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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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1978,
quarante-quatre ans plus tard, Marcel Body, ancien secrétaire et amant d’Alexandra
Kollontai, se souviendra, tardivement, de la démarche d’un émissaire de Kirov
auprès de Trotsky pendant l’été 1932, venu proposer à l’exilé de
constituer un bloc contre Staline. Mais Kirov, qui n’assistait en moyenne qu’à
une séance sur quatre du Bureau politique, n’avait ni l’ambition ni l’envergure
d’un « rival » de Staline. Élu Secrétaire du Comité central au
lendemain du XVII e  congrès, il refuse pourtant de venir s’installer
à Moscou, comme l’exige Staline. Lors de la réunion du Secrétariat qui suit le
Comité central postérieur au congrès, Kirov, soutenu par Ordjonikidzé, résiste
encore à la pression de Staline qui, furieux de ce petit défi à son autorité,
sort en claquant la porte. Mais rien n’indique une quelconque opposition de sa
part, mise à part cette réticence à s’installer à Moscou. Certes, il est le
seul membre du Bureau politique à oser prendre la parole devant les ouvriers
dans une usine ; les autres, surtout Staline, craignant cette classe
ouvrière dont ils s’affirment les porte-parole, se limitent aux réunions de
cadres, de stakhanovistes, kolkhoziens et ouvriers de choc enthousiastes et
triés sur le volet. Mais cette audace ne suffit pas à faire de Kirov un
prétendant au trône.
    Staline ne saurait être vraiment satisfait du Comité central
issu du congrès. Certes, il y a fait élire comme suppléants ses secrétaires
personnels Poskrebychev et Tovstoukha, son ancien secrétaire Mekhlis, et, comme
titulaires (qui n’auront donc pas eu à en passer par le stage de suppléant),
Iejov, Beria et Khrouchtchev, symboles des nouveaux cadres soumis à son
pouvoir. Mais la vieille garde stalinienne domine encore très largement le
Comité central. Or, il la soupçonne, loin des applaudissements de rigueur, de
ronchonner, voire de fronder, d’avoir donc deux visages et d’être peu fiable.
Kroupskaia y mêle son grain de sel : en ce début d’année, elle publie un
livre sur Lénine et la culture, dans lequel elle cite une pléiade de noms, dont
celui de Boukharine, mais jamais celui de Staline. La pique, quoique
inoffensive, est désagréable.
    Tous ces vieux cadres ont une détestable habitude :
Staline a beau les déplacer régulièrement de poste en poste pour leur interdire
de constituer des fiefs, ces secrétaires régionaux, membres de la haute
nomenklatura, emmènent à chaque changement leur suite avec eux. Le monolithisme
du pouvoir et la répartition de la pénurie et de ses maigres ressources
engendrent un système de clientèle identique à celui de la Rome antique ou aux
pratiques féodales : pour monter dans l’appareil, pour obtenir un
logement, une place ou un passe-droit, échapper à une sanction, il faut un
patron et un protecteur. Staline n’est d’ailleurs lui-même que le patron ou le protecteur
suprême ; mais ces pratiques dont il est la forme concentrée sont un frein
à son pouvoir absolu. Il se rappelle, et il le rappellera, que les « boyards »,
les seigneurs féodaux russes, se sont dressés contre Ivan le Terrible. Il se
rappelle aussi comment Ivan a brisé leur résistance : sa police politique
spéciale, les opritchniki, les a persécutés, dévalisés, jetés en prison ou
décapités…
    Il n’en dit rien pour l’instant, mais il dénoncera cette
pratique clientéliste lorsque la vague de l’épuration aura emporté la plupart
des coupables. Il liquidera en effet les deux tiers des délégués du XVII e  Congrès
et 98 membres sur 139 du Comité central qui en est issu. Ainsi, au
Comité central de février-mars 1937, il dénoncera le comportement féodal
de Mirzoian et de Vaïnov : « Le premier a traîné avec lui au
Kazakhstan, de l’Azerbaïdjan et de l’Oural où il travaillait précédemment, de
30 à 40 de ses hommes "à lui" qu’il a installés aux postes dirigeants
au Kazakhtan. Le second aussi a traîné avec lui à Iaroslavl, du bassin du
Donetz où il travaillait auparavant, plus d’une dizaine de ses hommes "à
lui" et les a aussi installés aux postes dirigeants. Ainsi donc Mirzoian
comme Vaïnov possède son propre atelier. » Staline dénonce cette pratique,
qu’il juge inacceptable : « En choisissant comme collaborateurs des
hommes qui leur sont personnellement dévoués, ces camarades voulaient,
manifestement, se constituer un climat d’indépendance […] à

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