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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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« activistes », en
pillards et parasites, prêts à qualifier de koulak leur voisin afin de mettre
la main sur ses biens. Ceux-là formeront demain la couche inférieure de la
caste bureaucratique.
    Les vannes ouvertes, la violence ne connaît plus de limite.
La Sibérie, où Staline s’était rendu en janvier 1928, en illustre l’ampleur.
Dans le district de Biisk, dans l’Altaï, on collectivise et on « dékoulakise »
en vingt-quatre heures plusieurs centaines de villages : les activistes
raflent, surtout pour eux-mêmes, les biens des paysans baptisés « koulaks »
pour les besoins de la cause, les rouent de coups, les jettent nus dans la
neige. À Atchinsk, Minoussinsk, et dans plusieurs villages, des groupes d’activistes
violent femmes, filles, brus des paysans et rouent de coups ou abattent ceux
qui résistent. Violer une femme ou une fille de « koulak » en lui
promettant, si elle ne résiste pas, de ne pas déporter son mari ou son père est
un procédé des plus répandus dans cette version dégénérée de la lutte des
classes.
    Le journal d’Alexandre Soloviev, professeur à l’Académie
rouge, ardent partisan de Staline, donne un témoignage des résistances
suscitées dans le Parti lui-même par la collectivisation totale forcée. En février 1930,
on l’envoie enquêter à Khlebnikovo où viennent de se suicider les frères
Anikeiev, fils de paysans pauvres, ouvriers à l’usine de textile Krasnaia
Poliana, l’un président du soviet du village, l’autre président du kolkhoze.
Ils se sont suicidés, balbutie le second, alors qu’il agonise, pour protester
contre les méthodes de collectivisation totale du comité de district du Parti
qu’ils ont combattues en vain. Les dirigeants ont entassé tout le matériel
réquisitionné chez les paysans dans un hangar, le bétail à cornes dans un
second, les chevaux dans un troisième, les poules, les oies, les canards dans
un quatrième. Ils ont enfin entassé dans trois isbas les familles de « koulaks »
et de paysans moyens qui renâclaient devant la collectivisation, sans leur
donner à manger ni à boire. Laissées sans nourriture, les bêtes beuglent et
hennissent, la volaille piaille. Le village est en ébullition. Après avoir
recueilli les déclarations du frère cadet qui meurt sous ses yeux, Soloviev se
rend à l’usine de textile où les Anikeiev travaillaient depuis l’enfance :
« Tout le monde chante leurs louanges. Des travailleurs exemplaires. De bons
communistes [607] . »
Les ouvriers rendent responsables de la mort de ces militants les dirigeants du
district, qui « voulaient arriver en tête » dans la course à la
collectivisation pour être bien vus en haut. Des centaines de scènes de ce type
et des dizaines de suicides de frères Anikeiev se reproduisent aux quatre coins
de l’URSS.
    Au fur et à mesure de la « liquidation des koulaks »,
les autorités locales, de plus en plus incapables de trouver des exploitations « koulaks »,
y classent, pour échapper à la vindicte de Staline, des fermes de paysans
(très !) moyens. La « dékoulakisation » visant à terroriser la
masse des paysans, le gouvernement déporte 356 500 familles « koulaks »,
soit environ 1 800 000 personnes, dans des régions lointaines et
désertiques de Sibérie et du Grand Nord qu’elles devront mettre en valeur.
    Un véritable incendie embrase les campagnes, que les rumeurs
engendrées par la brutalité de la collectivisation étendent. Ainsi, à Pitelino,
dans le district de Riazan, le bruit court en février 1930 que Staline a
décidé de socialiser jusqu’aux femmes et aux enfants : les paysans
empoignent leurs faux et leurs haches et attaquent les locaux de l’administration.
En 1929, le Guépéou dénombre 1 300 émeutes paysannes ; en 1930,
il condamne 20 000 émeutiers à mort. Au premier trimestre de la même
année, il dénombre plus de 2 200 soulèvements auxquels plus de 800 000 paysans
ont pris part. Dans les régions frontalières de l’Ukraine, les paysans
constituent des détachements armés et élisent de nouveaux soviets ou
municipalités. La guerre civile ravage le Caucase du Nord.
    La crainte d’une insurrection paysanne généralisée pousse
Staline à marquer une pause. Le 2 mars, la Pravda et les autres
grands quotidiens publient de lui un article resté célèbre, intitulé « Le
vertige du succès », où il accuse les cadres moyens du Parti, enivrés par
le

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