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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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dans son bureau près du téléphone, attend en vain l’appel de
son bienfaiteur. Informé à Sotchi de tout ce qui se passe au Kremlin, Staline
doit savourer ce supplice du silence.
    La référence critique à son vieil ami Ordjonikidzé n’est pas
fortuite. Profitant du repos de Staline à Sotchi, le commissaire à l’Industrie
lourde tente de se mettre en travers du déchaînement de la répression. Il fait
adopter par le Bureau politique du 31 août une décision concernant deux
directeurs d’usines dépendant de son ministère, Tabakov et Vesnik, exclus du
Parti pour liaison avec les trotskystes. Il fait ensuite réviser leur affaire
par Iejov, puis part en congé. Staline décide alors de tordre le cou à
Ordjonikidzé avant de liquider les inoffensifs « droitiers ». Le 10 septembre,
le parquet annonce que l’instruction concernant Boukharine et Rykov est
suspendue, ce qui leur redonne l’espoir, vain, d’une véritable enquête. Ce
jour-là, en revanche, Piatakov, l’adjoint d’Ordjonikidzé, est exclu du Comité
central par consultation écrite individuelle de ses membres et arrêté le
lendemain soir. Ordjonikidzé, en vacances à Kislovodsk, comprend tout de suite
ce que signifie l’arrestation de l’homme qu’il a si longtemps protégé ; il
descend quelques jours plus tard voir Staline à Sotchi. On ignore ce qu’ils se
disent, mais le résultat est brutal.
    Le procès de Moscou et la campagne hystérique qui l’a suivi
n’ont pas atténué le mécontentement de la population, que les discussions
publiques organisées sur le projet de Constitution révèlent. Un rapport du NKVD
de Voronej, du 14 octobre 1936, relève des déclarations éclairantes
de gens du peuple : « Zinoviev et Kamenev étaient respectés dans le
peuple ; en cas de vote secret on les aurait élus au gouvernement, et c’est
pour ne pas risquer cela que le pouvoir les a fusillés. Maintenant, les
élections seront à bulletin secret et nous pourrons voter pour des gens à nous
et pas pour les communistes. L’écrasante majorité de la population ne votera
pas pour les communistes et le pouvoir changera. » Une paysanne demande
que l’on change l’article « Qui ne travaille pas ne mange pas » par « Qui
travaille doit manger ». Un autre regrette « qu’on ait fusillé les
zinoviévistes. En cas de nouvelles élections on aurait voté pour eux ».
Par « zinoviévistes », les paysans entendent les opposants en
général. Des kolkhoziens exigent la suppression des livraisons obligatoires de
pain, de viande et de lait au gouvernement [825] .
Un étudiant affirme : « Chez nous, en URSS, il n’y a pas et il n’y
aura pas de démocratie, tout se fait et se fera comme le dictateur Staline l’impose.
On ne nous donnera ni la liberté de parler ni la liberté de la presse [826] . »
    Staline, déjà insatisfait des lacunes, à ses yeux suspectes,
du premier procès, recensées et dénoncées par le fils de Trotsky, Sedov, s’attache
à supprimer toute forme de résistance, même molle, lors de la purge géante qu’il
prépare déjà. Il veut se soumettre totalement le NKVD, se débarrasser d’un
Iagoda usé, qui en sait trop et renâcle vaguement. Au début du mois, Iagoda a
pourtant manifesté son zèle en adressant à Staline le procès-verbal de l’interrogatoire
de deux anciens partisans de Boukharine. Les deux hommes y dénoncent « l’activité
terroriste de l’organisation contre-révolutionnaire des droitiers »… à
laquelle Staline bientôt intégrera Iagoda lui-même. Car ce zèle ne sauve pas le
policier en chef. Le 25 septembre 1936, de Sotchi, Staline et Jdanov
télégraphient au Bureau politique : « Nous estimons absolument
nécessaire et urgent que le camarade Iejov soit désigné au poste de commissaire
du peuple à l’Intérieur. Iagoda ne s’est manifestement pas montré à la hauteur de
sa tâche pour démasquer le bloc trotskyste-zinoviéviste. Le Guépéou a quatre
ans de retard dans cette affaire [827] . »
Ces quatre années renvoient à 1932, lorsque d’anciens opposants repentis
avaient repris leurs activités antistaliniennes, constitué des groupes,
clandestins par nécessité, et tenté de s’unir face au Secrétaire général. Ce
sont aussi les quatre années consacrées par Staline à la préparation politique
d’une épuration massive et sanglante dont il avait alors ressenti la nécessité
sans en prévoir l’urgence. Le choix comme

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