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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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un « complot contre-révolutionnaire ».
L’exclusion sera votée malgré l’opposition courageuse, mais solitaire, de son président
Karpinski. Le 8 août 1931, le Guépéou exile Platonov à Samara et
Tarlé à Alma-Ata, où il pourra lire, en octobre 1931, dans le numéro 6
de la revue Proletarskaia Revolioutsia, une lettre de Staline « Sur
quelques questions de l’histoire du bolchevisme ». Évoquant l’« article
antiparti et semi-trotskyste » consacré par un certain historien à la
social-démocratie allemande à la veille de la guerre, il dénonce Rosa Luxemburg
et Trotsky, affirme que « le trotskysme » est « un détachement d’avant-garde
de la bourgeoisie contre-révolutionnaire qui mène le combat contre le
communisme, contre l’Union soviétique, contre l’édification du socialisme en
URSS ». Il dénonce la « contrebande trotskyste » dans l’histoire
du bolchevisme, dont il expose à grands traits assez vagues la révision
indispensable. Sa normalisation de l’histoire n’épargne personne puisqu’il
conclut sa lettre par une critique de Iaroslavski, son fidèle thuriféraire, « dont
les petits livres sur l’histoire du PC russe, malgré leurs mérites, contiennent
toute une série d’erreurs de caractère principiel et historique [649]  », que
Staline ne précise pas. Plus une menace est imprécise, plus elle intimide. Un
an plus tard, Tarlé est rappelé d’Alma-Ata, convoqué au Kremlin et invité à
participer au Conseil scientifique supérieur. Il entreprend alors une
biographie de Napoléon, qui sera publiée à la fin de 1936. Ce rappel coïncide
avec la disgrâce de l’historien marxiste, antitsariste, le vieux bolchevik
Pokrovski, vice-commissaire à l’Instruction publique, qui aura la bonne idée de
mourir en 1932, avant l’avalanche d’articles, de brochures puis de livres
dénonçant ses conceptions et son école. Sa descente aux enfers est parallèle à
la montée de Tarlé au zénith.
    Staline ne se contente pas de remodeler l’histoire en
fonction de ses besoins de l’heure, il dessine les contours d’une véritable
restauration qui anticipe, dans le domaine idéologique, des décisions
ultérieures, prises très progressivement, telles que la dissolution du
Comintern, le rapprochement avec l’Église, l’antisémitisme d’État, la
reconstitution des tribunaux d’honneur tsaristes ou du Conseil des ministres,
etc. En effectuant ce lent virage, il dénonce certaines figures emblématiques
(comme Pokrovski) et en promeut d’autres (comme Tarlé) ; mais, dans le
combat politique, il se moque des opinions réelles de ceux qu’il élimine. Son
élévation au-dessus du parti unique et de ses instances mêmes criminalise toute
autre opinion que la sienne. La victime désignée, aussi étrangère soit-elle au « trotskysme »
visé, sera néanmoins cataloguée puis liquidée comme telle. Cette mise à mort
politique se muera en extermination physique lorsque Staline passera de l’accusation
de double jeu à celle de complot.
    Au début d’août 1930, Staline part à nouveau en vacances
dans le Sud. Il passe quelques semaines à Matsesta, où, à dater de ce moment et
jusqu’en 1936, il est soigné par le jeune médecin Miron Chneiderovitch. Il boit
volontiers le thé avec lui, et le médecin s’extasie à l’occasion sur sa
modestie devant ses chaussettes reprisées et ses bottes rapiécées. Staline est
plein d’attentions pour le jeune médecin. Vassili Staline, qui souvent le
ramène chez lui, conduit comme un fou et Chneiderovitch tremble de peur.
Staline, l’apprenant, confie à un chauffeur le soin de reconduire le médecin,
que cette délicatesse émeut. Vorochilov et Gorki viennent voir Staline à
Sotchi. Puis il part quelque temps dans la petite station géorgienne de
Tskhaltoubo, où il fait la connaissance du jeune chef du Guépéou de
Transcaucasie, un petit homme à pince-nez et au sourire sournois, Lavrenti
Beria. Il retourne à Sotchi jusqu’à la fin de septembre.
    Les signes de tension, d’hésitation, de trouble, manifestés
par son groupe au moment de la collectivisation montrent à Staline l’urgence d’une
épuration générale du Parti afin d’obtenir de lui une soumission
inconditionnelle. De 1929 à 1931, plus de 250 000 adhérents sont
exclus pour « déviation droitière » ou « trotskysme ». Au
Comité central de la mi-décembre, Kouibychev, en l’occurrence simple
porte-parole de

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