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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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1938 a paru le Précis d’histoire du PC (b) de l’URSS, rédigé
par Staline. » La commission du Comité central a disparu. Il sera envoyé
par palettes entières dans les démocraties populaires, mais également en Corée
du Nord et en Chine. En 1953, l’attaché commercial soviétique à Pyongyang s’apercevra
avec stupeur que les tomes du Précis en coréen remplacent le bambou
traditionnel et servent à monter des murs, fragiles, mais durables, dans les
cahutes que les habitants reconstruisent après les bombardements américains…
    Staline a minutieusement relu et corrigé le projet, qui lui
a été remis par une commission de trois membres travaillant sur ses
instructions directes. L’un des trois, Knorine, a été, peu avant, arrêté comme
ennemi du peuple et sera bientôt fusillé. Il en a défini l’orientation :
aux côtés de Lénine, Staline est, dès sa fondation, le chef du parti bolchevik
dont l’existence est marquée par une série de luttes internes pour éliminer
successivement toutes les oppositions et déviations assimilées à des trahisons
pures et simples, qui n’empêchent pas le Parti de mener les masses de succès en
succès. Staline en définit aussi la périodisation, qui se conclut par « l’achèvement
de l’édification de la société socialiste » (1934-1938). Boris Ponomarev
dira plus tard que « le proclamé y est présenté comme réalisé ».
Après avoir dénoncé une armée de saboteurs acharnés à entraver la réalisation
des objectifs, le Précis présente en effet ces derniers comme réalisés.
Chaque chapitre est suivi d’un résumé de vingt à trente lignes qui simplifie
encore l’exposé schématique et peut être appris par cœur.
    Staline craint pourtant que le contenu de ce manuel ne
suscite discussions, débats et questions indiscrètes. Ainsi, fin septembre, il
organise un séminaire à propos de sa diffusion. Il interrompt souvent les
orateurs et demande à l’un d’eux si, dans les cercles de formation, « on
discute de questions, on polémique […] s’il arrive que quelqu’un défende telle
position et qu’un autre en défende une différente. » On appellerait cela
une discussion. Eh oui, des participants posent des questions qui suscitent des
discussions ! Staline s’inquiète alors : « On ne voit pas
apparaître des trotskystes à cette occasion ? » Le trotskysme ici n’est
que le synonyme d’interrogation ou d’esprit critique. Staline affirme donc son
hostilité aux cercles de discussion autour de l’histoire du Parti. Ils étaient
utiles quand les bolcheviks étaient dans l’opposition ; ils sont dépassés
maintenant que ceux-ci détiennent le pouvoir et la presse. On y trouve « beaucoup
de traits locaux, personnels, individuels ». Et l’individuel c’est la
réflexion, donc la déviation. Il faut remplacer ces cercles, incontrôlables d’en
haut, par « une formation unifiée à travers la presse », soumise à
une censure vigilante. Le propagandiste comprend alors et conclut que l’élimination
des cercles « permettra de faire régner l’ordre [944]  ». Le
débat, c’est le désordre. Staline acquiesce, enfin satisfait.
    Le Précis est un catéchisme et doit être ânonné et rabâché
comme tel. Il doit former la vision historique d’une nouvelle génération pour
qui Octobre 1917 relève déjà du mythe. On peut juger de cette vision par l’intitulé
d’un sous-chapitre consacré aux années 1930-1934 : « Les
boukhariniens dégénèrent en politiciens à double face. Les trotskistes à double
face dégénèrent en une bande de gardes blancs, assassins et espions [945]  ». Staline
fait adopter par le Comité central du 14 novembre 1938 une résolution
sur la diffusion et l’utilisation du Précis, qui répond à la nécessité
de fournir une « interprétation officielle […] des questions fondamentales
de l’histoire du Parti communiste russe et du marxisme-léninisme. L’édition du
Précis […] met fin à l’arbitraire et au désordre dans l’exposé de l’histoire du
Parti, à l’abondance de points de vue divers et d’interprétations arbitraires […]
qui avaient cours dans les manuels antérieurs d’histoire du Parti [946]  », retirés
de la circulation. Le Précis parachève ainsi une tentative de mainmise
idéologique totalitaire sur la société.
    L’ouvrage est la bible de la nouvelle aristocratie. Au
Comité central de janvier 1938, Kaganovitch affirme

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