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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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un lèche-bottes comme il y en a tant [640]  » ?
Staline répond par retour : il a transmis cette lettre au Bureau
politique. Boukharine, mécontent, demande à publier un texte dans la Pravda  ;
le lendemain, Staline soumet la question au Bureau politique qui invite
Boukharine à adresser à la Pravda une déclaration d’allégeance
condamnant le groupe Syrtsov-Lominadzé. Boukharine s’exécute. Pour lui, comme
pour beaucoup d’autres vieux bolcheviks, en dehors du Parti, point de salut.
Ils vont bientôt périr avec lui.
    Les consignes que Staline donne à Molotov à propos du procès
se concentrent sur un point : « Faire de la question de l’intervention
[militaire contre l’URSS] et de la date de l’intervention l’un des points
cruciaux. » Il ordonne de « serrer la vis » aux accusés, de « les
interroger plus rigoureusement [641]  »,
pour leur faire avouer leur complicité dans l’attaque de l’URSS par les
puissances étrangères et les dates prévues. Il pourra ainsi développer la
psychose de guerre et qualifier de traître tout opposant.
    La normalisation aux sommets répond au malaise grandissant à
la base. Kalinine reçoit, au début de 1930, des lettres menaçantes : « La
paysannerie est mécontente de votre Staline. Vous avez conduit le pays à sa
perte. » Un membre du Parti démissionne en dénonçant les « lâches
concessions du Comité central de la bureaucratie bolchevique » et « le
gouvernement qui accomplit en pleine inconscience les volontés du monarque
Staline » ; il accuse « l’usurpateur Staline d’être responsable
de la collectivisation forcée de cet hiver [642]  ».
Le 19 septembre 1930, 273 ouvriers représentant des travailleurs
des diverses usines de la ville de Podolsk, dans la banlieue de Moscou, et de
plusieurs usines de Moscou même, se réunissent et adoptent une adresse aux
chefs de l’État (Kalinine, Rykov et Vorochilov). Ils accusent Staline d’avoir, « après
deux années de pouvoir absolu incontrôlé, amené l’État à une situation pire qu’en
1919 […] et réduit à néant par son activité criminelle tout ce que Lénine avait
obtenu en deux ans ». Ils exigent que « Staline soit immédiatement
écarté de la direction des affaires du pays et déféré devant un tribunal d’État
pour répondre de ses crimes innombrables contre les masses prolétariennes [643]  ». Une
telle réunion suppose un réseau organisé et révèle l’ampleur du mécontentement
ouvrier. Le Guépéou déporte ces 273 ouvriers, étiquetés trotskystes et SR.
Et Podolsk n’est pas un cas unique.
    La lutte politique ouverte étant désormais interdite,
certains opposants pensent à l’attentat. Varlam Chalamov, arrêté par le Guépéou
à l’automne 1929 et incarcéré à la prison de Boutyrki, s’enthousiasme pour
cette idée dont lui parle un vieux socialiste-révolutionnaire. Un membre de l’Académie
communiste, Sorokine, se déclare prêt à devenir un « second Brutus ».
Staline, en tout cas, craint l’attentat et projette cette peur sur les groupes
que le Guépéou démantèle. Quatre cadres communistes du Caucase du Nord
dénoncent, dans un manifeste, la dictature du groupe stalinien, appuyé sur le
Guépéou. Ils lui reprochent d’avoir liquidé l’Union des ouvriers et des paysans
léguée par Lénine et d’y avoir substitué sa propre dictature, et lancent un
appel aux cosaques et aux paysans. Après la révolution qu’ils ont faite « pour
se libérer du joug séculaire du tsarisme et du capital », ils sont aujourd’hui
dépouillés et pillés impunément, expliquent-ils, « au nom du socialisme
par un groupe insignifiant d’individus dit parti des communistes, qui a
concentré le pouvoir entre ses mains [644]  ».
    Ces regroupements sont d’autant plus dangereux que l’agitation
paysanne reprend. En Tchétchénie, en mars-avril 1930, le Guépéou doit
utiliser l’artillerie et l’aviation pour écraser plusieurs foyers d’insurrection.
Matée, la rébellion couve encore et se rallumera deux ans plus tard,
entraînant, selon le Guépéou, plus de 3 000 hommes. Certains groupes
s’affirment favorables à la collectivisation, mais rejettent ses méthodes.
Ainsi, en juillet 1931, le Guépéou découvre en Arménie un groupe dirigé
par plusieurs dirigeants communistes locaux, qui lance trois slogans bien accueillis
par la population : 1 o  changer la politique du Parti ;
2 o  cesser la

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