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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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 conférence
nationale du Parti (30 janvier-4 février 1932), il se tait. Le 7 novembre 1931,
il assiste bien à la parade militaire qui commémore la révolution d’Octobre,
mais c’est Vorochilov qui harangue les troupes. Son silence désoriente l’appareil,
inquiet, dont il observe les réactions. Cette période de semi-retrait apparent
dure près d’un an et demi. C’est pendant ces mois de discrétion qu’il fait
ouvrir par le Guépéou de nouveaux camps pour l’abattage du bois et la
construction de lignes de chemin de fer en Sibérie et d’usines. En novembre 1931,
le Guépéou crée le Dalstroï, complexe de camps chargé d’extraire des minerais,
surtout de l’or, de Kolyma, vaste région désertique du nord-est de la Sibérie.
L’extraction de l’or y passera de 11,5 kilogrammes en 1928 à 48 tonnes
en 1937. La création du camp permet donc un changement d’échelle. Mais son
fonctionnement laisse à désirer. Un rapport officiel souligne la surpopulation,
les épidémies, la sous-alimentation chronique, la forte mortalité et la très
basse productivité du travail. Alors que les rations alimentaires officielles
sont réduites au minimum, en 1932, les détenus ont reçu (officiellement !)
68 % de leur ration de pain, 23 % de leur ration de viande, 10 %
de leur ration de poisson (réduit aux arêtes et à la tête), 16 % de leur
ration de céréales, 4,7 % de leur ration d’huiles végétales, 58 % de
leur ration de sucre. C’est la famine organisée.

CHAPITRE XVII
L’année noire
    À la fin de 1931, Staline semble avoir gagné politiquement
sa guerre contre la paysannerie. Mais le prix à payer est lourd : au cours
des deux années écoulées, de 350 000 à 380 000 (au gré des
statistiques) familles koulaks, soit au bas mot 1 800 000 personnes,
ont été déportées dans l’Oural, en Sibérie, au Kazakhstan, dans le Grand Nord, 1 million
de paysans environ ont fui la campagne pour travailler sur les grands chantiers
ouverts par l’industrialisation. Un peu plus de 400 000 familles ont,
par ailleurs, été déplacées au sein de leur province sur des terres infertiles
à défricher, soit 2 millions d’individus, dont beaucoup ont, eux aussi,
fui vers les villes. Ces « peuplements spéciaux », composés de
véritables déportés, sont assignés à leur lieu d’exil, abattent et découpent
des arbres, extraient du charbon, cultivent une terre ingrate, logent dans des
baraques ou sous des tentes par des températures qui peuvent descendre jusqu’à
–50° l’hiver. Au début de 1933, le vice-commissaire du NKVD lui-même souligne
que leur sous-alimentation provoque une mortalité massive due au scorbut et au
typhus. Il demande la livraison immédiate de 500 tonnes de farine au
minimum pour sauver 45 000 enfants d’une mort inéluctable.
    Les conséquences de la collectivisation forcée sur la
production agricole sont connues : les paysans ont abattu près de la
moitié du cheptel, la récolte a baissé d’un bon tiers en 1930, la disette rôde
dans les campagnes.
    Staline décide pourtant d’achever pour l’essentiel la collectivisation
totale et la liquidation des koulaks en tant que classe en 1932. Les paysans se
mobilisent une dernière fois pour résister. Dans la région des terres noires,
des groupes d’insurgés réclament des kolkhozes entièrement autonomes dirigés
par les kolkhoziens eux-mêmes et non par des communistes. Staline écrit alors à
Syrtsov et à Eikhe : « Nous ne pouvons pas importer du blé car nous
avons peu de devises. De toute façon, même si nous en avions, nous n’importerions
pas de blé, car l’importation de blé sape notre crédit à l’étranger [653] . » La
propagande prime tout.
    De 1928 à 1932, l’industrialisation accélérée a fait affluer
dans les villes, ainsi à demi ruralisées, plus de 12 millions d’habitants
supplémentaires, mais la priorité budgétaire absolue accordée aux grands
chantiers et à la fabrication de moyens de production a interdit la
construction de logements. Les rares foyers sont surpeuplés, sales,
malodorants, envahis de poux, de blattes, de punaises et de puces. Les
travailleurs qui s’embauchent sur les chantiers et dans les usines s’installent
dans de vieux wagons désaffectés, dorment dans les ateliers ou dans les gares.
À Novokouznetsk, en 1932, la surface moyenne habitée par individu (en comptant
les zemlianki) est de 1,27 m [654] .
Les parties

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