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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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n’a pas été brillant. Est-ce
pour cela que Staline monte une campagne contre lui ? Sa femme, Paulina
Jemtchoujina, a été l’amie intime de Nadejda Alliluieva. Staline, malgré les
réticences de Molotov, l’avait fait nommer commissaire à la Pêche. Elle était l’unique
femme commissaire du peuple. Le 10 août 1939, le Bureau politique,
dans une résolution dictée par Staline et rendue publique, l’accuse d’avoir « fait
preuve d’irréflexion et de légèreté dans le choix de ses fréquentations, ce qui
avait permis l’apparition dans son entourage de bon nombre d’espions hostiles [ sic ! ]
dont elle avait ainsi involontairement facilité l’activité d’espionnage ».
Il ordonne « une vérification minutieuse de tous les documents la
concernant » et la « mise en œuvre progressive [964]  » de son
limogeage. Le NKVD l’accuse bientôt de sabotage et d’espionnage. Le Bureau
politique examine son dossier le 24 octobre 1939. Sa résolution,
rédigée de la main de Staline, écarte comme « calomnieuses » ces
dernières accusations (qu’il a lui-même sollicitées), mais la démet de ses
fonctions pour « insouciance et légèreté ». Un mois plus tard, on la
nomme chef de la Direction principale de l’industrie textile et de la mercerie.
L’année suivante, Staline la fera exclure du Comité central. Le dossier
fabriqué par le NKVD est toujours suspendu au-dessus de sa tête. Il s’abattra
sur le couple, dix ans plus tard. Molotov, malgré sa dévotion à son maître, se
demande si « des sentiments antisémites ont peut-être joué en l’occurrence [965]  ». Mais
Staline voulait surtout par là avoir barre sur Molotov lui-même. Et il y est
parvenu.
    La majorité des membres de son entourage avaient des
conjoints juifs : outre Molotov, Vorochilov avait épousé Golda Gorbman,
Andreiev Dora Khazan, son secrétaire personnel Poskrebychev Bronislava
Solomonovna, son fils Jacob, en deuxièmes noces, Ioulia Meltzer, Kirov Maria
Markus ; son fils cadet Vassili épousera bientôt Galina Bourdonskaia, sa
fille Svetlana aura comme premier flirt Alexis Kapler, et comme premier mari
Grigori Morozov. Cette fréquence irrite Staline qui, au lendemain de la guerre,
y verra une entreprise d’encerclement sioniste.

CHAPITRE XXIII
L’an I de la nomenklatura
    La purge n’a pas seulement ouvert la voie à une nouvelle
génération politique, elle a accompagné et amplifié, du haut en bas de la
société, les bouleversements engendrés par l’industrialisation et la
collectivisation. À cet égard, rien n’est plus éclairant sur sa nature que la
manière dont elle a frappé l’intelligentsia. Les écrivains et les intellectuels
qui ont sympathisé avec la révolution d’Octobre sont impitoyablement éliminés :
Babel, Pilniak, Averbakh, la majorité des « écrivains prolétariens »,
Meyerhold, Mikhail Koltsov, le publiciste du régime, l’ancien menchevik rallié
dès 1920, parmi des centaines de noms. À quelques exceptions près, les autres
sont épargnés, quoique souvent réduits au silence ou au demi-silence
(Boulgakov, Akhmatova, Prichvine, Kouprine, que le Guépéou réussit à faire
revenir en URSS en 1937 !). Le comte Alexis Tolstoï, qui demande une villa
de onze pièces, en reçoit une… de neuf.
    Le cas de Vernadski est particulièrement significatif. Ce
savant manifeste une indépendance de comportement étonnante en pleine Terreur :
il multiplie les lettres à Molotov, Vychinski, Iejov et Staline pour défendre
ses amis, parfois avec succès, proteste – là aussi finalement avec succès –
auprès du directeur du Glavlit, organisme de la censure, contre le découpage de
pages dans la revue anglaise Nature et le blocage des revues
scientifiques étrangères, et réussit même à esquiver la signature d’une
pétition exigeant la peine de mort pour les condamnés du troisième procès de
Moscou ! Son journal intime, qu’il ne craint pas de continuer à tenir à l’heure
même où l’écrivain Prichvine brûle les lettres jadis reçues de Boukharine, est
parsemé de notations critiques : « Le Parti est gangrené, mais le
pays tient, même à leur insu, par la conscience des masses. » Un peu plus
tard, il note : « Le Guépéou et le Parti ont exterminé leur
intelligentsia, les gens qui avaient fait la révolution », ou encore :
« Les millions de détenus forment une main-d’œuvre gratuite, qui joue un
rôle énorme, très

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