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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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« des bons à rien »
et autres parasites que Staline met habituellement à la porte [497] .
    Malgré ces bonnes paroles, les divisions s’affirment au sein
du Septuor et désespèrent ses partisans. Informé par Vorochilov de ces
dissensions, Ordjonikidzé, alors en Azerbaïdjan, y voit un danger mortel et,
bien qu’ami personnel de Staline, rejette la faute sur tous les membres du
groupe dirigeant : « Ces gens ont perdu absolument tout sens de la
mesure et volent vers l’abîme à une vitesse étourdissante. […] Ce qu’ils font
aujourd’hui est de la folie ! Quel que soit le vainqueur, ce ne sera que
la victoire personnelle de l’un ou de l’autre, et en même temps la plus grande
des défaites pour le Parti. Par leur action, ils remettent en selle toute la
contre-révolution intérieure et étrangère et lui donnent des ailes […]. Jamais
notre parti ne s’est trouvé dans une situation aussi dangereuse [498] . » Et il se
propose d’alerter les deux clans, dont il se sent indépendant. Les cadres de l’appareil,
convaincus de la fragilité de leur pouvoir dans un pays où la paysannerie, qui
représente plus de 80 % de la population, est dans sa majorité
indifférente ou hostile, réagissent de même. L’unité leur paraît indispensable
pour préserver leur pouvoir menacé. Staline le sent, et, jusqu’en 1929, il se
pose en garant de cette unité et fait endosser aux autres le rôle de diviseur.
    Staline avance encore à pas comptés. Lorsque ses trois
adjoints lui proposent de publier sa biographie, il répond : « C’est
prématuré. » Il séduit les membres de l’appareil en leur présentant une
image rassurante, démocratique, presque paternelle. C’est sous cet aspect que
Khrouchtchev le découvre, lorsqu’il le rencontre pour la première fois à la
conférence du Parti d’avril 1925 en même temps que toute sa délégation, en
compagnie de laquelle Staline accepte de se faire photographier. Le photographe
dispose les délégués avec autorité. Staline grogne alors : « Il aime
commander, mais chez nous c’est interdit de commander [499] . » La
délégation est aux anges. Quel démocrate ! L’année suivante, un communiste
de Iouzovka (tout juste rebaptisée, en toute modestie, Stalino) vient au
Kremlin lui demander d’écrire une lettre aux ouvriers de la localité. Il refuse
en bougonnant : « Je ne suis pas un propriétaire terrien, et les
ouvriers de l’usine ne sont pas mes serfs. » Cette phrase enthousiasme les
ouvriers. « Elle leur confirmait, dit Khrouchtchev, le caractère
démocratique de Staline, son ouverture d’esprit et la juste compréhension qu’il
avait de sa vraie place. » Ce même mois pourtant, Tsaritsyne devient
Stalingrad…
    Khrouchtchev, quarante ans plus tard, n’est évidemment pas
dupe : « Staline était un artiste et un jésuite. Il savait jouer,
pour se montrer sous son meilleur profil [500] . »
De tous les membres du Bureau politique, il apparaît le plus proche de l’apparatchik
moyen et du délégué anonyme. Il est aussi accessible que Trotsky peut être
hautain et cassant. Il parle à ces cadres plébéiens, au niveau culturel et
théorique très bas, un langage aisé à comprendre. Tout problème est résumé en
quelques questions simples, et sa solution traduite en quelques formules
évidentes, qui vont de soi. Suivre Trotsky, Boukharine ou Kamenev, c’est une
autre paire de manches. Khrouchtchev est alors conquis par la simplicité de ses
manières, la brièveté des expressions et la netteté de la formulation des
tâches qui renvoient aux cadres du Parti une image sublimée d’eux-mêmes.
    Sous cette parade démocratique, Staline manipule les rouages
de l’appareil. Pour préparer la rupture prochaine avec Zinoviev et Kamenev, il
nomme l’intrigant Ouglanov, qui déteste Zinoviev et donc son ami Kamenev,
premier secrétaire du Parti à Moscou. Ouglanov y épure l’appareil du Parti,
déplace, révoque, mute les amis de Kamenev et les indécis. Le président du
soviet de Moscou se retrouve bientôt face à un appareil dressé contre lui. Mais
Staline se tient en retrait, et l’opération est menée sans tapage par un homme
dont il se débarrassera trois ans plus tard.
    Il conjugue ainsi habilement les manœuvres d’appareil avec
la mise en place d’un système idéologique cohérent répondant aux aspirations de
la bureaucratie naissante. N’abordant les questions politiques intérieures

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