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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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l’égard du Comité
central. » Si l’on remplace Comité central par Staline, qui parle et
décide en son nom, le message est clair : les clientèles et clans sont des
obstacles à son pouvoir absolu. Or, tous les secrétaires de régions et de
territoires sont des Mirzoian et des Vaïnov : « leurs » gens
risquent d’être plus fidèles à leurs protecteurs immédiats qu’au maître
lointain du Kremlin. Et s’il ne dénonce ces satrapies et les satrapes eux-mêmes
qu’en 1937, il mijote leur liquidation depuis janvier 1934.
    Pour ce faire, il feint de s’effacer quelque peu ; le
procès-verbal des élections fait suivre son nom de la seule mention : « Secrétaire
du Comité central » et non plus « Secrétaire général », comme s’il
réalisait lui-même, dix ans après, la recommandation de Lénine. Dans les années
qui suivent, sa signature est suivie de cette seule et modeste mention.
    Au lendemain du congrès, il cherche aussi à réduire les
tensions intérieures. Le II e  plan quinquennal, mis en œuvre à
dater du 1 er  janvier 1933, est marqué par une réduction du
fardeau des investissements (133,4 milliards de roubles sur cinq ans), qui
retombent en moyenne annuelle à 16,7 % du revenu national (pour une
croissance annuelle du revenu national programmée à 14 %).
    La détente, sensible, semble se poursuivre tout au long de l’année 1934
dans le domaine politique. La terreur se relâche : le Guépéou condamne, en
1934, 79 000 personnes contre 240 000 l’année précédente, soit
trois fois moins. L’un des condamnés du groupe Rioutine, Petrovski, est libéré
par anticipation. Un décret du 10 juillet 1934, enfin, crée un commissariat
du peuple à l’Intérieur (NKVD), dont le Guépéou devient un simple département,
privé du droit de prononcer des condamnations à mort. Les Izvestia commentent avec lyrisme cette mesure, « rendue possible parce que les
ennemis intérieurs ont été écrasés et neutralisés ». Le décret transfère
aussi au NKVD la responsabilité de la milice et des gardes-frontières. Mais un
décret complémentaire du 27 octobre transfère les prisons et les maisons d’arrêt
du commissariat à la Justice au Goulag, qui administre désormais la totalité du
système pénitentiaire et répressif de l’URSS. Au fil des ans, le Goulag va se
ramifier en directions principales chargées de la construction des voies
ferrées, des voies et chaussées, des usines, des barrages, de l’exploitation
des bois et forêts, de l’extraction du charbon, du travail de la terre, etc. En
trois ans, le nombre de détenus sera multiplié par trois (de près de 300 000
au 1 er  janvier 1932 à près de 900 000 au 1 er  janvier 1935).
Par cette concentration de l’ensemble du système pénitentiaire et policier sous
une direction unique, Staline prépare donc la Terreur à venir.
    La police des esprits complète le système. La mise au pas
des écrivains est pourtant présentée sous une forme rassurante. Le congrès de
fondation de l’Union des écrivains soviétiques, en août 1934, semble
dominé par un relatif libéralisme. Gorki, Boukharine, Radek sont les vedettes
de la tribune. Mais l’essentiel n’est pas dans les discours. Le congrès adopte
une conception officielle de l’art soviétique, le « réalisme socialiste »,
qui transforme les écrivains en « ingénieurs des âmes ». L’art,
défini comme une arme, doit servir la politique du Parti, donc être un
instrument de propagande. L’artiste s’attachera à peindre en rose une réalité
qui ne l’est guère et réservera le noir aux résidus du passé, aux ennemis de
classe et aux traîtres. Les véritables écrivains, Olecha, Babel, Pilniak,
étouffés par ces exigences, vont se taire ; Boulgakov écrit pour son
tiroir, Pasternak traduit des poètes anglais. Staline a confié la direction des
opérations à Jdanov, qui lui adresse des rapports enthousiastes : tout
marche à merveille, les écrivains sont ravis. Les agents du NKVD, qui
quadrillent la salle et les couloirs, l’informent des réactions privées,
sarcastiques, critiques, voire hostiles de nombre d’écrivains. Novikov-Priboï
dénonce l’imminence de « la bureaucratisation complète de la littérature » ;
Babel compare le congrès à une « parade tsariste ». Semeiko
soupire : « Une bonne moitié de l’assistance […] désirerait
passionnément énumérer en hurlant la masse des

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