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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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comptent plus que le résultat réel.
Au congrès de juin, Staline a réévalué à la hausse les objectifs du plan
quinquennal : par an, 17 millions de tonnes de fonte, 170 000 tracteurs,
200 000 véhicules automobiles, et le reste à l’avenant. Malgré les
pourcentages mirobolants d’augmentation de la production industrielle, dus
surtout à un afflux de main-d’œuvre paysanne déclassée et affamée, le plan
quinquennal est à la dérive. Sans compter que les chiffres officiels
dissimulent l’ampleur de la partie inutilisable de la production –
toujours comptabilisée – et la chute de la productivité du travail. Mais
au même moment, au-delà des frontières de l’URSS, la crise mondiale du système
capitaliste, accélérée par le krach du jeudi noir d’octobre 1929 à la
Bourse de New York, multiplie les faillites bancaires et industrielles dans le
monde et suscite une vague de chômage qui ébranle l’Europe et surtout l’Allemagne.
Cet effondrement valorise, par comparaison, les pourcentages grandioses de la
production industrielle soviétique. Mais la réalité est plus grise. La remise
en cause permanente et démesurée des objectifs imposée par Staline disloque la
planification, provoque une disproportion croissante entre les diverses
branches de la production et suscite partout des goulots d’étranglement, des
arrêts temporaires de la production et la multiplication de produits non finis,
livrés néanmoins comme finis et donc inutilisables.
    Staline s’en moque. Ce volontarisme ne lui permet-il pas de
tenir en haleine des cadres constamment confrontés à des objectifs
inaccessibles ? Pour la propagande, les objectifs tiennent lieu de
résultats, alors que les distorsions entre les diverses branches de la
production s’aggravent et que l’inflation galope : en 18 mois, de décembre 1928
à juillet 1930, le gouvernement émet plus de billets que prévu pour toute
la durée du plan quinquennal. La hausse effrénée des objectifs à atteindre dans
tous les secteurs entraîne l’ouverture simultanée d’une multitude de chantiers
inachevés. Pour éviter la paralysie, le gouvernement injecte des
investissements gigantesques, financés par une ponction sévère sur la
population laborieuse et le fonctionnement à tout va de la planche à
billets : les investissements passent de 11,5 % du revenu national en
1929 à 16,5 % en 1930, 19,6 % en 1931, et 20,2 % en 1932.
Pendant ce temps, le niveau de vie des ouvriers diminue de moitié.
    Une lettre désespérée d’ouvriers de l’usine d’Ijevsk, dans l’Oural,
demandant à Rykov, en août 1930, au nom des 50 000 ouvriers de l’usine,
de les « sauver de la faim », donne une idée des conditions de vie d’alors :
« Les cantines ferment, on nous donne de l’eau avec du gruau d’avoine, et
un peu de pain. Dans les magasins, on nous donne une demi-livre de pain noir ou
de farine par individu et, depuis un mois, on ne nous donne rien de plus. Nous
sommes boursouflés par la faim, nous n’avons pas la force de travailler. Les
ouvriers abandonnent la production, ils vendent tout ce qu’ils ont uniquement
pour nourrir leurs enfants [630] . »
Le journal de Soloviev dresse le même tableau. En date du 18 novembre 1931,
il note : « Il n’y a rien dans les magasins. Même les rations
indiquées sur les cartes de ravitaillement et les cartes de travail ne sont pas
couvertes. Les bazars sont morts. Il y a des queues colossales dans l’attente
qu’une marchandise fasse son apparition […]. Les tramways ne marchent plus. Les
wagons restent immobiles dans les rues. On se déplace à pied. Partout des
retards au travail. Le moral de la population est sombre [631] . » Et il s’agit
là de Moscou. Un an et demi plus tard, le 26 avril 1933, une amie, de
retour du Kouban, lui déclare : « Ce pays toujours fertile est
aujourd’hui en proie à la famine ; il n’y a rien dans les magasins ni dans
les marchés. Les gens à bout de force meurent de faim en pleine rue. Les champs
sont envahis par le chiendent [632] . »
    Staline joue de la provocation pour intimider les éléments
flottants, hésitants ou incertains. Dès janvier 1930, il élabore la
première version des médecins-assassins, dont il reprendra le scénario au
troisième procès de Moscou, en 1938, et, en 1953, lors du « complot des
blouses blanches ». Il commandite en Ukraine le procès d’un groupe de
médecins. Le 2 janvier 1930, il

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