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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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communes des baraquements sont utilisées comme logements. Les gens
dorment sur des châlits, souvent sans matelas. Dans ces baraques où s’entassent
des centaines de couples avec leurs enfants et de célibataires, on tâche de s’isoler
du voisin en tendant son linge sur des cordes. Les maisons et les immeubles
sont d’abord affectés aux cadres et aux ouvriers de choc, les futurs
stakhanovistes…
    Au début de 1932, la réduction des normes de rationnement,
jointe à ces conditions de travail et de vie, provoque des explosions de
mécontentement. Au début d’avril, les habitants de Borissov en Biélorussie
prennent d’assaut les dépôts de blé de la ville et défilent en cortège jusqu’à
la caserne. Deux semaines plus tard, les ouvriers du textile de la région d’Ivanovo,
à 250 kilomètres au nord-est de Moscou, débraient, puis se soulèvent, à la
suite d’une nouvelle baisse des normes de rationnement déjà misérables (60 grammes
de pain par jour pour les enfants), et organisent une marche de la faim qui se
heurte à la milice, vite débordée. Les paysans de kolkhozes voisins cessent le
travail. Des militants communistes figurent parmi les organisateurs des grèves,
marches et autres affrontements. Les troupes spéciales et bien payées du
Guépéou écrasent l’émeute.
    Staline, dans une circulaire du Comité central, impute ces
protestations aux « restes contre-révolutionnaires des partis SR et
mencheviks, aux renégats trotskystes et aux anciens membres de l’Opposition
ouvrière […] qui ont tenté d’organiser une vaste offensive contre le Parti et
le pouvoir soviétique 2 ». Dans cette dernière formulation sourd une
certaine inquiétude. Le Kremlin est contraint à une concession verbale. Le 26 mars 1932,
le Comité central affirme son souci que chaque kolkhozien ait sa vache, son
petit bétail, sa volaille. Des décrets des 6 et 10 mai autorisent les
paysans à vendre le surplus de leur production de blé et de viande, une fois
assurées les livraisons à l’État. Il est vrai que, dans la mesure où ce dernier
leur prend tout, la concession reste bien formelle.
    L’année 1932 est marquée par deux événements. Le
premier est public, c’est la loi du 7 août « sur la protection de la
propriété socialiste », destinée à briser la résistance paysanne et à
terroriser la population citadine. Elle prévoit la mort, avec confiscation des
biens de la famille, pour quiconque est convaincu de « pillage (vol) de la
propriété kolkhozienne ou coopérative ». L’autre, resté alors inconnu de
tous, jouera un rôle important dans la répression politique, c’est la « plate-forme
Rioutine ». Nous y reviendrons. Mais 1932, c’est aussi l’année décisive
pour le nazisme en Allemagne. Malgré une perte de 2 millions de voix lors
de la dernière des cinq élections législatives qui la ponctuent, les nazis
accéderont finalement au pouvoir en janvier 1933 – en toute légalité.
Tout au long de l’année, Staline maintient rigoureusement la ligne qu’il a fait
adopter au VI e  congrès de l’Internationale communiste (en
juillet-août 1928) : la social-démocratie, sœur jumelle du fascisme,
est « l’ennemi principal » à abattre. Moscou invite le Parti
communiste allemand à porter tous ses coups contre elle. Le 28 décembre 1931,
l’exécutif du Comintern l’avertit : « Les arbres du nazisme cachent
la forêt de la social-démocratie [655]  »
qu’il faut d’abord abattre. Le 15 août 1932, le propagandiste
international du Comintern, Willi Münzenberg, dénonce « la proposition
fasciste de Trotsky d’une unité du PC et du PS allemands [656]  ». Dans son
discours au Comité central, réuni du 7 au 12 janvier 1933, trois
semaines avant l’arrivée de Hitler au pouvoir, Staline donne de la situation
internationale une analyse rassurante : « Les pays capitalistes sont
gros d’une révolution prolétarienne […]. Les succès du plan quinquennal
mobilisent les forces révolutionnaires de la classe ouvrière de tous les pays
contre le capitalisme [657] . »
Le 30 janvier 1933, Hitler devient chancelier ; son accession au
pouvoir annonce la guerre contre l’Union soviétique. Mais, le 1 er  avril,
le Comité exécutif de l’Internationale communiste, unanime, approuve à Moscou
la ligne que les représentants de Staline ont imposée au Parti communiste
allemand. Cette déroute, dans le pays où les bolcheviks ont

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