposer
la reprise d’une tradition tsariste annulée par les bolcheviks : le 25 août 1925,
un décret commun du Comité central et du gouvernement rétablit la vente de la
vodka, dont l’État retrouve le monopole. Le pouvoir prétend ainsi lutter contre
le samogon (vodka artisanale) des paysans et alimenter du même coup le budget
de l’État. Le ministre tsariste Witte ne disait pas autre chose à la fin du
siècle précédent. Le blé manquera souvent aux habitants de l’URSS, mais jamais
aux fabriques de vodka, qui, en 1926-1927, utilisent deux millions de tonnes de
grain…
    De mai à juillet, Staline passe des jours entiers à tenter d’engluer
Trotsky dans une manœuvre retorse. Max Eastman, un communiste américain ami de
Trotsky, a publié au début de l’année un livre dans lequel il dénonce la mise
sous le boisseau du Testament de Lénine. Trotsky ne s’en étant pas servi contre
Staline ni en 1923, ni en 1924, ce dernier le contraint à reconnaître
publiquement qu’il a participé à ce prétendu étouffement d’un testament que
Staline a qualifié par ailleurs de pure invention. Il adresse alors, le 17 juin,
à tous les membres du Bureau politique et du Présidium de la commission centrale
de Contrôle, une longue lettre exposant le plan minutieux d’une offensive
contre Trotsky, accompagnée d’un exemplaire de la traduction russe du livre d’Eastman
et d’un rapport sur son utilisation par la presse bourgeoise et
social-démocrate. Alors que ses relations avec Zinoviev et Kamenev se
dégradent, il veut les mobiliser contre Trotsky.
    Staline souligne : « Eastman se livre à toute une
série de calomnies et de déformations en faisant référence à l’autorité de
Trotsky et à son "amitié" avec lui, et à certains documents secrets
qui n’ont été publiés nulle part [506] . »
Donc Trotsky ne peut ignorer ce livre. Puis il énumère huit « falsifications »
d’Eastman, auxquelles il accole un silence, un vote obscur ou une hésitation de
Trotsky. Ainsi, selon Eastman, Kouibychev a, en janvier 1923, proposé au
Bureau politique d’imprimer l’article de Lénine contre l’Inspection dans un
unique exemplaire de la Pravda destiné à lui seul. Or, rétorque Staline,
Trotsky n’a pas protesté quand Kouibychev a été nommé ensuite commissaire à
cette Inspection, et il a signé la lettre unanime des membres du Bureau
politique du 27 janvier 1923 jugeant exagérées les craintes de
Lénine. Il s’agit donc d’une calomnie. Selon Eastman, le Testament de Lénine a
été dissimulé aux militants ; or, affirme Staline, il a été lu aux
délégations du XIII e  congrès, et Trotsky n’a rien objecté à
cette décision. Staline a même proposé de publier le Testament, mais la sœur de
Lénine s’y est opposée, et ainsi de suite. Après chacun des huit points, Staline
psalmodie : « Trotsky doit réfuter cette affirmation d’Eastman comme
une calomnie manifeste » (ou « perfide »). Finalement, sur
proposition de Staline, le Bureau politique demande à Trotsky « de publier
dans la presse une déclaration réfutant, au minimum, de façon catégorique les
falsifications ci-dessus exposées [507]  ».
    Le piège est parfait : si Trotsky refuse, il sera
accusé de double jeu et de complicité avec l’adversaire du Parti dont il est l’un
des dirigeants ; s’il accepte, il couvre les manœuvres de Staline depuis
trois ans, et s’interdit de les dénoncer un jour. Trotsky essaie d’esquiver, s’adresse
à divers membres du Bureau politique, qui présentent contre lui un front uni
sans faille. Le 1 er  juillet, il se désolidarise d’Eastman par
lettre. Staline remet l’ensemble du

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