Staline
collecte de grains ; 3 o changer
les dirigeants en commençant par Moscou [645] .
Des détachements du Guépéou les massacrent.
La reprise de l’offensive antipaysanne et la grogne ouvrière
exigent un appareil monolithique. Staline réorganise donc son appareil central.
En juillet 1930, il place à la tête du département secret du Comité
central, auquel est dévolu de fait, depuis mars 1926, le secrétariat du
Bureau politique, un fidèle à toute épreuve, Alexandre Poskrebychev. Ce fils de
savetier, aide-soignant de son éphémère métier, terne fonctionnaire au crâne
chauve comme une boule de billard, n’a jamais joué le moindre rôle dans la
révolution, dans la guerre civile ou au sein du Parti ; il occupera
pourtant ce poste jusqu’à la mi-novembre 1952. Ce département gère
également les secrétariats du Bureau d’organisation et du Bureau politique, en
un mot, il dirige l’appareil. C’est par son intermédiaire que Staline décide de
la tenue des réunions, alors régulières et fréquentes, du Bureau politique
(toujours élargi à des membres du Comité central et de la commission de
Contrôle, soit une soixantaine de personnes en tout aux réunions ordinaires et
une vingtaine lors des réunions fermées). Il en réduira le nombre deux ans plus
tard, lorsqu’il commencera à reléguer le Bureau politique au second plan, après
l’avoir utilisé pour légaliser son ascension. Les modifications permanentes du
fonctionnement de l’appareil seront, jusqu’à sa mort, l’un des leviers de la
politique de Staline, qui maintiendra ainsi l’appareil tout entier dans un état
d’alerte et de tension permanent. L’instabilité politique des membres de l’appareil,
revers de sa stabilité sociale collective, lui semble garantir sa pérennité personnelle.
Pour faire diversion, Staline engage la chasse aux « spécialistes
bourgeois », économistes, directeurs, ingénieurs et techniciens. Les
défaillances et les ratés multiples de l’industrialisation s’expliquent,
dit-on, par le « sabotage » des ennemis. Cette chasse à l’homme ouvre
aussi des perspectives de carrière à des milliers de cadres plébéiens du Parti,
incompétents, seulement aptes à rédiger des résolutions tonitruantes contre le
danger trotskyste et la déviation droitière, à exiger la réalisation du plan
quinquennal en quatre ans, à donner (ou plutôt brailler) des ordres… Un procès,
qui dure du 1 er au 9 mars 1931, condamne 14 membres d’un
prétendu Bureau menchevik, dont Soukhanov et Groman, à des peines de cinq à dix
ans de prison. L’arbitraire de la terreur de masse allié à l’acharnement contre
les opposants d’hier et d’aujourd’hui ou contre toute personne suspecte de
penser librement visent à empêcher toute jonction entre les résistances de la
base et une opposition, aussi faible fût-elle, dans l’appareil du Parti.
Les conditions de lancement du plan quinquennal décuplent la
pression exercée sur une classe ouvrière qui, de 1928 à 1932, passe de 6 millions
d’individus à 12,5 millions, grâce au recrutement massif de paysans qui
fuient la campagne et à l’embauche systématique des femmes. De 1930 à 1932, le
nombre de femmes employées dans l’industrie minière et dans la métallurgie
double en effet (en gros, de 9 % à 18 %). La propagande officielle
présente cet accroissement comme un signe que les femmes s’émancipent. Elles
sont pourtant bien accablées par des conditions d’existence quotidienne
écrasantes : les jardins d’enfants sont peu nombreux, la réduction de
moitié du réseau des magasins d’alimentation du secteur d’État engendre des
files d’attente gigantesques, le pain, les œufs, le beurre sont rares dans les
villes, introuvables dans les bourgs et les villages, la viande l’est plus
encore, le saucisson et le pain noir, chers aux Soviétiques, présentent souvent
(sauf ceux des dignitaires) un aspect gluant suspect, et il faut se battre pour
s’en procurer… Un institut « scientifique » va néanmoins jusqu’à
prétendre que « les femmes qui travaillent sous la surface [au fond de la
mine] sont moins malades que celles qui travaillent en surface ».
Staline tient à revendiquer la paternité de cette politique.
Dans sa biographie, il ajoute de sa main des lignes sur « le grand mérite
de Staline » qui a, alors, « posé dans toute son ampleur la question
féminine, la question de la situation des
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