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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Kalinina condamnée à quinze ans de camp. Peu après
ces éliminations, un universitaire demande au chef nominal de l’État de faire
libérer sa femme du camp. Kalinine lui répond : « Mais, mon cher, je
suis exactement dans la même situation. Je n’ai rien pu faire pour ma propre
femme, il m’est impossible d’aider la vôtre [940] . »
    La terreur permanente démoralise et affaiblit l’entourage de
Staline, disloque l’appareil et désorganise complètement le pays, alors que
chacun sent la guerre venir. Staline doit donc la réguler. À cette fin, il
prépare l’élimination de Iejov. En mars 1938, Vychinski, son pion docile,
interroge sèchement Iejov par lettre sur « les mauvaises conditions de
détention des détenus des camps de travail de la région d’Extrême-Orient »,
le Bamlag et le Dalstroï, et sur l’épidémie de typhus qui les ravage.
    Début mai Cholokhov, dont le flair politique nourrit
peut-être le courage, réel, accuse, dans une lettre à Staline, les dirigeants
du NKVD de Rostov d’avoir jeté en prison des centaines d’innocents, de torturer
les accusés pour leur faire avouer des crimes imaginaires et de préparer un
dossier contre lui. Il exige la libération des innocents emprisonnés et des
poursuites contre ces responsables du NKVD de Rostov. Il monte à Moscou, dépose
sa lettre à Staline au bureau du Comité central, s’installe à l’hôtel, et
attend. Une commission d’enquête, dirigée par Chkiriatov, justifie l’activité
des agents de Iejov et rejette ses accusations. Une semaine passe. Un soir où
Cholokhov s’enivre avec son ami, l’écrivain Alexandre Fadeiev, Poskrebychev le
convoque en urgence au Kremlin, le dessoûle en le jetant sous une douche et le
pousse dans une grande pièce, où Cholokhov aperçoit des généraux, Iejov, deux
membres de son bureau territorial, et, derrière la barre horizontale de la
table en T, tout le Bureau politique moins le Secrétaire général. « Où est
le moustachu ? » se demande Cholokhov. Il l’entend, se retourne et l’aperçoit
derrière lui, arpentant la pièce d’un pas lourd, étouffé par le tapis, sa pipe
dans la main. Un général affirme avoir découvert un complot de cosaques du Don
désireux de constituer une République cosaque autonome présidée par Cholokhov.
Soudain Staline profère à voix basse : « Il paraît que vous buvez
beaucoup, camarade Cholokhov. » « Avec cette vie, il ne reste qu’à se
soûler, camarade Staline », répond l’écrivain. Staline s’assied, renvoie
Cholokhov, rejette le complot cosaque ficelé par Iejov et décide : « Il
faut créer de bonnes conditions de travail au grand écrivain russe Cholokhov [941] . » Ce
désaveu de Iejov est destiné à être connu.
    En juillet, Staline flanque Iejov de Beria qui devient son
adjoint. Iejov, jouant les libéraux, propose au présidium du Soviet suprême, le
25 août 1938, de libérer avant terme les détenus qui se sont
distingués dans la construction de la route Karymskaia-Khabarovsk. Staline
refuse cette libération, dont il reconnaît la nécessité mais qu’il juge néfaste
économiquement, et ruineuse pour le travail des camps. Une fois libérés, ces
gens, de retour chez eux, « vont encore s’aboucher avec des bandits […]
alors qu’au camp il est difficile de se gâter ». Il propose de leur
accorder décorations et primes, d’annuler leur peine et de les contraindre à
rester sur place en faisant venir leur famille et en les maintenant au camp
comme travailleurs libres. Il conclut avec un cynisme satisfait : « On
disait déjà : chez nous il y a l’emprunt volontaire-obligatoire, là il y
aurait le séjour volontaire-obligatoire [942] . »
    Staline parachève alors la liquidation de la direction des
Jeunesses communistes. Il utilise une lettre d’une dénonciatrice maniaque,
Michakova : adressée en octobre 1937 au congrès de Tchouvachie, elle
n’y a vu que des ennemis du peuple… et un chef du NKVD complice. Kossarev met
cette dénonciatrice passionnée sur la touche ; elle demande à Staline de
vérifier pourquoi ses « signaux » n’ont débouché sur aucune mesure et
qui a fait en sorte que, un an après, les ennemis du peuple de Tchouvachie ne
soient toujours pas démasqués. Le NKVD arrête aussitôt les dirigeants du Parti,
des Jeunesses et du NKVD de Tchouvachie. Staline convoque un comité central des
Jeunesses communistes du 19 au 23 novembre 1938. Dès

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