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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Peuples les perspectives éblouissantes de la construction du
socialisme grâce au labeur des détenus […] au rythme des bouffées que son
interlocuteur tire de sa pipe [596]  ».
Mais cette conversation n’est qu’une fantaisie littéraire. Staline n’avait nul
besoin d’un « juif de Turquie » pour inventer le Goulag.
    Le plan quinquennal prévoyait qu’à la fin de 1932 15 %
seulement des terres arables seraient collectivisées. Mais les réquisitions et
la pression fiscale accrue sur la paysannerie décidées en 1928 et 1929 restent
inefficaces : au début d’octobre 1929, les stocks de grains dans les
greniers de l’État sont de 20 % inférieurs aux rentrées, déjà peu
brillantes, d’octobre 1928. L’État reste subordonné aux paysans qui
produisent un surplus commercialisable : sur toute l’année 1929, en
effet, les kolkhozes ne récoltent que 27 millions de quintaux de céréales
sur un total de 717 (soit moins de 4 % de la production agricole totale).
Afin de contraindre les paysans à entrer dans les kolkhozes, le gouvernement
écrase d’impôts les fermes individuelles classées « koulaks ». Cette
pression fiscale pousse les paysans aisés ou riches à y échapper en vendant
leurs biens. Le résultat est décevant.
    En novembre 1929, Staline salue l’anniversaire de la
révolution par la fuite en avant de la collectivisation forcée et totale. Son
article, « Le Grand Tournant », paru dans la Pravda du 7 novembre,
annonce que les paysans, dans leur masse, se tournent vers les kolkhozes et
affirme : « Nous sommes déjà sortis de la crise du blé. » En
avant, donc, vers la collectivisation des terres, de l’outillage, du bétail, de
la volaille, des isbas, voire… des bottes.
    Le Comité central, réuni trois jours plus tard, prend acte
de cette décision et exclut Boukharine du Bureau politique. À la veille de l’affrontement
avec la majorité de la paysannerie, un nouveau rapport s’instaure entre Staline
et le Comité central : le Chef décide, le Comité central confirme.
Bonaparte perce déjà sous le Secrétaire. En décembre 1927, Tomski
prétendait : « Staline ne se complaît nullement dans le rôle de chef »
et raillait les opposants qui imaginaient « au-dessous de lui l’appareil
des fonctionnaires tremblant devant le Secrétaire Staline ». En deux ans,
la mutation du Secrétaire général en chef unique, incarnant à lui seul le
Comité central et bientôt le Bureau politique, s’achève.
    Staline décrète alors la « liquidation des koulaks en
tant que classe [597]  ».
Mais qu’est-ce qu’un koulak ? En mars 1929, le gouvernement avait
décidé de classer comme koulak tout fermier caractérisé par l’un des traits
suivants : embauche permanente de salariés (sans précision de nombre),
possession d’un moulin, d’une beurrerie, d’une arçonnerie, d’une râperie, ou d’une
sécheuse de pommes de terre, de fruits ou de légumes actionnée par un moteur ou
un moulin à eau ou à vent, louage de machines agricoles à moteur, louage d’un
local, pratique du commerce, de l’usure, ou jouissance de revenus ne provenant
pas du travail. Ces critères permettent de classer « koulaks » un
grand nombre de paysans dits « aisés » ou « moyens », en
somme de ratisser très large. L’écrivain communiste Cholokhov, indigné par ce
qui n’est pourtant qu’une faible amorce de la collectivisation totale
prochaine, en informe une de ses amies, membre du Parti depuis 1903,
Levitskaia, qui transmet une copie de sa lettre à Staline. Il compare les
communiqués triomphants des autorités aux communiqués mensongers des Blancs
pendant la guerre civile. Dans sa région du Don et dans la Basse-Volga voisine,
« les paysans pauvres meurent de faim, les gens deviennent enragés ».
Il annonce pour l’année suivante la diminution catastrophique des surfaces
ensemencées et cite les propos de trois anciens soldats de l’Armée rouge qui
sont venus le voir après avoir été dépouillés de tout par les
activistes-collectivisateurs : semences, vêtements, samovar pour faire
bouillir l’eau du thé. Ils n’ont laissé que les murs de la maison. Ils ont
envoyé un télégramme à Kalinine : « On nous a dépouillés pire que les
Blancs en 1919 », et ils ajoutent en souriant amèrement à Cholokhov :
« Les Blancs nous avaient pris seulement notre pain et nos chevaux, et
notre pouvoir à nous nous a complètement

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