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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Comintern, Knorine et
Manouilski. Dimitrov, dont la réputation d’amateur de vodka et de jupons n’est
plus à faire dans les bureaux du Comintern, a surtout un lourd passé politique.
Il a appartenu à la direction du parti socialiste dit tesniak (qui
signifie étroit), devenu parti communiste, qui s’est piteusement distinguée en
1918 puis en 1923 par un sectarisme meurtrier. En 1918, les soldats bulgares,
las de la guerre, se soulevèrent à Radomir ; la monarchie était au bord de
l’effondrement ; or, les « tesniaks » refusèrent de s’allier aux
agrariens (parti paysan) pour un simple désaccord de programme concernant les
petits paysans, contribuant ainsi à sauver la monarchie. En 1923, ils
laissèrent un putsch fasciste écraser, sans bouger d’un pouce, ces mêmes agrariens
parvenus au pouvoir l’année précédente.
    Staline cherche à bâtir une alliance militaire avec les « démocraties »
pour faire face au danger allemand. Mais pour ce faire, il lui faut abandonner
la chasse aux sociaux-démocrates. Il a besoin d’un homme pour effectuer et
symboliser ce tournant sans être critiqué ni désavoué. Dimitrov convient fort
bien : jusqu’à son arrestation, il a certes appliqué, à Berlin où il
dirigeait le Bureau d’Europe centrale du Comintern, la ligne définie
officiellement par les quatre hauts fonctionnaires de l’appareil dirigeant du
Comintern (Piatnitski, Manouilski, Knorine, Kuusinen), sous la direction de
Staline, mais en 1933, quand cette politique stalinienne a révélé sa nature
désastreuse, il était en prison, tandis que le quatuor, calé au fond de ses
bureaux de Moscou, dénonçait à loisir et sans risque les « sociaux-fascistes ».
Libéré après avoir vaincu les nazis à la seule force du verbe, il est le seul
dans le Comintern à apparaître comme un homme neuf ; il ne peut, enfin, qu’être
reconnaissant à celui qui a commandité une campagne internationale en sa faveur
et lui a accordé la citoyenneté soviétique. Reste à donner le sentiment qu’il
est homme à tenir ses positions, et le tour est joué.
    Son Journal montre bien qu’il se trouve dans la situation d’un
élève sermonné par son maître. Pour le dresser, Staline lui donne, en effet,
une leçon de bolchevisme. Pour cela, il utilise un projet de lettre de Dimitrov
aux ouvriers sociaux-démocrates autrichiens, écrasés au canon, en février 1934,
à Vienne, par la démocratie chrétienne. Il le convoque au Kremlin, le 7 avril 1934,
pour en discuter. Dimitrov se demande pourquoi des millions d’ouvriers
européens sont attachés à la social-démocratie. Staline démolit d’abord son
texte qui confond, dit-il, le « soulèvement » des ouvriers viennois
avec une « lutte pour le pouvoir », dont ils étaient bien incapables.
D’ailleurs, les ouvriers européens sont attachés à leur bourgeoisie
colonialiste, gangrenés par le conservatisme et marqués par un profond instinct
grégaire : « Les travailleurs ont peur de perdre les colonies »,
sans lesquelles les pays européens ne peuvent pas vivre, et « sous ce
rapport ils sont prêts à marcher avec leur propre bourgeoisie. Intérieurement,
ils ne sont pas d’accord avec notre politique anti-impérialiste ». Les
masses, enfin, « ont une psychologie grégaire. Les hommes n’agissent qu’à
travers leurs élus, leurs chefs. Quand ils perdent confiance dans leurs chefs,
ils se sentent impuissants et perdus. Ils craignent de perdre leurs chefs et c’est
pourquoi les ouvriers sociaux-démocrates suivent leurs chefs bien qu’ils soient
mécontents d’eux. Ils n’abandonneront leurs chefs que lorsqu’ils en trouveront
d’autres qui soient bons [745]  »,
ce que ne sont apparemment pas encore les dirigeants communistes. Cette litanie
du mot chef, qui revient à chaque ligne, reflète sa conception militaire du
Parti et de son rapport avec les masses ouvrières.
    Ce même jour, Staline adjoint Dimitrov, tout penaud, au
quatuor dirigeant du Comintern ; le 22 avril, il le place à la tête
du bureau d’Europe centrale du Comintern et le nomme au présidium du Comintern,
mais le laisse se débrouiller seul. Il n’a pas de temps à perdre pour le
Comintern. Le 26 mai, il fait voter par le Bureau politique la tenue prochaine
d’un congrès du Comintern et désigner une commission placée sous son contrôle
pour en superviser la préparation politique.
    Le 30 juin, Hitler, pour consolider son alliance avec

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