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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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guerre menace se placent sur la
voie de la trahison de la révolution ». Trotsky ayant affirmé qu’en cas de
guerre Staline au pouvoir rendrait la victoire plus difficile, ce dernier l’accuse
de vouloir « ouvrir dans le Parti la guerre civile quand l’ennemi sera à 80 kilomètres
du Kremlin [552]  ».
    La psychose de guerre provoquée par Staline à seule fin de
paralyser l’Opposition a de graves conséquences : la population, affolée,
se rue sur les magasins et fait des provisions de sucre, de farine, de sel et
autres produits de première nécessité qui disparaissent des magasins d’État et
dont les prix grimpent au marché libre. Les queues s’allongent aux portes des
boutiques, le marché noir et la spéculation sur les marchandises déficitaires
fleurissent. Mais Staline est prêt à payer ce prix. Début juillet, il tombe
malade et reste alité. Dans une très courte lettre à Molotov, dix points, dix
lignes en tout, il suggère une idée pour se débarrasser de Trotsky : « Il
faudrait l’envoyer au Japon [553] . »
Comme ambassadeur ? Il ne le précise pas. Il part alors pour Sotchi, dans
la datcha dite Iouzanovka, le 11 juillet 1927. Il se plaint toujours
de douleurs musculaires dans les membres. Valedinski l’examine par trois fois
mais trouve son état normal. Staline écrit à Molotov que, dès son retour, il « s’efforcera
de démontrer que notre politique a été et reste la seule correcte. Je n’ai
jamais été aussi profondément et aussi fermement convaincu de la justesse de
notre politique en Chine […] que maintenant. » La formulation prudente et
rarissime sous sa plume, « s’efforcer de démontrer », révèle une
incertitude, voire une inquiétude, qui l’amène à redoubler ses coups contre l’Opposition.
Dans cette même lettre, il affirme d’ailleurs : « Il faudra bientôt
poser la question de notre sortie du Kouomintang [554] . »
    La direction du Kouomintang le prend une fois de plus de
vitesse. Quinze jours après, le 26 juillet 1927, elle déclare en
effet hors la loi le parti communiste, exclut, arrête, emprisonne et parfois
liquide ses militants. Staline n’a pas cherché cette défaite, qui lui permettra
pourtant de consolider son pouvoir. Il a cru manœuvrer Tchang Kai-shek, comme
il s’y emploie avec ses alliés et rivaux du Parti, mais ces derniers ne
représentent qu’un courant dans l’appareil du Parti, alors que Tchang Kai-shek,
lui, représente les possédants chinois. Appuyé sur cette force et sur les
puissances coloniales, c’est lui qui a roulé Staline.
    C’est de cette époque que datent les premiers souvenirs de
sa fille sur l’existence joyeuse que mènent son père et sa mère en fin de
semaine et les jours de fête ou d’anniversaire à Zoubalovo. Boudionny apporte
son accordéon, l’instrument populaire russe. Avec lui, Vorochilov, Staline,
Ordjonikidzé et sa femme Zina, très liée à Nadejda Alliluieva, tout comme
Pauline Jemtchoujina, la femme de Molotov, dont la villa est voisine, chantent
à tue-tête des chansons russes et ukrainiennes. On danse au son de l’accordéon
ou des disques que Staline met sur son gramophone. Boukharine se joint souvent
à la compagnie et apporte à la villa des couleuvres, des hérissons, un
épervier, un renard apprivoisé – qui lui survivra. Il joue avec les
enfants. Par beau temps, tout le monde pique-nique dans les environs.
    Mal remis de ses émotions chinoises, Staline s’occupe du
front intérieur. Il revient à Moscou, fin juillet, pour participer à la réunion
du Comité central et de la commission de Contrôle du 29 juillet au 9 août.
Les échanges sont violents. Molotov traite Trotsky de « Clemenceau d’opérette »,
Trotsky qualifie de « canaille » Vorochilov qui l’a accusé d’avoir
fait fusiller des commissaires politiques pendant la guerre civile, Zinoviev
qualifie Molotov de « bureaucrate obtus [555]  »
… Staline, olympien, ne participe pas à ces échanges d’amabilités. Il se
réserve la mise à mort politique.
    À la fin du mois d’août, il programme une offensive couplée
contre les ouvriers, l’appareil des syndicats tenu par Tomski, et les « droitiers »
qu’il accuse d’étroitesse corporative. Dans le cénacle de l’appareil, il lance
une nouvelle théorie : les ouvriers gagnent trop, ils perçoivent un
salaire « à l’américaine », que les responsables syndicaux ont
dissimulé. Staline ajoute au salaire réel

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