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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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dépouillés. » Kalinine et Staline
reçoivent des milliers de télégrammes de ce type. Levitskaia, dans la copie
transmise au Chef, supprime le dernier et violent paragraphe de la
lettre : « Artem [Vessioly] a bien raison de dire : "Il
faudrait les passer sérieusement au tamis." Je signe ça : il faudrait
les passer tous au tamis, y compris Kalinine, tous ces gens qui braillent de
façon hypocrite et pharisienne sur l’alliance avec le paysan moyen et en même
temps étranglent ce paysan moyen [598] . »
Cette « alliance » était depuis le début des années 1920 la
formule sacramentelle de la politique agricole du gouvernement et Trotsky s’était
vu reprocher de la briser et de menacer ainsi la stabilité de l’État…
    Pour le subordonner entièrement aux besoins de l’État
soviétique, Staline parachève sa mainmise sur l’appareil du Comintern : le
1 er  mars 1929, il se fait désigner comme orateur à la
réunion du Comité exécutif consacrée au dixième anniversaire de l’Internationale.
Le 7 juin 1929, la commission de préparation de l’assemblée plénière
du Comité exécutif l’élit à son présidium. En juillet 1929, le Comité
exécutif du Comintern exclut de son présidium Boukharine et son partisan
américain, Jay Lovestone, homme d’appareil, spécialisé dans la chasse aux
opposants, qui vient de réunir un congrès où il contrôlait 95 des 104 délégués.
Staline a convoqué Lovestone à Moscou pour le détacher de son maître ; il
tente d’abord de l’amadouer, puis se fâche, lui explique que sa majorité va s’évanouir
et lui lance : « Pour qui donc vous prenez-vous ? Trotsky m’a
défié. Où est-il ? Zinoviev m’a défié. Où est-il ? Boukharine m’a
défié. Où est-il ? Et vous ? » Il ricane : « Il y a
beaucoup de places dans nos cimetières [599] . »
Revenu chez lui, Lovestone trouve sa majorité en miettes. Les coups, le
chantage, les persécutions, les dénonciations en ont eu raison.
    Pour se soumettre le Comintern, Staline cherche et trouve
partout des cadres traînant dans leur passé une faute ou une défaillance, même
vénielle, que les contrôles systématiques, la rédaction constamment renouvelée
de fiches détaillées dites « bio » permettent de retrouver. Isaac
Babel dira bientôt de lui : « Staline n’aime pas les biographies sans
tache. » Staline a ses rabatteurs pour débusquer les entachés. En France,
ils s’intéressent à Maurice Thorez qui, emprisonné en juin 1929, a demandé
sa sortie de prison et payé la caution exigée sans solliciter au préalable l’autorisation
réglementaire du Bureau politique. On peut tout supposer derrière cette infraction
à la règle. En Allemagne, il promeut Ernst Thaelmann, ancien ouvrier
enthousiaste, fruste et inculte, qui a protégé l’indélicat trésorier de la
section de Hambourg du Parti, Wittorf, ancien docker qui dépensait l’argent des
cotisations dans les boîtes de nuit et les salles de jeu. La direction du Parti
communiste allemand a désavoué publiquement Thaelmann, Staline la condamne et l’oblige
à annuler sa décision. Il promeut aussi Wilhelm Pieck, arrêté le 15 janvier 1919
avec Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht par les corps francs qui ont assassiné
les deux dirigeants et relâché Pieck, pas assez connu. Bref, Staline s’attache
des cadres fragilisés. Le seul critère qui compte à ses yeux est la docilité. C’est
ainsi qu’il domestique et stalinise le Comintern.
    La « liquidation des koulaks comme classe », c’est-à-dire
la traque de millions de paysans, exige une répression massive, et l’industrialisation
forcenée sans machines réclame des bras à très bon marché. L’extension du
système des camps, joint à celui des « peuplements spéciaux » qui
chasse en Sibérie ou au Kazakhstan près de 1 800 000 paysans,
affectés à l’abattage des arbres, à la coupe du bois ou à l’extraction du
charbon, répond à une double fonction : la terreur de masse pour briser la
résistance paysanne et l’utilisation économique du travail forcé. Staline
brandit sur la population laborieuse la menace de la déportation pour lui
imposer des salaires très bas et des conditions de logement et d’alimentation
déplorables. Le déchaînement de la Terreur fait du Guépéou l’instrument
essentiel de Staline, qui lui confie des tâches répressives et économiques
considérables ; l’appareil policier en tire

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