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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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cosignataire de Jdanov, cet homme
nouveau, étranger à la génération de la révolution, confirme le sens de l’opération.
    Le lendemain, le Bureau politique remplace Iagoda, nommé
commissaire à la Poste, par Iejov. Boukharine s’en réjouit, car il voit en lui « un
homme honnête et sincèrement dévoué au Parti [et qui] bien que peu cultivé,
avait une bonne nature et la conscience pure [828]  ».
Iejov, avec son apparence timide, son sourire puéril, sa voix rauque et voilée,
ses mains modestement nouées derrière son dos, tel un bon élève, sa taille d’adolescent
(1,54 m) avait une mine plus rassurante que ce Iagoda au visage de renard.
Mais, prêt à faire tout ce que Staline lui demanderait, il ne se posait et ne
poserait pas de questions. Staline appréciait sa soumission servile, sa
docilité de chien et sa ponctualité. Iagoda avait parfois grogné ; Iejov,
lui, serait le rabatteur parfait. Kaganovitch commente ainsi sa nomination dans
une lettre à Ordjonikidzé du 30 septembre : « C’est une décision
sage, remarquable, de notre géniteur [sic !] [829]  » Staline…
L’avertissement à Ordjonikidzé est clair : c’est une décision personnelle
de celui à qui ils doivent tous leur carrière. Pas question de renâcler.
    Staline peut agir ainsi dans l’ombre d’un homme qui n’est
que sa projection caricaturale. Iejov expliquera en février 1937 sa
promotion en affirmant : « Le bruit courait alors que les
trotskystes, les droitiers et les zinoviévistes s’étaient unis pour mener une
lutte active commune. » Staline l’a donc nommé pour transformer en complot
terroriste, lié aux services secrets étrangers, le bloc des opposants de 1932,
démantelé depuis longtemps. Il épure d’emblée l’appareil central du NKVD :
sur ses 699 membres au début de novembre 1936, il en arrête 238 –
dont 107 sur les 329 de la Sécurité… [830]
    Le 29 septembre, Staline fait adopter par le Bureau
politique, par simple consultation écrite une fois de plus, une résolution
rédigée par Kaganovitch annonçant un nouveau renforcement de la Terreur, puisqu’elle
assimile toute opposition, voire toute opinion vaguement critique, à une
activité criminelle : « Jusqu’alors, le Comité central considérait
les fripouilles trotsko-zinoviévistes comme le détachement politique et
organisationnel d’avant-garde de la bourgeoisie internationale. Les derniers
faits montrent que ces individus ont roulé encore plus bas et qu’il faut
désormais les considérer comme des agents de renseignements, des espions, des
saboteurs et des terroristes au service de la bourgeoisie fasciste en Europe [831] . » Staline
lit et annote minutieusement tous les procès-verbaux d’interrogatoires qui lui
sont envoyés en urgence à Sotchi. Solkolnikov avouant, par exemple, avoir
discuté avec un journaliste anglais, Talbot, Staline voit dans ce dernier un
agent de l’Intelligence Service et note : « Sokolnikov a, bien
entendu, donné à Talbot des renseignements sur l’URSS, sur le Comité central,
sur le Bureau politique, sur le Guépéou, sur tout. Sokolnikov est donc un
informateur (agent-espion) des services de renseignements anglais [832] . » Et il
adresse ce procès-verbal, annoté de sa main, à tous les membres du Comité
central. Le 7 octobre, Iejov adresse à Staline celui de l’interrogatoire
de l’ancien secrétaire de Tomski, affirmant que les « droitiers »
avaient préparé un attentat contre sa personne lors de la commémoration
solennelle de la Révolution, le 6 novembre, au Bolchoï. Entre septembre 1936
et février 1937, Staline reçoit et épluche ainsi une soixantaine de
procès-verbaux d’interrogatoires de « droitiers », débordant d’aveux
invraisemblables, qu’il retouche, corrige et enrichit à son gré. Certains d’entre
eux résisteront longtemps et tenteront parfois de se suicider. Les gardes
desserreront ainsi de justesse le nœud coulant que Rioutine avait passé autour
de sa gorge.
    Staline plonge les vieux bolcheviks ralliés, encore en
liberté, dans une peur panique permanente. En octobre, Rykov reçoit une
invitation à une cérémonie au Bolchoï. Prêt à partir, il ne la retrouve pas et
s’affole. « Désormais mon absence va être interprétée comme un acte
démonstratif, on va en faire une affaire d’État et m’accuser de n’importe quoi [833] . » Sa femme
et sa fille retournent tout l’appartement et retrouvent enfin

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