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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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individuelles » et rejette toute accélération de
l’industrialisation. Il a, sur ce point, l’oreille d’une bonne partie des
cadres, mais Boukharine, homme de convictions et piètre politicien, dénonce l’hypertrophie
de l’appareil bureaucratique : « Dans les pores de notre gigantesque
appareil se sont nichés des éléments de dégénérescence bureaucratique
absolument indifférents aux intérêts des masses, à leur vie, à leurs intérêts
matériels et culturels. » L’appareil, édifié pour remplacer les petits
producteurs, est « si colossal que la dépense nécessaire à son entretien
est incomparablement plus importante que les dépenses improductives qui
résultent des conditions anarchiques de la petite production » et freine
le développement des forces productives. Il invite donc les ouvriers à « détruire »
cet appareil – lequel ne peut dès lors voir en lui qu’un ennemi.
    Cet appareil bureaucratique se développe en effet dans un
désordre et une gabegie fantastiques. Le circuit du ravitaillement en est un
des meilleurs exemples. Les coopératives d’achat collectent les produits auprès
des paysans, les recensent, les transmettent aux sections du commissariat à l’Approvisionnement
qui les centralisent, les recensent à nouveau, puis les ventilent aux
coopératives de vente, qui recensent et vendent… ce qui reste. Dans ce circuit,
en effet, des tonnes de marchandises disparaissent, perdues, détournées ou
pourries, mais figurent néanmoins dans les statistiques de production et d’achat,
bien que personne n’en ait jamais consommé la majorité. Le gâchis décuple la
pénurie.
    Avant d’engager publiquement la lutte contre les « droitiers »,
Staline veut nettoyer la place et d’abord le Comité de Moscou, dirigé par le
boukharinien Ouglanov flanqué de Martemian Rioutine, ancien dirigeant du soviet
de Kharbine en 1917. Cet homme rugueux et déterminé, fer de lance de la lutte
antitrotskyste à Moscou, critique ouvertement le virage de Staline vers la
collectivisation. Procédant par étapes, Staline le démet le 16 octobre, en
feignant de ménager Ouglanov, lui aussi réticent, mais silencieux, à condition
qu’il cautionne le limogeage de son adjoint. À la réunion du comité de Moscou,
le 18 octobre, Ouglanov reproche à Rioutine d’avoir déclaré : « Nous
savons que Staline a ses défauts, dont a parlé Lénine. » C’est inacceptable,
dit Ouglanov, « parce que les trotskystes nous ont dit la même chose avant [585]  ». Le
lendemain, Staline descend au Comité de Moscou jouer les apaiseurs. L’entente
règne, dit-il, au Bureau politique, dont tous les membres sont d’accord entre
eux. Il limoge Ouglanov un mois plus tard.
    Sa brutalité ne s’exerce pas seulement en politique. Son
fils Jacob en sait quelque chose. Svetlana souligne sa froideur glaciale avec
lui, son attitude de despote. Il refuse de l’aider : « Jacob se
sentait auprès de son père dans la situation d’un paria [586] . » Jacob
désire mener une vie indépendante, il l’excommunie ; il épouse une jeune
Zoia, Staline refuse de la rencontrer. Tyran domestique, Staline coupe les
vivres à son fils. Le 9 avril 1928, il écrit à sa femme : « Transmets
à Iacha de ma part qu’il s’est comporté comme un hooligan et un maître chanteur
avec qui je n’ai et ne peux rien avoir de commun. Qu’il vive où il veut et avec
qui il veut [587] . »
Jacob tente de se suicider. La balle frôle le cœur. Il mettra longtemps à se
rétablir. Staline se montre encore plus dur avec lui après ce suicide raté, qui
ne lui inspire que des sarcasmes. La fille de Rykov, alors âgée de 10 ans,
fait également l’épreuve de sa dureté. Un soir que le Bureau politique
restreint est réuni chez son père, Staline, pour contraindre la fillette à
quitter la salle, lui prend le nez entre les doigts et le lui tord violemment.
    L’affrontement qui mûrit avec la majorité de la paysannerie
suscite de vives tensions dans le Parti, dont de nombreux cadres, influencés
par les « droitiers », font le gros dos. Or, Staline ne peut admettre
de flottement dans les rangs. C’est alors qu’il décide de se débarrasser de
Trotsky, qui, de son exil à Alma-Ata au fin fond du Kazakhstan, inspire et,
avec son fils, Léon Sedov, organise l’Opposition de gauche. Le 26 novembre 1928,
il fait condamner par le Bureau politique « l’activité
contre-révolutionnaire de

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