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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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de substantiels avantages
matériels et politiques et devient la colonne vertébrale de la caste bureaucratique.
Commence alors l’ascension de Iagoda, vice-président du Guépéou, dont le
président, Menjinski, malade, agonise lentement jusqu’en mai 1934.
    La discussion politique, étouffée, se maintient sous la
forme de débats scolastiques pour initiés, de rumeurs et de ragots colportés
par des cliques et des clans qui se déchirent sous le voile de l’unanimité.
Chatzkine et Lominadzé, enflammés par la collectivisation, veulent relancer la
campagne pour l’autocritique. Le premier publie, dans la Komsomolskaia
Pravda du 18 juin 1929, un article virulent, « À bas l’esprit
bourgeois dans le Parti », que, de Sotchi, Staline fait condamner par le
Bureau politique le 22 juillet. Dans une lettre à Molotov, il écume :
« C’est un défi direct au Comité central. » Il dénonce tout un groupe
composé de Chatzkine, Averbakh (le chef des écrivains « prolétariens »),
Sten et Lominadzé. Ces gens-là, dit-il, « exigent (fondamentalement) la liberté de réexaminer la ligne générale du Parti, la liberté d’affaiblir la discipline
du Parti, la liberté de transformer le Parti en club de discussion ».
Staline souligne trois fois le mot « liberté [600]  ». Il exige
que l’on muselle ces bavards. Il ne sait pas que Lominadzé, dans des lettres à
Ordjonikidzé, critique sévèrement sa politique et le régime qu’il impose au
Parti.
    La moindre faille dans le dispositif du pouvoir l’inquiète.
Au lendemain du congrès régional des soviets de Moscou, fin septembre, Staline
explose et, de Sotchi, adresse une lettre à la fois furieuse et ironique à ses
lieutenants. Rykov n’a pas dit un mot de la lutte contre les « droitiers »,
s’insurge Staline. « Rykov apparemment est dégagé de cette obligation ?
Comment pouvez-vous supporter cette hypocrisie politique ? » Il
attend pour le chasser que le fruit soit mûr et conclut : ou Rykov dénonce
les « droitiers », ou il n’a pas le droit de parler au nom de la
direction. Puis il s’étonne que ce dernier continue à présider les séances du
Bureau politique. « Pourquoi admettez-vous cette comédie ? […] N’est-il
pas temps d’en finir [601]  ? »
Le sarcasme dissimule une crainte : en laissant Rykov présider ces
séances, les compagnons de Staline lui reconnaissent une légitimité. Or
Staline, pour qui un ancien adversaire battu n’est jamais un allié fidèle, veut
l’éliminer.
    Cet été, Nadejda le laisse seul à Sotchi à la fin d’août.
Elle rentre à Moscou se présenter aux examens de fin d’études à l’Académie
industrielle. Cette jeune femme obstinée tient à affirmer sa personnalité en
poursuivant ses études et à vivre normalement : c’est ainsi qu’elle se
déplace en tramway ou en autobus et ne prend de taxi qu’en cas de défaillance –
fréquente – des transports en commun. Staline rentre à Moscou au début d’octobre.
Pendant cet intervalle, il écrit à son épouse sept lettres, dont l’une s’est
perdue, d’une brièveté et d’une sécheresse extrêmes, ne demandant aucune
nouvelle des enfants. La plus courte fait deux lignes : « Tatka, j’ai
reçu la lettre. Est-ce qu’on t’a transmis l’argent ? Le temps ici s’est
amélioré. Je pense rentrer dans une semaine. Je t’embrasse fort. Ton Joseph [602] . » La plus
longue fait huit lignes. Dans celle du 1 er  septembre il se
plaint d’avoir frôlé une inflammation des poumons, il tousse tout le temps, sa
poitrine laisse échapper un râle suspect. Il lui demande de faire un saut à Sotchi
si elle parvient à se libérer six à sept jours.
    Les lettres de Nadejda sont nettement plus longues. Elle y
fait part de sa nervosité à la veille de ses examens, de son attente impatiente
des lettres de Joseph, et y évoque des problèmes sociaux ou politiques. Le 2 septembre,
elle souligne : « À Moscou il y a partout des queues, et pour le lait
et pour la viande surtout. C’est un spectacle désagréable, et surtout on
pourrait améliorer tout cela avec une organisation correcte [603] . » Une fois
même, elle lui expose longuement un problème politique : la persécution à
laquelle est soumis le rédacteur en chef de la Pravda, Kovaliov, pour un
article publié avec l’accord du comité de rédaction. Alors qu’il n’aime guère
que son épouse s’occupe de problèmes politiques, il lui

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