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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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correspondant à leur
qualification, l’attribution d’une « ration politique » spéciale,
leur logement collectif dans des baraquements distincts ! Staline ne
saurait supporter longtemps ces exigences d’opposants qui n’ont pas désarmé.
    Le premier procès de Moscou s’ouvre le 19 août :
la foudre s’abat sur Boukharine en vacances au Pamir, et sur Trotsky, réfugié
en Norvège. Elle frappe notamment onze anciens dirigeants du Parti, dont
Zinoviev, Kamenev, Ivan Smirnov, Mratchkovski, flanqués de cinq anciens
militants du Parti communiste allemand, émigrés en URSS, dont trois sont juifs
(les deux frères Lourié et Olberg) comme les deux principaux accusés, Zinoviev
et Kamenev, et trois autres : Reingoltz, Holtzmann et Pikel. La moitié des
accusés et la majorité des communistes allemands sont juifs. C’est un clin d’œil
appuyé à Hitler : il n’y a pas qu’à Berlin qu’on traque les communistes
juifs.
    L’acte d’accusation affirme que les seize inculpés ont
constitué un « centre trotskyste-zinoviéviste », assassiné Kirov, « prémédité »
des attentats contre Staline, Vorochilov, Jdanov, Kaganovitch, Ordjonikidzé,
Kossior et Postychev, et travaillé avec la Gestapo. Staline, le régisseur
invisible et lointain de ce spectacle macabre, parle par la voix glapissante du
procureur Vychinski. Il fait dire à Zinoviev : « Le trotskysme est
une variété du fascisme [817] . »
Les seize « avouent ». À Weksal, en déchiffrant, le dictionnaire
norvégien-russe à la main, les comptes rendus du procès, Trotsky a le sentiment
de suivre un débat dans un asile d’aliénés. Vychinski traite les accusés de « roquets,
misérables pygmées, chiens enragés », et requiert la mort contre « ces
aventuriers qui ont essayé de piétiner de leurs pieds boueux les fleurs les
plus odorantes de notre jardin socialiste [818]  ».
Quelques jours avant le procès, Staline a rétabli le droit de grâce, supprimé
le 1 er  décembre 1934, pour mieux le refuser aux condamnés.
La sœur de Lénine, Maria, et sa veuve, Kroupskaia, intercèdent en leur faveur
auprès de Staline, qui les chasse en hurlant : « Savez-vous qui vous
défendez ? Vous défendez des assassins [819]  ! »
Les deux femmes, terrorisées, vacillantes, ressortent soutenues par deux
gardes. Les condamnés sont exécutés dans l’heure qui suit le verdict. La Pravda commente le 25 août : « Depuis que c’est fait, on respire mieux. »
Est-ce alors que Staline souligne, dans une Histoire de la Russie, la
phrase de Gengis Khan : « La mort des vaincus est indispensable aux
conquérants » ? Il n’a pas daté cette remarque…
    Ce procès, reposant sur les seuls aveux des accusés, truffé
d’invraisemblances et de faux patents, prépare ouvertement les prochains.
Staline a fait citer comme complices par les accusés eux-mêmes :
Boukharine, Rykov, Tomski, Radek, Toukhatchevski contre qui, dès le 21 août,
le parquet annonce l’ouverture d’une enquête. Tomski l’apprend le lendemain, en
ouvrant la Pravda. Il se tire une balle dans la bouche, sans doute pour
éviter l’humiliation des aveux truqués. La terreur stalinienne a tellement miné
ses victimes que, apprenant la mort de son vieil ami, Rykov murmure devant sa
femme et sa fille : « Le crétin. Il nous a entachés [820] . »
    Boukharine prend le premier avion pour Moscou et se rue chez
Staline. La garde lui répond : « Iossif Vissarionovitch est à Sotchi [821] . » N’ayant
pas compris que Kamenev a prononcé son nom sur ordre de Staline, il écrit, le 27 août,
une longue lettre hystérique aux membres du Bureau politique, dans laquelle il
démontre son innocence, crache sur la « canaille Kamenev [822]  », dont il
dénonce les mensonges, et demande à être enrôlé comme simple soldat dans l’armée
pour la guerre qui s’annonce. Quatre jours plus tard, il se traîne aux genoux
de Vorochilov : « Je suis terriblement content qu’on ait fusillé ces
chiens [823] . »
Vorochilov l’envoie promener. Boukharine lui adresse alors une seconde lettre.
Vorochilov transmet copie des deux textes et de sa réponse laconique à Staline,
qui le félicite. « Si Sergo [Ordjonikidzé] avait aussi bien rivé son clou
à Lominadzé qui lui avait envoyé des lettres encore plus diffamatoires contre
le Comité central, Lominadzé serait encore en vie et peut-être en serait-il
sorti un homme [824] . »
Boukharine, planté

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